Mikhaïl Bakounine : "L'instruction intégrale" : Lecture de Jean-Michel Dufays (40 mn)

"Il est très probable qu'à l'époque de transition qui succédera naturellement à la grande crise sociale, les sciences les plus élevées tomberont considérablement au-dessous de leur niveau actuel [...] et ne pourra reparaître, non plus comme jouissance exclusive de quelques privilégiés mais comme un ennoblissement de la vie de tout le monde, que lorsque la société aura conquis le nécessaire pour tout le monde. Cette éclipse temporaire de la science supérieure sera-t-elle un si grand malheur ? Ce qu'elle peut perdre en élévation sublime, ne le gagnera-t-elle pas en élargissant sa base ? Sans doute, il y aura moins de savants illustres, mais en même temps il y aura infiniment moins d'ignorants. Il n'y aura plus ces quelques hommes qui touchent les cieux, mais, par contre, des millions d'humains, aujourd'hui avilis, écrasés, marcheront humainement sur la terre ; point de demi-dieux, point d'esclaves. Les demi-dieux et les esclaves s'humaniseront à la fois, les uns en descendant un peu, les autres en montant beaucoup. Il n'y aura donc plus de place ni pour la divinisation ni pour le mépris. Tous se donneront la main, et, une fois réunis, tous marcheront avec un entrain nouveau à de nouvelles conquêtes, aussi bien dans la science que dans la vie.

Loin donc de redouter cette éclipse, d'ailleurs tout à fait momentanée, de la science, nous l'appelons au contraire de tous nos vœux, puisqu'elle aura pour effet d'humaniser les savants et les travailleurs à la fois, de réconcilier la science et la vie. Et nous sommes convaincus qu'une fois cette base nouvelle conquise, les progrès de l'humanité, tant dans la science que dans la vie, dépasseront bien vite tout ce que nous avons vu et tout ce que nous pouvons imaginer aujourd'hui."

#science #capitalisme #décroissance

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