Quand le sage montre Pluton… – Le Carnet de l'Épervier

👉 https://blogepervier.wordpress.com/2017/11/11/quand-le-sage-montre-pluton/

Un excellent billet de blog qui montre, en passant, ce que la " #zététique" mainstream a de superficiel:

Si quelqu’un demandait si les planètes, ça existe pour de vrai, il ferait une erreur sémantique : ce n’est pas que les planètes existent ou n’existent pas, c’est qu’il y a certains corps célestes que l’on décide d’appeler planètes. Et ce que nous disons du concept de planète, nous pouvons le dire de n’importe quel autre concept scientifique. Ce n’est pas que les corps célestes existent ou n’existent pas, c’est qu’il y a certains amas de matière que l’on décide d’appeler corps célestes, et cætera.

Ce n’est pas une manière de penser habituelle. Nous sommes bien plus habitués à penser dans l’autre sens, y compris chez les zététiciens : est-ce que les fantômes existent ? Est-ce que le Yéti existe ? Est-ce que l’Atlantide existe ? Autant de questions passionnantes, mais mal posées d’un point de vue scientifique (bien que cette absence de rigueur n’ait pas toujours des conséquences graves pour l’activité scientifique).

C’est une forme de raisonnement idéaliste : on prends des idées (le Yéti, la tuberculose, Dieu, les planètes, les races), puis on se demande ce que ces idées désignent, ou si ces idées désignent des choses qui existent ou des choses qui n’existent pas. Cette forme de raisonnement n’est fondamentalement pas scientifique : pour un scientifique, se demander si Dieu existe sans avoir d’abord défini ce qu’on entend par « Dieu » n’a pas de sens.

Le billet montre aussi les dégâts, dans les débats publics, d'une vision aussi simpliste des #sciences et de la raison que le « il n’y a que deux sexes, c’est la science qui le dit » ou « les races existent, c’est scientifique ». En effet, les notions de race et de sexe sont d'abord des catégories sémantiques, qui, comme beaucoup de mots, nous aident à classer les éléments que nous percevons. Et au fur et à mesure que nos perceptions changent, ces catégories se modifient, voire, sont carrément même abandonnées, pour être remplacées par d'autres.

Le sexe, la race et la classification des corps célestes ne sont pas des vérités scientifiques absolues et indiscutables mais des concepts hérités de notre histoire et qui, parfois, peuvent être utiles aux scientifiques à exprimer un certain nombre d’énoncés. Parfois, malheureusement, ils peuvent les pousser à se créer des filtres qui les amène à simplifier par trop leur vision de la réalité.

Alors, aller à la chasse aux biais cognitifs, c'est bien, mais ce n'est qu'un début et pas du tout suffisant. Comprendre les limites sémantiques et scientifiques des concepts, c'est encore mieux et c'est une étape qui me semble essentielle dans le parcours de l'apprentissage de la raison et de l'esprit critique.


Tags: #dandelíon

via dandelion* client (Source)

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