loi, ni d'une nouvelle taxe. Elle dépend de la réduction de l'empreinte carbone des actifs existants de notre système. Elle suppose d'isoler les bâtiments, de rendre plus efficaces nos usines, de multiplier le nombre de voitures électriques en circulation et d'accroître la capacité installée d'énergies renouvelables. Mais il faut faire cette transformation à grande échelle : l'Agence internationale de l'énergie (AIE) estime que 4000 milliards d'euros d'investissements annuels permettront de diviser par deux nos émissions d'ici à 2030. Selon le Fonds monétaire international (FMI), qui ajoute les besoins d'adaptation de nos infrastructures pour qu'elles soient plus résilientes aux catastrophes météorologiques irrémédiables, il faudra de 6000 à 10 000 milliards d'euros d'investissements par an.

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Pour financer les besoins estimés par l'AIE, il faudrait donc orienter chaque année 3% du stock d'épargne mondiale de 110 000 milliards d'euros (qui atteindra plus de 140 000 milliards d'euros d'ici à 2025) vers une économie moins émettrice. En renforçant le bilan des entreprises qui réduisent l'empreinte carbone des autres. En finançant les entreprises qui font l'effort de réduire leurs émissions. On pense souvent que la transition devra être financée à coups de taxes, de subventions et de dettes d'Etat, or 70% des investissements viendront d'acteurs privés. La finance institutionnelle est la clef de voûte de ces transformations incontournables. Bien plus que la politique ou l'écologie.

La finance est un moteur de la sortie de crise. Elle a la force de frappe pour préserver la valeur des actifs. Encore faut-il qu'elle oriente sa stratégie vers la réponse à l'urgence climatique ces dix prochaines années. Tout en favorisant des investissements générateurs de valeur à court terme, à moyen terme et à long terme. A titre de comparaison, le Green Deal européen, ce sont 1000 milliards d'euros d'investissement à horizon 2030 ; en France, la partie destinée à la transition écologique du plan France relance est de 30 milliards d'euros !

Climat et croissance

La décarbonation et l'adaptation de l'économie constituent le vecteur structurel de croissance le plus important des dix prochaines années. Ce segment à lui seul représente de 6 à 10% du PIB mondial à venir, selon le FMI, et plus de 30 millions d'emplois à créer. Le Giec nous alarme depuis trente ans avec raison, l'AIE a tracé la voie des investissements nécessaires à la décarbonation de l'économie, les gouvernements ont mis en place les subventions et les régulations permettant le début de la transition.

Aujourd'hui, c'est à l'économie de faire sa part. De leur côté, les entreprises doivent être les relais militants de la transformation factuelle de ces objectifs en termes de réduction des émissions. Quant à la finance, avec les gestionnaires d'actifs en fer de lance, elle doit être le pivot de la transformation de l'épargne en financement d'une économie décarbonée. La direction est connue et l'objectif est précis : diviser par deux nos émissions en trois mille jours.

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