Le silence est inquiétant. Il ressemble à un type bien sapé, en costume et noeud papillon, qui prendrait ses aises dans le quartier. Le silence, depuis le début du confinement, fait cet effet-là. Il détonne. Il n'a rien à foutre ici.

Tristan Saule – Le Quartanier https://lequartanier.com/auteur/117/tristan-saule
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Presque par hasard, j'ai lu très récemment "Mathilde ne dit rien." de Tristan Saule.

Les événements de ces derniers jours la rongent. Un cyclone tournoie derrière son visage minéral. Autour d'elle, dans les autres bureaux du bâtiment, dans les couloirs, les salles de réunions, ses collègues parlent des langues inconnues, se livrent à des rites hermétiques. Elle ne les a jamais vraiment compris, aucun d'eux, pas même Sophie. Elle a toujours eu la sensation d'être une étrangère dans un pays inconnu. Seulement, quand on reste si longtemps dans un pays, on finit par en connaître la langue, la culture. Avec elle, ça ne s'est pas produit. Elle est comme Veronica, la vieille polonaise du bâtiment C de la place carrée, qui ne parle toujours pas français des décennies après son arrivée ici. Comme elle, Mathilde a peut-être jugé dès le début que cet environnement ne méritait pas qu'on fasse l'effort de le comprendre. Ce boulot, ces gens, cette ville, et, à y réfléchir, tous ces boulots, tous les gens, toutes les villes qu'elle a traversées. Le monde entier.

Et j'ai beaucoup apprécié.
En me renseignant un peu plus sur cet auteur, j'ai appris que "Mathilde ne dit rien" est le premier volet d'une tétralogie intitulée "Les chroniques de la place carrée".
Et bien évidemment, j'ai couru me procurer le deuxième opus de cette série, lequel s'intitule "Héroïne".

Tonio plisse les yeux. Il est aveuglé par la lumière du soleil qui baigne l'appartement. Il n'a pas bougé d'un centimètre, toujours en boule sur le canapé. Il enfonce la tête sous les couvertures, essaie de se rendormir. Il n'a pas besoin de regarder son téléphone. Il sait exactement qu'elle heure il est. Sept heures trente. Peu importe l'heure à laquelle il se couche, il ouvre les yeux tous les matins à 7 h 30. Il aime raconter que c'est la seule chose qu'il garde de l'éducation de ses parents. Ses vrais parents. Les tarés. Ceux avec qui il a vécu jusqu'à l'âge de sept ans. À cette époque, s'il ne sortait pas du pieu à 7 h 30 pétantes, il se prenait un verre d'eau, une grolle, un coup de latte, parfois pire. Depuis, c'est comme ça, il se réveille à 7 h 30. Il réussit toujours à de rendormir mais il n'y a rien à faire, il sursaute à cette heure là. Bande de malades.

Et évidemment, j'ai beaucoup aimé.
Donc serez-vous surpris si je vous disais que je m'apprête à lire les deux derniers volets de cette tétralogie..?

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