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Offenses

Constance Debré (2023)


'Ce que je raconte c'est ce que vous ne voulez plus voir de vous-mêmes. Vos vies ne valent pas mieux que les nôtres. Votre argent votre confort votre culture votre travail vos amours ne servent à rien. Vos appartements plus grands vos villes plus belles ont les mêmes murs qui s'effritent, c'est la même pourriture sous vos peaux parfumées. Il n'y a que des êtres terrifiés, des somnambules effarés. Des vies à s'accrocher au hasard à n'importe quoi n'importe qui, au premier venu à la première proposition qui passe. Les histoires qu'on se raconte, oh toutes les histoires. Des damnés accrochés les uns aux autres sans jamais rien choisir. Vous le savez. Bien sûr que vous le savez. Tout est vain dans votre agitation à vouloir si fort vous éloigner de nous.'

'Vous êtes des hommes malades. Malades de vos vies vides. Malades de votre cruauté non assumée. Malades de vos mensonges. Malades de votre trahison. De la grande trahison de vos principes. Vous êtes des traîtres à vous-mêmes. Vous pourrez toujours vous agiter, parler toujours plus et toujours plus fort, moi le coupable, moi l'assassin, j'ai pitié.'

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Constance Debré a fait de la radicalité, de sa vie comme de son écriture, une arme pour anéantir la chair – mensonges, illusions, hypocrisie ou encore fictions que toute société ou tout système nous entraîne à croire et à perpétuer, ou fioritures littéraires – à l’os d’une vérité non dicible. Un an seulement après 'Nom', où elle se penchait sur sa famille pour faire voler en éclats le culte absurde que la société voue au nom, aux familles et aux origines, ces fictions qui nous définiraient, son écriture, encore plus dépouillée, se fait art martial. Resserrée dans un dispositif – le discours – pour dire que les laissé·es-pour-compte, les outcasts de notre monde, celles et ceux qui sont vaincu·es avant même de perdre, sont nos boucs émissaires, celles et ceux qui porteront nos fautes. Nous, les “heureux du monde”. - Nelly Kaprièlian, 2023.

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