Le #dieselgate

https://roulemafrite31.fr/2020/07/15/dieselgate/

[...] Si l’affaire éclate aux États-Unis en 2015, pour la comprendre il faut revenir en Europe au début des années 2000.
A l’époque, Audi (groupe Volkswagen) développe les premiers moteurs diesels à injection directe. Parallèlement, la marque développe une série de véhicules diesels haut-de-gamme. Or, les moteurs diesels mono-injection vibrent beaucoup plus que les moteurs essences et le cahier des charges de ces luxueuses berlines ne le tolère pas. Les ingénieurs allemands finissent par trouver une solution à ce problème de vibration : la post-injection, c’est à dire grossièrement, au lieu d’une seule injection dans le cylindre causant une explosion trop vibratoire, on procède à de multiple petites injections dans le cylindre avant l’explosion ce qui réduit fortement les vibrations. Problème : la multiplication des injections multiplie d’autant les émissions de polluants et la voiture ne passait alors plus aucun test d’homologation. C’est alors que les ingénieurs d’Audi trouvèrent à nouveau une « solution » qui fera date : ils dotent l’ordinateur de bord de deux programmes, un programme pour la conduite réelle et un programme pour l’homologation.

Le banc d’homologation est le tapis roulant sur lequel les véhicules sont testés : parfaitement à l’horizontale, seules les roues motrices sont entraînées par le tapis et le volant est à midi pile ... C’est à dire un ensemble de conditions que ne rencontre jamais un véhicule dans la vie courante. L’ordinateur est donc programmé pour reconnaître les situations de banc d’essai et il déclenche alors la mono-injection, moins polluante et plus vibrante : la voiture passe ainsi le test d’homologation et entre sur le marché. Une fois entre les mains de son heureux (puisque riche) propriétaire, il suffira que ce dernier tourne le volant pour que la voiture se reprogramme en post-injection tellement plus confortable pour la conduite de notre délicat cadre de l’industrie de la chimie.
Le crime originel du trucage systématisé des moteurs diesels venait d’être commis, au profit du confort de quelques conducteurs.

Retour au États-Unis [...] Malgré les filtres à particules et les systèmes de traitements des NOx, les constructeurs peinent à passer les tests plus stricts outre-Atlantique. Sous pression, Volkswagen décide donc d’utiliser la fonction « double programme » développée par Audi sur les moteurs destinées au marché américain mais aussi européen. Car si « seulement » 700 000 véhicules truqués pénètrent en Amérique du Nord, c’est officiellement 11 millions de ces voitures qui seront produites à travers le monde, majoritairement à destination du marché européen.

C’est en 2014, suite à une étude de l’ONG International Council on Clean Transportation en partenariat avec l’université de Virginie Occidentale, que le pot-aux-roses est révélé. L’étude consistait simplement à analyser les rejets de plusieurs véhicules diesels en conditions réelles, sur des parcours comprenant des accélérations, des franchissements de côtes, des routes accidentées…

Quelle ne fut pas la surprise des scientifiques de découvrir que certains véhicules ne dépassaient pas de 2, ni 3 ou 4 mais bien de 22 fois la norme européenne en matière de rejet de NOx (soit 44 fois la norme US).

3