LA CORRECTION

Je ne voulais pas aller à l'école. J'avais fait le cours préparatoire jusqu'au bout. Ma maîtresse du cours préparatoire avait été très bien mais je n'étais absolument pas prête à m'engager dans une nouvelle année à l'école et si je faisais cette nouvelle rentrée scolaire, c'est exclusivement parce que j'y étais contrainte.

Alors, tout naturellement, à la question : « pourquoi on vient à l'école », j'ai répondu :
« Parce que c'est obligé. »

La maîtresse aurait pu en parler avec moi, me donner des raisons d'adulte pour justifier de cette obligation. J'étais tout à fait ouverte à la discussion, la preuve : moi, la première, j'ai levé la main dans cette nouvelle salle de classe, alors que la maîtresse venait de nous appeler à la réflexion.

À la place, elle m'a rabrouée, rabaissée comme si je venais de dire la pire des âneries. Passons !

D'autres élèves se sont hasardées à lever la main pour présenter à la maîtresse des réponses plus nuancées : on aime bien l'école, on n'aime pas toujours très bien mais on en espère ci, on voudrait y apprendre ça…

Ça m'interpelait quelque part. Retourner à l'école pour acquérir de nouvelles connaissances ? Certainement, l'idée était alléchante mais pas tout de suite. Je n'avais pas encore digéré tout ce dont j'avais été gavée au cours préparatoire. Je voulais bien, éventuellement, retourner à l'école plus tard ; je voulais bien élaborer un futur projet d'école mais, dans l'immédiat, j'avais besoin de temps pour me reconstruire et faire miennes les connaissances que j'avais reçues au cours préparatoire. Sans cela, apprendre ne présente aucune utilité et c'est la raison majeure pour laquelle je n'acceptais pas cette nouvelle année d'école. Je savais que je ne pouvais qu'y perdre un temps précieux que j'avais à cœur de consacrer à des choses importantes.

Rien à faire ! la maîtresse a réfuté négligemment comme de mièvres réponses toutes celles qui lui ont été présentées pour ensuite porter aux nues celle qui récita :
« On vient à l'école pour préparer notre avenir ? »

Quelle brillante élève que celle qui, au lieu de répondre avec franchise, a préféré biaiser en répétant, sans l'enrichir le moins du monde de sa pensée personnelle, un truc qu'elle avait entendu dire ! C'était une réponse de maîtresse, ça. Il fallait la laisser à la maîtresse et chercher des arguments qui nous étaient propres. C'est ça, réfléchir.

Enfin bref…

Mon avenir, c'était mon instinct de survie, ma responsabilité. Mon avenir, c'était mon jeu de construction à moi. Il restait à la maison. Jamais je ne l'aurais apporté à l'école, de peur qu'on me l'abîmât.

Quant à l'avenir de l'école, c'est sa responsabilité, pas la mienne. Qu'elle reçoive, selon toute justice, le bien et le mal qu'elle répand ! Je n'avais pas, envers elle, le devoir de venir y perdre mon temps au nom de son avenir. Mon devoir était de m'enfermer dans ma chambre, y faire grandir dans le bonheur et la tranquillité le germe de connaissance qu'elle venait de me transmettre, de sorte à lui en offrir le fruit le jour où il serait mûr.

En conséquence de quoi « on vient à l'école pour préparer son avenir » est une réponse fausse dans les deux sens proposés et mérite un zéro.

Qu'on en prenne son parti ou non, c'est parce qu'on y est obligé qu'on va à l'école. En plus, c'est très courageux de regarder cette vérité en face au lieu de faire la politique de l'autruche, quand on a sept ans et qu'on a le moral détruit par le fait qu'on se retrouve enfermé dans une nouvelle classe dans laquelle on se sait condamné à devoir rester assis sans bouger ni parler pour une durée équivalente au septième de l'âge qu'on a atteint. La maîtresse me doit des excuses pour m'avoir rabaissée au lieu de me féliciter. J'ai répondu avec justesse.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie : LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 15 : Mon choix
section 6 sur 26


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