Fin de la revue Lignes
Dans son dernier édito :
Rien ne se sera passé aussi vite qu’on l’a craint, il faut le reconnaître (l’histoire ne va pas toujours aussi vite qu’elle le pourrait pourtant, et trente ans sont longs du point de vue de la vie d’une revue, sinon de l’histoire). Rien ne se sera passé aussi vite, mais on y est, nul n’en doute plus, les sondages y préparent et une impatience se ressent : ce n’est pas l’insurrection qui sera venue, ni viendra (laquelle d’ailleurs, et de quoi ?), comme candidement annoncée par quelques abstracteurs idéalistes, mais la surréaction. La situation ne sera pas, elle n’est pas et plus insurrectionnelle, elle est, elle sera surréactionnelle : nationaliste, raciste, religieuse, antisémite, etc. Ce qui s’ensuivra : une guerre de tous contre tous, en attaque, s’accusant chacun de quoi, en défense de qui, se défendant comment, confuse en tous les cas, à tous les points de vue. C’est tout une pandémie qu’il faut imaginer (l’époque est à avoir celles-ci pour métaphores), à laquelle la pensée ne sera plus d’aucune façon intéressée, à laquelle elle ne pourra plus prétendre prendre aucune part réelle, encore moins efficace.
disponible sur Cairn (et en papier)
#revue #France #revueLignes
#revuelignes
Fin de la revue Lignes
Dans son dernier édito :
Rien ne se sera passé aussi vite qu’on l’a craint, il faut le reconnaître (l’histoire ne va pas toujours aussi vite qu’elle le pourrait pourtant, et trente ans sont longs du point de vue de la vie d’une revue, sinon de l’histoire). Rien ne se sera passé aussi vite, mais on y est, nul n’en doute plus, les sondages y préparent et une impatience se ressent : ce n’est pas l’insurrection qui sera venue, ni viendra (laquelle d’ailleurs, et de quoi ?), comme candidement annoncée par quelques abstracteurs idéalistes, mais la surréaction. La situation ne sera pas, elle n’est pas et plus insurrectionnelle, elle est, elle sera surréactionnelle : nationaliste, raciste, religieuse, antisémite, etc. Ce qui s’ensuivra : une guerre de tous contre tous, en attaque, s’accusant chacun de quoi, en défense de qui, se défendant comment, confuse en tous les cas, à tous les points de vue. C’est tout une pandémie qu’il faut imaginer (l’époque est à avoir celles-ci pour métaphores), à laquelle la pensée ne sera plus d’aucune façon intéressée, à laquelle elle ne pourra plus prétendre prendre aucune part réelle, encore moins efficace.
disponible sur Cairn (et en papier)
#revue #France #revueLignes