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Un propriétaire tente de brûler vifs un SDF et un résident dans un hall d’immeuble : «procédure allégée» et prison avec sursis

Violence des riches et impunité organisée

La violence des riches : celle dont on ne parle jamais. Ce fait divers, gravissime, ne fera pas le tour des journaux télévisés, il est pourtant hautement symbolique : à Nantes, un boomer propriétaire de plusieurs appartements a tenté de brûler vives deux personne qui se trouvaient dans le hall de son immeuble.

Dimanche 30 octobre 2022 au matin, un homme de 63 ans propriétaire de plusieurs appartements dans un immeuble de la rue Fouré, dans le centre de Nantes, «aperçoit un intrus assoupi dans le hall d’entrée de l’immeuble». Le quotidien Presse Océan explique qu’il aurait voulu «faire le ménage (sic)» de cette «présence indésirable». En réalité, le multi-propriétaire va chercher une bouteille d’essence et un allume-gaz. L’homme qui dormait est aspergé de liquide inflammable dans son sommeil et se réveille brutalement, couvert de carburant, face à cet homme hors de lui qui s’apprête à le brûler vif ! La victime parvient à s’enfuir dans la rue avant d’être immolée, poursuivie par l’agresseur qui lui hurle dessus.

Une autre personne rentre dans le hall. Le rentier sexagénaire, ivre de haine de classe, asperge à son tour cet homme d’essence. Il n’a pas reconnu un résident de son propre immeuble. La barbarie est déjà là : un bourgeois a aperçu un homme, visiblement sans domicile, assoupi dans le hall d’une résidence qu’il loue, et son premier réflexe n’est pas de l’aider mais de l’incendier. Littéralement. Comment peut-on en arriver à un tel degré d’absence d’empathie et d’humanité ?

Depuis des semaines, les médias locaux et nationaux font leurs gros titres sur «l’insécurité» à Nantes. En voici un exemple caractérisé. L’insécurité sociale, pour des milliers de personnes qui ne trouvent pas où se loger dans une métropole toujours plus chère. L’insécurité physique, à savoir l’extrême violence d’un vieil homme riche, qui vit de la location d’appartements en percevant des loyers, et qui tente de tuer de manière atroce un pauvre homme qui dort dans un hall. Pourtant, pour cette affaire, il n’y aura pas de «polémique» sur Cnews ni de chroniques alarmistes d’éditorialistes. Le nom du propriétaire ne sera pas affiché sur les écrans de télévision.

Plus troublant encore. Le sexagénaire a bénéficié d’un traitement de faveur de la part de la justice. Emmené au commissariat, les magistrats lui ont proposé une «CRPC», c’est-à-dire une «comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité». Il s’agit d’une «procédure allégée» pour désengorger les tribunaux, en cas de petit délit : la personne évite un procès si elle accepte la peine. Sauf qu’il s’agit, en l’occurrence, d’une double tentative d’homicide, avec des circonstances aggravantes : ce propriétaire a amené de l’essence pour brûler vif un homme dans son sommeil avant de se retourner contre un résident. Ces faits sont potentiellement passibles de la Cour d’Assise.

Pourquoi la justice nantaise a-t-elle été aussi sympathique avec le rentier incendiaire ? À Nantes, il y a des comparutions immédiates et des peines très lourdes tous les jours pour des petits vols, des petits trafics, des bagarres ou des «rébellions». Les juges n’hésitent pas à distribuer des mois de prison ferme dans le cadre de procès expéditifs. Ces dernières semaines, la justice a notamment envoyé derrière les barreaux des hommes qui avaient volé des duvets dans une voiture, ou prononcé de la prison pour des manifestations.

Le multi-propriétaire, lui, écope d’une peine de 10 mois avec sursis, dans le cadre de cette procédure «allégée», sans même passer par la case procès. La violence des riches, c’est aussi la justice de classe, qui protège systématiquement les membres de la #bourgeoisie, même quand les faits sont indéfendables.

Ouest-France précise que le sexagénaire sera «interdit de paraître» à l’endroit où les faits ont été commis «sauf en cas d’état des lieux et de visites avec des locataires». Encore un privilège. Le rentier pourra donc continuer à faire du profit sur la location de ses appartements dans l’immeuble même où il a tenté d’immoler un être humain.

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