Ne l'appelez plus jamais Gulf Stream | CNRS Le journal

Aujourd’hui, nous disposons d’un jeu de données sur quinze ans à peine. C’est insuffisant pour donner des tendances de long terme, d’autant qu’on constate une grande fluctuation de la circulation de retournement atlantique d’un mois sur l’autre. Les moyennes sur une année montrent, elles, deux périodes : de 2004 à 2015, l’intensité de l’Amoc a diminué, et depuis cinq ans, elle augmente à nouveau. Difficile d’en tirer des conclusions à ce stade… Il faut continuer d’engranger des mesures, et les affiner grâce au déploiement de nouveaux instruments en d’autres points de l’océan Atlantique.


Quant aux conséquences d’une baisse d’intensité de l’Amoc sur le climat européen, là encore c’est difficile à dire, car il y a énormément de variables en jeu. Une chose est sûre : il ne provoquera pas un refroidissement de l’Europe, le réchauffement global produit par les activités humaines étant bien trop important pour que le simple ralentissement d’un courant marin vienne le contrecarrer sous nos latitudes. Un ralentissement de l’Amoc pourrait en revanche provoquer plus d’épisodes rigoureux en hiver, associés à des sécheresses très intenses et des canicules l’été.


Il faut enfin retenir que s’il est possible, ou en tout cas envisagé par certains modèles actuels, que l’Amoc s’arrête, cela ne sera jamais le cas du Gulf Stream. Ce courant qui longe les côtes de l’Amérique est, je le répète, exclusivement lié à la rotation terrestre. Ce n’est pas le cas de l’Amoc, lié en grande partie au bilan énergétique de la Terre et aux circulations d’eaux chaudes et froides entre l’Équateur et les pôles.

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