Grâce à leurs digues, les castors font barrage au changement climatique

Les castors passent le plus clair de leur temps à construire des barrages hydrauliques. Si de tels travaux peuvent paraître assez vains, ils ont de multiples effets bénéfiques sur l’environnement. Ils ​​participent notamment à la dépollution des eaux, comme le révèle une nouvelle étude américaine.

Christian Dewey et des collègues de l’université de Stanford ont découvert l’impact des barrages de castors sur la biodiversité par hasard, alors qu’ils effectuaient une étude de terrain le long de l’East River dans le comté de Gunnison (Colorado). Ils s’étaient donné pour mission de suivre les changements saisonniers de l’hydrologie. “Un castor a décidé de construire un barrage sur notre site d’étude”, a déclaré Dewey dans un communiqué. “La construction de ce barrage de castors nous a donné l’occasion de mener une grande expérience naturelle”.

Les chercheurs ont alors examiné les données sur les niveaux d’eau recueillies toutes les heures par des capteurs installés dans la rivière et dans toute la zone rivulaire. Ils ont aussi prélevé des échantillons d’eau, notamment sous la surface du sol, afin de surveiller les niveaux de nutriments et de contaminants.
Les scientifiques ont constaté que les digues des castors font monter le niveau de l’East River en amont, ce qui permet à l’eau d’être détournée vers les sols environnants et les cours d’eau secondaires du bassin. “Ces zones agissent comme des filtres, éliminant les nutriments et les polluants en excès avant que l’eau ne réintègre le canal principal en aval”, détaillent-ils dans une étude, récemment publiée dans la revue Nature Communications.

Les barrages de ces animaux s’avèrent notamment très efficaces pour réguler la quantité de nitrates en milieu aquatique. Cette forme oxydée de l’azote provoque la prolifération d’algues qui vont consommer tout l’oxygène présent dans l’eau, ce qui engendre la mort de nombreux poissons. Le sujet est au cœur de l’actualité puisque les épisodes de forte chaleur réduisent la quantité d’eau des rivières et autres cours d’eau, augmentant ainsi la concentration des polluants comme les nitrates. Il faut alors attendre de grandes averses ou la fonte des neiges saisonnières pour que la qualité de l’eau soit rétablie.

Christian Dewey et ses confrères ont toutefois constaté que les digues des castors accéléraient considérablement ce processus. Elles ont poussé plus d’eau et de nitrates dans le sol environnant que ne l’ont fait les deux extrêmes saisonniers, ce qui entraîne une élimination beaucoup plus importante des nitrates. Ce cycle vertueux profite aux 40 millions d’habitantes et d’habitants qui dépendent de l’eau potable issue du fleuve Colorado.

Cette dynamique est potentiellement propre aux conditions particulières de l’ouest des États-Unis, mettent en garde les scientifiques. Mais elle constitue une nouvelle encourageante dans la lutte contre le changement climatique. Et pour cause, les dérèglements qu’il engendre favorisent l’extension des populations de castors, ces techniciens hydrauliques dont les digues ont mille et une vertus. Un phénomène dont ce mammifère à la queue plate n’a pas vraiment conscience : il construit avant tout des barrages pour se protéger des prédateurs, et non pour sauver l’environnement.
Source : paru sur Positivr (que je n'aime pas et que je boycotte, mais vous pouvez facilement retrouver l'article sur le site si les trackers ne vous dérangent pas).

Mais les barrages de castors ne recueillent pas tous les sympathies...

Certains cultivateurs, comme au Québec où ces constructions peuvent être très grandes et nombreuses, les appellent des "bombes à retardement", à cause des inondations que les ruptures provoquent parfois, noyant terres et habitations.
Mais aussi parce que les barrages, en inondant les terres, créent des zones humides riches en faune et en flore, qui elles, sont protégés par la loi. Autant de surfaces cultivables qui ne sont plus accessibles, et dont la valeur diminue...

Voici une vidéo montrant l'effondrement d'un barrage de castors à deux étages, dans le Minnesota, dont la hauteur (presque 3 mètres !) avait créé un immense étang. C'est impressionnant. On se rend bien compte de l’inondation provoquée en aval...

Heureusement, il y a des solutions pour toute le monde.

Comme par exemple, installer un siphon sur les barrages, afin de mieux réguler le débit de l’eau sans pour autant déranger l’animal. Comme ici, dans les Vosges. (article à péage, désolée).

Un siphon, ou une "cage de Morency", comme en installe le groupe de travail Castors de Natagora, en Wallonie, où on trouve des experts, des sentinelles, et des conseillers, pour établir une cohabitation équitable entre le castor et les riverains, les associations locales, les communes...

Ce sont des initiatives intelligentes, dont il faut s'inspirer rapidement si on a vraiment l'intention de garder cette Terre vivante...

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