Nous sommes à l’aube d’un mouvement populaire de défense des forêts.

Gaspard d’Allens, journaliste, auteur de Main basse sur nos forêts et Des forêts en bataille, évoque la nécessité de construire un front commun autour des luttes forestières.

Qu’impliquerait un gouvernement d’extrême droite pour les forêts françaises ? Le Rassemblement national s’en préoccupe-t-il seulement ?
Évidemment que non. L’extrême droite n’a pas de projet pour les forêts. Je ne suis même pas sûr que Jordan Bardella sache qu’une politique forestière existe. Comme l’écologie de manière générale, le sort des forêts n’apparait pas dans le programme du Rassemblement national. Lors de la fameuse soirée organisée par Valeurs actuelles, où le journaliste Hugo Clément est malheureusement allé débattre avec Bardella sur ce sujet, ce dernier n’a pas su répondre aux questions qui lui étaient posées sur les forêts. Pas de doute qu’un gouvernement d’extrême droite irait dans le sens des dynamiques à l’œuvre : accélération de l’industrialisation, concentration des acteurs, répression des militants écologistes… Historiquement, les régimes fascistes aiment les forêts plantées, droites, en rang, au cordeau. Les régimes de ce genre au Portugal et en Espagne ont par exemple participé à d’énormes campagnes de plantation d’eucalyptus sur des forêts existantes, des terres agricoles jugées improductives, des biens communaux.

Et un gouvernement de gauche porté par le Nouveau front populaire ?
Là ce serait autre chose. Déjà, deux points sont dédiés aux forêts dans le programme qui a été publié la semaine dernière : « Protéger la forêt en garantissant la diversité des essences, avec une filière sylvicole respectueuse de la biodiversité et des sols, garantissant les qualifications et les emplois des forestiers » et « rétablir les milliers de postes supprimés dans le service public de suivi et de protection de la nature », notamment à l’ONF. On lit aussi qu’il y aurait un moratoire sur les projets d’autoroute ou sur les méga-bassines. Nous avons su, par nos luttes et nos pressions sur le terrain, imposer ces sujets aux appareils politiques. Les partis de gauche n’ont pas pu faire l’impasse.

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