#copine

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SOLITUDE

Ainsi, tout se passa très bien, sauf que, plus tard dans l'après-midi, je rentrai à la maison et dis à ma mère :
« J'me suis fait une copine. Elle s'appelle Françoise. On s'amusait bien mais chuis revenue parce que, depuis l'temps, j'avais peur que tu t'inquiètes.
- Ben oui, je m'inquiétais. T'étais passée où ? J't'ai cherchée. J'ai même vu une petite brune, dans son jardin, à l'angle de la rue de Paris. J'lui ai demandé si elle t'avait pas vue…
- J'étais dans les Castors. C'est toi qui m'avais dit.
- Ben oui mais t'aurais pu m'prévenir. J'me suis fait du souci. Enfin, c'est pas grave. Viens prendre ton goûter ! »

Le lendemain, Françoise vint sonner au portail pour m'emmener jouer avec elle mais ma mère refusa et la congédia.
« Pourquoi j'ai pas l'droit d'aller jouer ?
- T'as rien à faire dehors. C'est les enfants mal élevés qui passent leur temps à traîner dans la rue. La place d'un enfant est auprès de sa mère.
- Alors, à quoi ça sert que je sois allée me faire une copine si j'ai pas l'droit de jouer avec elle ?
- C'est pas en une après-midi que tu peux dire qu'une fille est ta copine. Il faut laisser passer du temps et, un jour, vous verrez si vous vous retrouvez et si vous avez de nouveau envie de jouer ensemble. »

Pourtant, le jour suivant, Françoise vint encore sonner au portail pour demander si je pouvais venir jouer avec elle. Rien de tel pour mettre ma mère en colère ! À tous les coups, ça allait me retomber dessus. Il avait suffit que ma mère m'eût lâchée un instant pour que je fusse allée m'aquoquiner avec une mauvaise fille qui passait son temps à traîner dans les rues. Si je ne voulais pas que mes journées à venir ne fussent maussades et pleines de gifles, j'avais intérêt à me détourner de cette Françoise, comme disait péjorativement ma mère. Et si je consentais à renier ma copine pour être agréable à ma mère ? Eh bien, j'allais passer toutes mes vacances à tourner en rond dans le jardin, à attendre ; pour, au final, m'entendre dire que je m'étais vaguement fait une copine dans Cesson mais que j'avais préféré rester à la maison parce que j'étais sauvage.
Oui, voilà comment ça fonctionnait, avec ma mère. Si je ne le comprenais pas bien quand j'avais cinq ans, à huit ans ça devenait parfaitement clair.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie : LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 13 : L'épreuve de la séparation
section 3 sur 20


#mère #sévérité #tristesse #reniement #copine

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SYMPA

C'est alors que tomba la nouvelle : nous allions faire un voyage de classe d'une semaine, en juin, en Alsace, les deux classes de cinquième.
Ainsi, donc, nous partîmes visiter l'Alsace.
Si, le premier jour, nous fîmes visites guidées de musées et autres fadaises du genre, le deuxième jour, ça se passa autrement. On nous fit descendre du car et on nous dit :
« Voilà, on est dans tel bled, y a ça, ça, ça et ça qui peut être intéressant à voir. Maintenant, vous faites ce que vous voulez, vous vous organisez comme bon vous semble. Il est 14h. On se retrouve ici à 17h. »
Je regardai toutes les filles des deux classes de cinquième s'éloigner entre copines et restai plantée là, me disant que moi, je n'avais rien envie de visiter du tout. Mais je ne vis pas Carole s'éloigner comme les autres. Elle laissa ses copines partir sans elle, vint me voir et me dit :
« Tu viens avec moi ?
- Pourquoi ?
- Pour être ensemble. Tu veux bien ?
- Oui. D'accord. »

Je la suivis, tout en me tenant sur mes gardes parce que je la soupçonnais d'être une méchante qui voulait se moquer de moi mais pas du tout. Nous nous assîmes au bord d'un cours d'eau et nous mîmes à discuter comme deux vraies copines.
Moi qui, d'habitude, n'avais jamais rien à dire, avec Carole, la discussion ne tarissait jamais ; tant et si bien que, voyant le temps passer, je finis par l'interrompre :
« Faudrait p't'être qu'on aille faire les visites.
- Tu veux qu'on les fasse ?
me demanda-t-elle sur le ton de la déception.
- Après, on n'est pas obligées de faire toutes les deux pareil.
- Mais si, on reste ensemble.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est plus sympa, tu trouves pas ? »

Si, le fait est que je la trouvais super sympa… et que nous partagions la même envie de ne pas faire les visites. Étions-nous obligées de les faire ? Bah. On verrait bien. Au pire, si les profs nous en demandaient des comptes, on pourrait toujours dire qu'on s'était perdues et qu'on n'avait pas trouvé les lieux à visiter. C'était mon plan, de toute façon, avant que Carole se fût jointe à moi.
Nous reprîmes donc notre conversation paisiblement ; conversation qui ressemblait un peu à un interrogatoire. Je lui posais des questions et, comme elle ne paraissait pas embarrassée à me répondre, je me permettais de lui en poser encore.
Il faut dire que j'étais tellement toute seule en permanence que je ne connaissais pas la vie. À l'école, j'étais tout le temps toute seule et, en dehors de l'école, mes connaissances s'étaient éloignées petit à petit. La solitude de mes longues journées d'école affectaient tellement mon comportement que je ne parvenais plus à avoir un relationnel cohérent, même en dehors de l'école. De fait, j'étais toute seule tout le temps, partout. L'école bousillait toute ma vie.
J'avais envie de savoir ce que c'était que d'être dans la peau d'une fille populaire. Carole, en dehors de l'école, elle fréquentait des garçons, même des blousons noirs. Alors, je lui posai plein de questions et elle me répondit en toute simplicité. Il n'y a qu'à une seule de mes questions qu'elle ne me répondit que par un petit rire entendu :
« T'as déjà roulé une pelle à un mec ? »
Alors je me hasardai à lui poser la question qui m'angoissait par-dessus tout, en notre génération rock n roll :
« Comment tu réagirais si tu t'faisais plaquer par un mec ?
- J'me dis qu'j'aurais dû l'plaquer la première. »

De retour au car, on ne nous demanda aucun compte des visites qu'on avait effectuées ou non. On nous dit seulement :
« C'est juste un peu dommage d'être en Alsace et de ne pas en profiter pour voir ce qu'il y a à voir. »
Le c'est dommage au lieu de ce serait dommage laissait sous-entendre qu'on savait parfaitement que Carole et moi avions passé l'après-midi assises au bord de l'eau. Pour le reste, je n'étais pas du tout d'accord avec le concept. C'est comme si je disais que c'est dommage de vivre au vingtième siècle et de ne pas en profiter pour écouter du rock. Chacun son truc. Même si on est au bon endroit au bon moment pour pouvoir profiter de quelque chose, encore faut-il que ce quelque chose nous corresponde.
Pour ma part, ce qui aurait été dommage, ç'aurait été de perdre mon temps à traîner dans des musées au lieu de profiter de la compagnie que Carole m'offrait ; bien que je n'avais pas l'impression de lui apporter grand-chose en retour.


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
2ème partie :LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 11 : Un mouvement pas rock
section 23 sur 25


#voyage #copine #curiosité #garçons #liberté

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RIEN N'EST MOINS SÛR

Souvent, au moment de sortir en récréation, Marie-Annick passait près de moi pour aller chercher une de ses copines assise au fond de la classe. Ce jour-là, quand elle passa près de moi, nos regards se croisèrent et je perçus d'elle cette pensée :
« Tu préfères rester dans la classe, plutôt que de sortir en récréation, pour être protégée par Murielle ! »
Elle ne le dit pas mais je l'entendis.
Était-ce le cas ? Au fond, si je me sentais mieux dans cette salle plutôt que dehors, cela tenait-il au fait que c'est là que se trouvait la terreur de la classe ? Pas sûr !
La principale de l'établissement, qui veillait particulièrement sur moi depuis le jour où je lui avais confié mes craintes d'être folle et de finir à l'asile, m'avait mise en garde :
« Méfie-toi de Murielle ! Elle pourrait se retourner contre toi, surtout si elle ne te parle pas : tu ne sais pas ce qu'elle a dans la tête. »
Si Murielle se retournait contre moi, j'étais fichue.
Murielle était une fille blagueuse, taquine. Moi, j'étais très fragilisée. À la moindre moquerie, je me mettais à pleurer. À la moindre maladresse de Murielle, la situation pouvait basculer. Si Murielle se moquait de moi et me faisait pleurer, ne serait-ce qu'une fois, les méchantes tenaient leur revanche.
Je me méfiais aussi de l'influence qu'Anne-Marie pouvait avoir sur Murielle. Je trouvais que les regards qu'elle m'adressait étaient de plus en plus froids.
Et puis, Murielle, était-elle gentille ou méchante ?
Quand les méchantes cherchaient des noises à Murielle, elle levait la main et menaçait de distribuer des baffes. C'est comme ça qu'elle était devenue la terreur de la classe. Tout le monde la craignait. Seulement, depuis quelques temps, c'est à Marie-Lise qu'elle s'en prenait.
Marie-Lise, c'était une grande perche, toute maigre, blonde aux yeux verts. Elle était assise juste derrière Murielle. La première fois que j'avais vu Murielle se retourner contre elle, lors d'un interclasse, ça m'avait étonnée. Qu'est-ce que Marie-Lise lui avait donc fait ? Elle était gentille, elle, en principe. D'ailleurs, en réaction à cette attaque de Murielle, elle s'était aussitôt levée, toute tremblante et s'était justifiée, excusée autant qu'elle pouvait. Ça prouvait bien qu'elle ne voulait pas chercher les histoires.
Pourtant, depuis ce jour, Murielle n'arrêtait pas de s'en prendre à Marie-Lise, par facilité, probablement : c'est plus simple de s'en prendre à une fille faible qui ne se défend pas plutôt qu'aux méchantes. Or, la plus faible de la classe, c'était moi. Il n'était donc pas exclu que je fusse sa prochaine victime.
Alors, non. Ce n'était pas pour être protégée par Murielle et Anne-Marie que je restais avec elles dans la classe. Je craignais, au contraire, que ma sécurité auprès d'elles ne tînt qu'à un fil.


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2ème partie :LA PRINCESSE DANS LE DONJON
Chapitre 11 : Un mouvement pas rock
section 15 sur 25


#copine #terreur #protection #méfiance #sécurité

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L'OBSCURITÉ DU BOUDOIR

Qu'allait-il donc se passer après déjeuner ? Caki et Nani allaient-ils, finalement, écouter leur bon cœur et m'emmener faire une promenade en vélo ? Ou bien le désir de bien s'amuser allait-il les pousser sur la place Firmin Mercier ? Ils n'allaient tout de même pas gâcher une pleine journée de vacances à bouder !
À quatorze heures très précises, la cloche du portail sonna. 
« Tiens  ! Qui c'est ça ? »
demanda Maman.
Elle sortit dans le jardin et revint en annonçant :
« C'est Françoise. »
Mon cœur fit un bond dans ma poitrine.
« J’peux aller jouer ? »
En ayant reçu la permission, je me dirigeai vers la sortie aussi vite que je pus, retardée que j'étais par des petits sauts de joie que mes jambes faisaient à mon insu ; jusqu'à ce que, passant devant la porte du salon, je perçus intérieurement que mon attention y était appelée.

« Oui. Quoi ? »
Le salon était plongé dans l'obscurité parce que Maman en avait fermé les volets pour protéger des rayons du soleil. Caki et Nani y étaient installés en silence, l'un bouquinant et l'autre faisant des mots croisés. Visiblement, ils s'ennuyaient comme des rats morts.
En regard de la chaleur extérieure d'où j'étais invitée à jouer, la froideur émanant du salon m'inspirait du remord. J'aurais tant aimé être encouragée par un sourire de mon grand frère et ma grande sœur, un petit signe quelconque témoignant qu'ils me reconnaissaient le droit de sortir m'amuser entre amis, comme ils faisaient eux-mêmes, à longueur d'année, à Courbevoie. Mais non, rien. Au mieux, ma sœur leva brièvement les yeux vers moi et j'entendis son avertissement dans mon cœur :
« Les vacances, ça devrait être pour tout le monde. »
Que faire ?

« Eh ben, dépêche-toi ! Elle t'attend, ta copine. »
me rappela Maman.
Je repris ma course vers la sortie mais, cette fois, en prenant soin d'avoir une démarche bien horizontale, c'est-à-dire sans faire des petits sauts de joie qui auraient pu faire croire à Caki et Nani que je voulais les narguer.
« Les vacances, ça devrait être pour tout le monde. Résoudrai-je cette énigme, moi qui ne suis que la petite sœur ? Après tout, je ne suis plus si petite… »


SEX AND DESTROY un nouveau son rock ?
1ère partie : DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Chapitre 10 : L'héritage
section 14 sur 23


#fratrie #vacances #copine #joie #culpabilité