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(Le film, les nouveaux chiens de garde de Gilles Balastre, toujours d’actualité…)

Au Monde : la grande famille du pouvoir

Différentes études révèlent qu’à peine 30% de la population déclare encore «faire confiance aux médias». Un taux comparable à celui de la Slovaquie et la Hongrie. Dans notre pays, la quasi-totalité des journaux et chaînes de télévision est possédée par une poignée de milliardaires ou subventionnée par l’État.

Ces derniers jours, lire la presse ou regarder la télé nous replonge presque en Union Soviétique ou sous l’Ancien Régime, tant le contenu est outrageusement favorable au nouveau Premier Ministre, glorifiant jusqu’au ridicule des dirigeants pourtant largement détestés par les français.

Dans un article du journal Le Monde, à propos de la révolte agricole de ces derniers jours, c’est un éloge gluant de Gabriel Attal qui s’étale dans les colonnes. Le Premier Ministre y est décrit comme étant «réputé pour son art oratoire et ses nuits sans sommeil». Notre jeune guide ne dort jamais, peut-être même marche-t-il sur l’eau et se nourrit-il de lumière !

Attal, tel le héros d’une grande épopée, doit selon Le Monde «apaiser en quelques heures le malaise paysan» par la seule force de sa persuasion. Pourquoi pas régler le problème en quelques minutes !

Probablement dans une transe confuse, la journaliste écrit : «ses équipes espèrent un Hémicycle debout, pour applaudir le plus jeune premier ministre de l’histoire de la Ve République». Sans préciser que ce gouvernement n’a même pas la majorité et ne dirige plus que par 49.3 et grenades, et que Gabriel Attal n’a aucun autre mérite autre que les réseaux des beaux quartiers parisiens qu’il n’a jamais quitté.

Gabriel Attal, comme le personnage principal d’un film d’action, «avale les notes que lui transmettent les élus de terrain, rencontre l’ensemble des syndicats, pèse et soupèse les options» et va se «se porter au chevet» des paysans, comme un bon père face à ses enfants.

Le Monde ose même, à propos d’un discours devant les agriculteurs : «Ont-ils été étourdis par celui qui est considéré comme un as de la communication ?» Allons plus loin, ils ont sans doute été «éblouis par son sourire lumineux ».

Le récit termine par les «remerciements» d’un agriculteur au Premier Ministre, tel un gueux se prosternant devant la générosité de son seigneur. Le Monde oublie de préciser que cet agriculteur est membre de la FNSEA et proche du gouvernement.

Faire reluire le pouvoir, c’est une affaire de famille. La cheffe du service politique du journal le Monde se nomme Ivanne Trippenbach, et elle est en couple avec un conseiller de Gabriel Attal, Rayan Nezzar. On trouve donc à la tête du grand quotidien «de référence» une personne qui est dans le premier cercle affectif du chef du gouvernement. En toute indépendance.

Le site Arrêt sur Images évoquait des «remous» au sein du Monde après la nomination de Rayan Nezzar comme «conseiller, chef du pôle action et comptes publics» auprès du Premier ministre. Sauf que Rayan Nezzar travaillait déjà avec Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale.

Médiapart racontait un début de fronde au sein du journal, certains salariés pointant le conflit d’intérêt, entraînant la tenue d’une «réunion du comité d’éthique et de déontologie du groupe Le Monde afin de résoudre la crise».

Suite à cette mobilisation, Ivanne Trippenbach annonçait samedi soir qu’elle changeait de service devant «l’émoi suscité». Sauf qu’elle rejoint « le service des grands reporters», un autre poste stratégique. Pas vraiment une mise au placard.

Cette consanguinité organique entre les médias et le gouvernement s’illustre aussi du côté de la Ministre de l’Éducation, Amélie Oudéa-Castéra. Venue de la haute bourgeoisie, elle est héritière d’un couple composé du boss de Publicis, une agence de com’ proche du pouvoir, et d’une DRH, Dominique Duhamel. Elle est de la même famille que les célèbres animateurs télé Nathalie Saint-Cricq, Patrice Duhamel ou Benjamin Duhamel, présentateur chez BFM TV. Le monde est petit.

Elle est aussi mariée à l’ancien patron de la Société Générale, qui est aujourd’hui à la tête de Sanofi, multinationale du business pharmaceutique. Comme par hasard, on apprenait ce matin que l’amie d’enfance d’AOC est, depuis des années, administratrice “indépendante” de la Société Générale. Le hasard fait bien les choses.
Ces gens cumulent le capital économique, les réseaux, et les relations sentimentales voire familiales au sein de médias qui fabriquent l’opinion. C’est beau, cet esprit de famille.

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