#littérature

kcemorg@diaspora-fr.org

#Vendredilecture
D'abord une très belle découverte : Margaret Atwood (autrice de [La servante écarlate](https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Servante%C3%A9carlate)_ dont a été tirée la série) avec La voleuse d'hommes où l'on suit les méandres sociales, sentimentales, biographiques et mentales de trois amies aux personnalités très différentes… Envoutant.
Sinon je continue Capitale du Sud, de Guillaume Chamanadjian, avec le tome 2 : Les trois lucioles. Du fantasy français, sobre (pas de dragon, de fée ou de troll) toujours aussi captivant.
En lecture aussi de #La Guérilla des animaux, de Camille Brunel, où l'on suit un militant animaliste qui, peu à peu, va se radicaliser jusqu'à devenir chasseur de chasseurs à travers le monde (j'en suis là). Jouissif :)

#Littérature #Livre #Lecture

tina@diaspora.psyco.fr

Sur les traces des cabanes libres

Abrume : cabane qui se dévoile dans une brume épaisse après une journée de marche, quand le ventre se creuse, que les jambes sont lourdes et les vêtements trempés. Une fine fumée s'élève derrière un talus, une odeur de feu de bois se répand doucement dans l'air, l'abri se dessine peu à peu.

Livre découvert dans l'excellent article sur Reporterre, -> Vivre en cabane, qui liste d'ailleurs d'autres infos et liens. (il manque pourtant Cabanes dans les arbres, des nids de rêves, magnifique).

"Mais les cabanes ne sont pas seulement d’inoffensifs refuges. Ce sont aussi des architectures de la révolte".

Oh, oui. De tant de façons.

#architecture #littérature #cabanes #refuges #résilience #décroissance

entreleslignesentrelesmots@diaspora-fr.org

Sartre, l’oublié

Curieusement Albert Camus connaît des renaissances successives via « La peste » ou « L’étranger » récemment, alors que le grand rival des années d’après guerre, ami et ennemi à la fois, Jean-Paul Sartre est délaissé. Camus, prix Nobel de littérature, Sartre prix Nobel de littérature refusé, est une grande différence et rend Sartre plutôt sympathique dans ce refus des honneurs. Il fut aussi, on s’en souvient, proche des « maos » de la gauche prolétarienne tout en refusant son idéologie.

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/11/30/sartre-loublie/

note sur Aliocha Wald Lasowski : Réhabilitons Sartre

#littérature

tina@diaspora.psyco.fr

Aryana Libris

Recension d'ouvrages au format numérique PDF.

Pour celles et ceux qui ne connaîtraient pas, Aryana Libris est une bibliothèque d'ouvrages (français ou anglais) sur des thèmes très divers, comme la médecine, le bâtiment, les arts martiaux, l'apiculture, les énergies libres...
Les .pdf sont consultables en ligne (extraits) ou téléchargeables (fichier .zip), mais il y en a tellement... je vous conseille de cliquer plutôt sur l'onglet "Tous les tags", pour explorer.
Bonne lecture... :)

#livres #littérature #documents #pdf

kcemorg@diaspora-fr.org
« Telles ces maisons humides qu’un propriétaire décide un jour de drainer et dont les façades, soudain, se lézardent de longues fissures : quand on a appris à vivre dans un univers bancal, il est parfois dangereux que l’équilibre revienne. »

Extrait de : Sandrine Collette. « Ces Orages-là. 

#livre #lecture #littérature

kcemorg@diaspora-fr.org

#vendredilecture
Ces orages-là de Sandrine Colette (finaliste du goncourt 2024 avec Madelaine avant l'aube.
Une écriture qui vient du ventre, profonde et intense. A déguster à petites gouttes…

En parallele, un livre détente, très bien foutu pour l'instant, une sorte de mélange entre Harry Potter ado et science-fiction :
Numéro Quatre de Jobie Hughes et James Frey (sous le pseudo de Pittacus Lore).

En BD Oken - Combats et rêveries d'un poète taïwanais de Wu Shih-Hung. Superbe

#livre #lecture #littérature

tina@diaspora.psyco.fr

#vendredi-lecture #littérature #livres #nouvelles

Ça ne m'était plus arrivé depuis longtemps : j'ai dévoré un livre, en un soir et une nuit.
Ça s'appelle "J'écris parce que je chante mal", de Daniel H. Rondeau. Ce sont des nouvelles, plus ou moins courtes, plus ou moins longues, toutes prenantes, fines, savoureuses.

Les titres des chapitres eux-mêmes sont dignes d'entrer dans la cour des citations :
— Pourquoi y a-t-il un verbe qui signifie "dire un mensonge" mais aucun pour "dire la vérité" ?
— Ailleurs, c'est comme ici, mais ailleurs.
— La vulnérabilité, c'est la clause écrite en petits caractères au bas du contrat de la sensibilité.

Bref, j'essaie de trouver d'autres oeuvres à dévorer (s'il y en a ?), mais il fallait bien payer ce plaisir par un peu de lassitude, devant l'inanité des réponses données, sur les moteurs d'impasses...

wazoox@diasp.eu

Atlas Shrugged, Ayn Rand, 1er octobre 2024

#notes_de_lecture #littérature #idéologie #capitalisme

Extraits

"Man's motive power is his moral code. Ask yourself where their code is leading you and what it offers you as your final goal. A viler evil than to murder a man, is to sell him suicide as an act of virtue. [...] Consider the obscenity of offering their impotence and their need -- their need of you -- as a justification for your torture. Are you willing to accept it? Do you care to purchase -- at the price of your great endurance, at the price of your agony -- the satisfaction of the needs of your own destroyers?"
"No!"
"Mr. Rearden," said Francisco, his voice solemnly calm, "if you saw Atlas, the giant who holds the world on his shoulders, if you saw that he stood, blood running down his chest, his knees buckling, his arms trembling but still trying to hold the world aloft with the last of his strength, and the greater his effort the heavier the world bore down on his shoulders -- what would you tell him to do?"
"I... don't know. What... could he do? What would you tell him?"
"To shrug."

Résumé

Comment le monde tourne grâce aux esprits forts et virils qui assument leurs responsabilités: les entrepreneurs comme Dagny Taggart (la seule femme vivante de l'histoire) et les industriels (comme Hank Rearden et Francisco d'Anconia).
Le tout drapé dans un roman longuet, entrecoupé d'incroyables monologues pseudo-philosophiques.
Tous les personnages sont affreusement antipathiques : les héros sont tous d'insupportables donneurs de leçons sûrs de leur supériorité intellectuelle, physique et morale (ils sont tous beaux forts et et intelligents et ne font jamais d'erreur); tous les autres personnages sont de misérables larves veules et lâches.
La seule partie avec laquelle on peut adhérer est le rejet de la victimisation (c'est anti-woke avant l'heure :) )
Il y a malgré tout un assez bon suspense, mais il est souvent difficile de conserver la suspension de l'incrédulité devant les prouesses des héros. Malheureusement la deuxième partie se dégrade, une grande partie repose sur l'inepte McGuffin "Project X" qui n'a pas l'ombre e la queue d'un commencement de sens ni de raison.

Avis

2/5 Assez bien écrit mais pénible; ne vaut que par la fenêtre qu'il ouvre sur l'esprit malade des Américains: aux USA, c'est le livre le plus vendu après la Bible, et c'est le livre de chevet de tous les connards capitalistes, les Musk, Thiel, Bezos et compagnie. Le fait que cette niaiserie adolescente passe pour un sommet de philosophie est très révélateur sur à quel point ils sont cons.

redj18@diaspora.psyco.fr

Pour écrire, il me fallait un angle.
Je crois que je l'ai trouvé...
Ça me vient de cet image:
"Ils ont marché sur la Lune"
(y'a du Tintin la-dedans, peut-être)

Ce sera:

Ils ont marché sur la Terre

Bonne journée!

Livre d'Histoire; Mon histoire.

#littérature

nadloriot@diaspora.psyco.fr

Stephen Markley - Ohio

Je viens de le terminer, c'est brut de décoffrage, passionnant et superbement bien écrit 👍👍👍

(Je suis toujours effarée de voir que la religion est toujours aussi présente aux Usa, que l'on peut tomber dans la misère parce qu'on s'est cassé une jambe mais que l'on a peur d'une réforme qui octroie la sécurité sociale pour tous... )

https://www.francetvinfo.fr/culture/livres/la-rentree-litteraire/ohio-de-stephen-markley-le-roman-noir-dune-amerique-deboussolee_4115655.html

#vendredilecture #roman #novel #Markley #lecture #reading #littérature #literature

nadloriot@diaspora.psyco.fr

📚 J'ai bien aimé cet article... 📖

Entre écrivains européens et américains, une relation inégalitaire et paradoxale

Si les auteurs européens connaissent et lisent leurs pairs nord-américains, le contraire est loin d’être vrai. Enquête sur le rapport des écrivains des Etats-Unis avec le Vieux Continent et sa littérature, à l’approche du Festival America, à Vincennes, du 26 au 29 septembre, dont « Le Monde des livres » est partenaire.

Par Florence Noiville, Le Monde
Publié le 18 septembre 2024

Make America great again »? S’il est un domaine où ce slogan n’a pas cours, c’est bien celui de la littérature. Dans le cœur des lecteurs français, la patrie de Russell Banks (1940-2023), Cormac McCarthy (1933-2023) et Paul Auster (1947-2024) – pour ne citer que ces géants récemment disparus – n’a jamais cessé d’être envoûtante et désirable. Aussi, tous les deux ans, le public accueille-t-il avec ferveur les écrivains nord-américains venus participer au Festival America, à Vincennes (Val-de-Marne).

Cette année, ce grand rendez-vous se tiendra du 26 au 29 septembre, avec comme têtes d’affiche James Ellroy, Lauren Groff ou encore Richard Ford. Originalité du cru 2024 : pour la première fois, les auteurs états-uniens et canadiens (et une autrice mexicaine, Dahlia de la Cerda) rencontreront une trentaine de leurs homologues européens, originaires pour la plupart de France, du Royaume-Uni, d’Irlande, mais aussi d’Italie, d’Allemagne, des Pays-Bas, de Suisse ou d’Espagne.

« La manifestation se déroule entre deux échéances importantes pour les deux continents , explique Francis Geffard, directeur chez Albin Michel de la collection “Terres d’Amérique” et président du festival, qu’il a créé. Entre les élections européennes de juin et celle du 5 novembre aux Etats-Unis, il nous a paru important que le festival soit un lieu d’échanges et de débats entre les écrivains des deux rives de l’Atlantique. » Un siècle après les chefs-d’œuvre de la Génération perdue –lorsque, dans les années 1920, les Hemingway, Dos Passos et Sinclair Lewis venaient chercher l’inspiration à Madrid, Rome ou Paris –, America sera aussi l’occasion de faire le point sur la relation que les auteurs américains entretiennent aujourd’hui avec le Vieux Continent et sa littérature.

A cet égard, les échanges s’annoncent passionnants mais asymétriques. « Il faut avoir conscience du déséquilibre énorme qui existe entre la connaissance qu’on a, en France et ailleurs en Europe, de la littérature américaine, et celle que les Américains ont de la littérature européenne » , souligne Olivier Cohen, fondateur des Editions de l’Olivier. De fait, s’il est difficile de trouver un auteur européen qui n’ait pas été profondément influencé par l’un de ses pairs outre-Atlantique – il faut entendre l’Irlandaise Jan Carson raconter comment ses premiers écrits furent des « mélis-mélos de thèmes et de styles[empruntés à] Richard Brautigan, Raymond Carver et George Saunders » ; ou la Néerlandaise Inge Schilperoord, autre invitée du festival, expliquer pourquoi les Américains (John Fante, A. M. Homes) sont insurpassables dans leurs « peintures de l’aliénation et du vide »… –, si, donc, il est difficile de ne pas trouver un Européen passionné de littérature américaine, l’inverse est loin d’être vrai.

Car les Américains lisent très peu leurs collègues contemporains d’Europe non anglophone. « Ces temps-ci, la littérature venue d’Asie m’intéresse davantage, explique Iain Levison, qui sera présent à America. En Europe, j’aime Andreï Kourkov [l’Ukrainien est lui aussi invité], mais, malheureusement, je n’ai rien lu d’autre récemment… »Le romancier et scénariste Seth Greenland, lui aussi attendu à Vincennes, confesse de même ne connaître que peu d’auteurs européens non anglophones, « à part Houellebecq, Annie Ernaux et Elena Ferrante ».

Le dernier classement du New York Times illustre bien cette méconnaissance de la littérature européenne in the making (« en train de se faire »). En septembre, la « Book Review » du quotidien a demandé à ses critiques (mais aussi à des écrivains et des universitaires) de sélectionner, dans la littérature mondiale, les « cent meilleurs titres des vingt-cinq premières années de ce siècle ». Six seulement étaient signés d’Européens dont l’anglais n’est pas la langue maternelle : l’Italienne Elena Ferrante, le Norvégien Jon Fosse, la Danoise Tove Ditlevsen, la Franco-Iranienne Marjane Satrapi, la Française Annie Ernaux et l’Allemand W. G. Sebald, mort en 2001.

Pourquoi les Américains connaissent-ils si mal la production européenne récente ? Parce qu’ils ne la traduisent pas, ou très peu. Sur l’ensemble des titres publiés chaque année outre-Atlantique, moins de 5 % sont des traductions, contre 20 % à 50 %, selon les pays, dans l’Union européenne. En dépit des efforts des instituts culturels européens, ces maigres 5 % ont tendance à se retrouver noyés dans la masse, sans visibilité. « Les auteurs américains auxquels je parle me disent que leurs librairies ne proposent presque plus d’ouvrages européens » , regrette l’autrice néerlandaise Inge Schilperoord, invitée à America. On chercherait donc en vain, sur les rayons de Barnes & Noble ou ailleurs, un équivalent pour la littérature européenne du riche et passionnant Dictionnaire amoureux de la littérature américaine que signe ces jours-ci le journaliste Bruno Corty (Plon, 612 pages, 28 euros, numérique 20 euros) : ce n’est pas l’amour qui prévaut dans ce sens de la relation transatlantique, c’est plutôt l’indifférence.

Les raisons ? Olivier Cohen raconte en souriant un échange qui l’a laissé perplexe. C’était avec Jonathan Galassi, l’ex-patron de la prestigieuse maison Farrar, Straus and Giroux, à New York. « Un jour, je lui demande pourquoi il ne publie pas tel titre. Réponse : “It’s too French.” L’année suivante, de nouveau dans son bureau, j’avise un roman (à mon sens pas excellent) traduit du français. Je demande : “Pourquoi celui-là ?” Réponse : “It’s sooo French !” » Trop français dans un cas, si délicieusement français dans l’autre… « J’avoue que j’ai renoncé à comprendre ! », conclut-il.

Autre anecdote parlante, celle que rapporte l’écrivaine française Clémence Boulouque, professeure à l’université Columbia (New York), qui publie en cette rentrée Le Sentiment des crépuscules (Robert Laffont, 176 pages, 19 euros, numérique 13 euros). « Récemment, je faisais à l’écrivain américain Joshua Cohen la chronique d’un épisode assez désagréable qui m’était arrivé. Il m’a dit, hilare : “Do the French thing !” Quand je lui ai demandé ce qu’il entendait par là, il a précisé : “Ecrire un récit autobiographique, si possible de façon vengeresse.” Evidemment, c’était une boutade, mais elle est assez révélatrice de la perception américaine de la littérature française : autofiction ou récit de l’intime à la première personne. »

Dans son discours de réception du Prix de la paix des libraires allemands, en 2003, l’écrivaine Susan Sontag décrivait un « antagonisme latent » entre les deux côtés de l’Atlantique, au moins « aussi complexe que celui qui existe entre parent et enfant » . Bill Cloonan, professeur honoraire à l’université d’Etat de Floride, parle, lui, d’un sentiment d’ « infériorité »face à la culture européenne. Un sentiment palpable chez Hawthorne et même chez Melville. Jusqu’à Mark Twain, dit-il, un écrivain américain devait, « pour avoir l’air sérieux », soit « écrire à l’européenne (quoi que cela veuille dire !), soit faire allusion à la culture ou aux techniques littéraires du Vieux Continent ».

Couper les racines. Consciente ou non, cette mise à distance s’inscrirait-elle, encore aujourd’hui, dans le sillage d’un vieux désir d’émancipation ? Au Seuil, l’éditrice Bénédicte Lombardo est plus pragmatique : « Les Etats-Unis sont autosuffisants. Leur offre est si importante que les lecteurs ne cherchent pas autre chose. D’autre part, je crains que seule une petite partie des lecteurs ait une appétence pour ce qui se passe à l’étranger, particulièrement en littérature. » D’après elle, certains lecteurs redouteraient de lire des auteurs étrangers, réputés trop compliqués. «J’ai récemment publié un auteur taïwanais traduit dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis. Tous les noms des personnages ont été américanisés, pour plus de facilité. »

Le divorce est-il pour autant consommé ? Pas sûr. Ces temps-ci, un nombre croissant d’auteurs américains regardent en direction de l’Europe, tant la scène littéraire, aux Etats-Unis, leur paraît toxique. En effet, la concentration du marché outre-Atlantique – l’essentiel de l’édition est contrôlé par les « Big Five », cinq groupes qui se livrent une guerre totale – est telle que, plus que jamais, le système fonctionne comme une centrifugeuse. Dan Sinykin, professeur assistant à l’université Emory (Géorgie), montre, dans Big Fiction (non traduit), que ce qui en sort est soit formaté (pour être adapté au cinéma ou en série), soit éjecté. « Si vous n’atteignez pas un certain seuil de ventes, il y a peu de chances que vous publiiez un second roman, quels que soient votre talent et votre travail », expliquait au « Monde des livres » (du 29 mars 2019) l’écrivain Peter Farris.

Depuis cette date, la situation ne s’est guère simplifiée, du moins pour les auteurs de la midlist (« liste intermédiaire »), ceux qui ne sont ni débutants ni auteurs de blockbusters. Les contraintes limitant la liberté de créer se sont multipliées – puritanisme exacerbé, procès en « appropriation culturelle », rôle des sensitive readers, ces lecteurs chargés de débusquer des contenus pouvant offenser certains publics. Dans certains cas, cette injonction de ne pas heurter peut aller loin. Et même cibler un poète latin né en 43 av. J.-C. ! « Dans le tronc commun de l’université Columbia, Les Métamorphoses , d’Ovide, ont été retirées du programme à cause des multiples scènes de viol, explique Clémence Boulouque. Il n’y a, chez Ovide, aucune apologie de la violence sexuelle. Au contraire, il est même possible de dire qu’Ovide donne enfin voix aux victimes. Mais il ne faut pas susciter d’inconfort chez les étudiants. »D’où les fameux trigger warnings, qui doivent signaler à l’avance un passage risquant de mettre mal à l’aise ou de raviver un traumatisme. « Ceci me laisse un peu sceptique et semble représenter un rapport modifié à la littérature, note l’écrivaine . Si la littérature aide à vivre, c’est que, comme la vie, elle ne prévient pas des coups qu’elle vous porte ou des illuminations qu’elle vous offre. »

Autre exemple de difficulté pour les romanciers américains : il serait, selon Iain Levison, devenu impossible d’interroger en profondeur certains effets délétères du capitalisme. « L’Amérique avait une longue tradition dans ce sens, avec John Steinbeck, Upton Sinclair, Erskine Caldwell ou Mark Twain . Curieusement, elle a disparu dans les années 1950. » Il note que les creative writing farms (les « fermes d’écriture créative ») sont toutes « financées par des milliardaires (Guggenheim, Rockefeller), de riches donateurs, de grandes entreprises ou par les dotations des universités ». Cela, assure-t-il, crée un «environnement malsain lorsqu’il s’agit d’avoir une discussion littéraire sur les maux de la société, notamment ceux qui sont liés aux énormes écarts de richesse ».

Enfin, une autre censure sévit dans certains Etats, à l’instigation de groupes de pression conservateurs. En 2023, l’association PEN America a ainsi recensé plus de cinq mille interdictions de livres : en Floride, au Texas, des ouvrages disparaissent des bibliothèques publiques. Dans le comté de Llano (Texas), ce fut récemment le cas pour dix-sept d’entre eux, dont Entre le monde et moi , de Ta-Nehisi Coates (Autrement, 2016 et 2024), Comment devenir antiraciste, d’Ibram Kendi (Alisio, 2020), ou encore une histoire du Ku Klux Klan signée d’un collectif d’auteurs (non traduite).

Au moment où nous l’interrogeons, Jan Carson effectue un « book tour »aux Etats-Unis pour son nouveau recueil de nouvelles, Le Fantôme de la banquette arrière (Sabine Wespieser, 320 pages, 23 euros). En Floride, ce jour-là, elle confirme que le cas de Llano est loin d’être isolé. Elle a, dit-elle, recueilli des témoignages « de première main »expliquant comment « des livres censément subversifs sont retirés des bibliothèques et des écoles. La censure est vivante et fait des dégâts en Amérique du Nord, insiste-t-elle. C’est un problème dont nous devons tous continuer à parler et sur lequel il nous faut rester vigilants ».

Pas étonnant que, dans cet environnement toxique, des auteurs américains se sentent mal à l’aise et regardent vers l’Europe. Pour Jake Hinkson, Peter Farris ou encore Benjamin Whitmer, qui ont trouvé refuge chez Gallmeister, la France est devenue une terre d’asile. Même chose chez Liana Levi pour Eddy Harris, Iain Levison et Seth Greenland. Ce dernier raconte : « Dans mon roman Plan américain (éd. Liana Levi, 2023), l’un des personnages est une Noire. Mais le climat culturel actuel décourage fortement les écrivains blancs de créer des personnages noirs. Mon livre n’a pas été refusé aux Etats-Unis, car, à ce jour, il n’a été soumis à aucun éditeur. Mon agent est convaincu que non seulement il serait rejeté, mais qu’il nous causerait des problèmes à tous les deux. »

« Make America great again » ? Aux yeux des écrivains, c’est l’Europe qui sort grandie de la comparaison. « C’est un privilège pour un Américain que d’être d’abord publié en français, conclut Seth Greenland. Je m’inscris dans une tradition qui va d’ Ulysse [de James Joyce] à L’Amant de Lady Chatterley [de D. H. Lawrence] ,en passant par Tropique du cancer [de Henry Miller]. Et j’en suis fier. »

Tel n’est pas le moindre des paradoxes de la relation Amérique-Europe en littérature. Si les Européens sont peu lus outre-Atlantique, ils sont enviés pour le contexte dans lequel ils écrivent. Dense maillage de librairies indépendantes, de bibliothèques, prix encadré des ouvrages et liberté d’expression donnent au Vieux Continent des allures de havre pour la création. Les auteurs nord-américains seront-ils à l’avenir de plus en plus nombreux à s’y réfugier ? Peut-être. Mais alors, gare : s’ils se laissaient trop imprégner par la culture environnante, ils risqueraient de subir le sort naguère réservé à Paul Auster, à qui certains de ses compatriotes reprochaient d’être devenu... « trop européen ».

https://www.lemonde.fr/livres/article/2024/09/18/entre-ecrivains-europeens-et-americains-une-relation-inegalitaire-et-paradoxale_6322277_3260.html

#vendredilecture #lecture #reading #culture #littérature #literature #usa #europe #france

tina@diaspora.psyco.fr

Depuis deux mille ans, les communautés d'une vaste région montagneuse d'Asie du Sud-Est refusent obstinément leur intégration à l'État.
Zomia : c'est le nom de cette zone d'insoumission qui n'apparaît sur aucune carte, où environ 100 millions de personnes se sont réfugiées pour échapper au contrôle des gouvernements des plaines.
Traités comme des "barbares", ces peuples nomades ont mis en place des stratégies de résistance parfois surprenantes pour échapper à l'État, synonyme de travail forcé, d'impôt, de conscription. Zomia nous rappelle que la "civilisation" peut être synonyme d’oppression et que le sens de l'histoire n'est pas aussi univoque qu'on le croit.

James C. Scott est l'auteur de La domination et les arts de la résistance, Petit éloge de l'anarchisme, Homo domesticus, Une histoire profonde des premiers États.

#vendredilecture #littérature #anarchisme #insoumission #résistance

Ping, @alaincognito@diaspora-fr.org, j'ai fini par le recevoir, mais pas encore pu le lire ; je prévois ça pour ce week-end. ;)

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#politique #bourgeoisie #culture #bibliothèque #grandesécoles #médias #littérature

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