RIEN N'EST MOINS SÛR
Souvent, au moment de sortir en récréation, Marie-Annick passait près de moi pour aller chercher une de ses copines assise au fond de la classe. Ce jour-là, quand elle passa près de moi, nos regards se croisèrent et je perçus d'elle cette pensée :
« Tu préfères rester dans la classe, plutôt que de sortir en récréation, pour être protégée par Murielle ! »
Elle ne le dit pas mais je l'entendis.
Était-ce le cas ? Au fond, si je me sentais mieux dans cette salle plutôt que dehors, cela tenait-il au fait que c'est là que se trouvait la terreur de la classe ? Pas sûr !
La principale de l'établissement, qui veillait particulièrement sur moi depuis le jour où je lui avais confié mes craintes d'être folle et de finir à l'asile, m'avait mise en garde :
« Méfie-toi de Murielle ! Elle pourrait se retourner contre toi, surtout si elle ne te parle pas : tu ne sais pas ce qu'elle a dans la tête. »
Si Murielle se retournait contre moi, j'étais fichue.
Murielle était une fille blagueuse, taquine. Moi, j'étais très fragilisée. À la moindre moquerie, je me mettais à pleurer. À la moindre maladresse de Murielle, la situation pouvait basculer. Si Murielle se moquait de moi et me faisait pleurer, ne serait-ce qu'une fois, les méchantes tenaient leur revanche.
Je me méfiais aussi de l'influence qu'Anne-Marie pouvait avoir sur Murielle. Je trouvais que les regards qu'elle m'adressait étaient de plus en plus froids.
Et puis, Murielle, était-elle gentille ou méchante ?
Quand les méchantes cherchaient des noises à Murielle, elle levait la main et menaçait de distribuer des baffes. C'est comme ça qu'elle était devenue la terreur de la classe. Tout le monde la craignait. Seulement, depuis quelques temps, c'est à Marie-Lise qu'elle s'en prenait.
Marie-Lise, c'était une grande perche, toute maigre, blonde aux yeux verts. Elle était assise juste derrière Murielle. La première fois que j'avais vu Murielle se retourner contre elle, lors d'un interclasse, ça m'avait étonnée. Qu'est-ce que Marie-Lise lui avait donc fait ? Elle était gentille, elle, en principe. D'ailleurs, en réaction à cette attaque de Murielle, elle s'était aussitôt levée, toute tremblante et s'était justifiée, excusée autant qu'elle pouvait. Ça prouvait bien qu'elle ne voulait pas chercher les histoires.
Pourtant, depuis ce jour, Murielle n'arrêtait pas de s'en prendre à Marie-Lise, par facilité, probablement : c'est plus simple de s'en prendre à une fille faible qui ne se défend pas plutôt qu'aux méchantes. Or, la plus faible de la classe, c'était moi. Il n'était donc pas exclu que je fusse sa prochaine victime.
Alors, non. Ce n'était pas pour être protégée par Murielle et Anne-Marie que je restais avec elles dans la classe. Je craignais, au contraire, que ma sécurité auprès d'elles ne tînt qu'à un fil.
SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie :LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 11 : Un mouvement pas rock
section 15 sur 25
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