#zaowouki

fennec@diaspora.psyco.fr

Nouvelle : Icarus

#imaginaire #sf #fiction

Il fut un temps, contre vent et tempête, l’homme était né pour vivre debout au milieu de labyrinthes hostiles. Il se releva afin d’en juger leurs lointains replis. Dressé face à l’horizon, il était prêt à fuir le moindre tonnerre avec ses semblables avant que le ciel ne leur tombe sur la tête. A présent ce n’était plus la crainte de la faune sauvage qui le poussaient à voir loin. Rares ou mortes, des bêtes ne survivaient que les rampants aux écailles cuirassées et autres bestioles apyres, cafards affamés, fourmis belliqueuses et acides. Les océans se réduisaient en flaques de chagrin, les glaciers se ruinaient en verticales abysses. En ville, les gratte-ciel fondus ployaient en chiasse urbaine, molle et obscène. Tout en surface n’était que magma de béton. L’atmosphère brûlait, les deux frères soleils, Moros et Ethra prenaient en étau cette terre. Elle était mêlée de près à leur guerre.
Comme des musaraignes, les gens se traînaient sous terre, et cela chaque année d’un palier souterrain à l’autre. Le trauma était tel qu’au fil des générations, ils avaient appris à ne plus courir le risque de perdre la vue en levant les yeux au ciel. Et naturellement un jour naquit l’homme qui ne pouvait plus se défaire de la posture acquise. La tête penchée vers le sol, les membres tordus, et l’allure voûtée du pin parasol s’épanouissant en plein vent. Malheureusement, les hommes ne faisaient jamais plus de vieilles branches. Leurs dynasties s’étaient tassées, ils se croisaient tous sans pouvoir se regarder, peuple de bosselés les yeux rivés au pied.

Zao Wou ki

#ZaoWouKi