Éditorial de juin 2024
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Jean et Louis, une paire de vieux amis inséparables. Deux retraités qui n’auraient laissé passer à aucun prix une journée sans établir un contact. Visites réciproques, appels téléphoniques, apéros partagés en terrasse, toutes occasions de mixer leurs passions réciproques.
Jean avait passé sa vie sur le bord des circuits de Grands Prix moto, en tant que mécanicien-préparateur. Il trouvait en Louis un autre passionné de deux roues puisque ce dernier collectionnait les motos anciennes et circulait, le plus souvent possible, sur l’une de ses montures.
Louis, quand à lui, avait exercé en tant que guitariste-accompagnateur. Jean ne se lassait jamais d’entendre les anecdotes qui illustraient l’histoire du rock’n’roll français, version Louis.
Les visites au domicile de l’un ou de l’autre donnaient régulièrement lieu à de mini-brouilles.
Jean reprochait à son ami le "foutoir" qui régnait chez lui, un modeste deux-pièces envahi d’instruments de toutes tailles, de toutes sortes, d’amplis, de machines diverses et de câbles dans lesquels il emmêlait régulièrement ses épaisses bottes de motard.
Louis râlait lorsqu’il se rendait chez Jean, indisposé par les émanations d’hydrocarbures, l’omniprésence du cambouis, l’envahissement de l’espace vital par les outils de mécanique, les composants de moteurs démontés et la propension de tout ce bazar à vous tamponner les vêtements de traînées noires et grasses.
Dès le deuxième verre, les fâcheries se calmaient pour laisser à nouveau place aux échanges de souvenirs, tous plus flamboyants les uns que les autres.
À 80 ans passés, les deux amis étaient demeurés célibataires, leurs passions dévorantes n’ayant consenti aucune place à la romance, et leurs quelques tentatives de partager leurs espaces exclusifs, sans compromis, avec une compagne s’étant soldées par de bruyantes scènes suivies de claquages de portes sans retours.
Sans beaucoup de regrets, m’avaient-ils confessé, l’un comme l’autre, lors d’une soirée nonchalante à la terrasse d’une guinguette de bord de mer.
Est-ce donc là le prix à payer pour vivre pleinement sa passion ?
Je vous laisse en décider...
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