Je partage un commentaire que j'ai laissé à la suite de cet (intéressant néanmoins) article :
https://monhumbleavis.fr/the-red-pill-ou-la-guerre-des-sexes/#comment-1328

#féminisme #masculinisme #égalité etc.

Bonjour,
Merci beaucoup pour cet article et tout votre ouvrage de réflexion, c'est très stimulant. Je suis tombé sur cet article après une recherche sur la grossophobie et un détour par le libertinage ^^

Mais là je commente parce que c'est un sujet que je connais assez bien.
Quoique border-queer, je suis un homme cis, initié même par un réseau qui a longtemps été vu à juste titre comme mascu - c'est beaucoup moins vrai à présent - le MKP... tout en me disant - à la suite de ma mère et de bien des ami-e-s depuis - féministe.
J'ai fait le test (https://test.psychologies.com/tests-moi/tests-de-comportement/quelle-feministe-etes-vous) et psychologies mag me l'a certifié : "je suis une vraiE" lol. Blague à part je préfère ce test-ci, qui m'a appris plus de trucs : https://www.tdg.ch/_external/interactive_wch/tdg/2019/feminisme/index.html
En effet, autant le masculinisme est plus ou moins affiché ou violent mais quand même le plus souvent inconscient, autant le féminisme ne peut guère être que lucide dans une société qui demeure - navré chère madame et pour simplifier quand même - hautement patriarcale. La question n'est pas tant "être féministe ou pas" en effet (surtout quand on est une femme et qu'on a un brin de bon sens, comme vous le signalez au début de l'article) mais "dans quel féminisme pouvons-nous nous reconnaître".
Il va de soi que les pouvoirs en place n'ont pas intérêt à ce que cette discrimination là (intelligente) puisse se faire : à l'évidence elle les dessert et ils ont tout intérêt à entretenir le féminisme rageux et bête (certes il y en a hélas, mais c'est si minoritaire dans les courants de pensée) et à mettre en avant les actions violentes ou extrêmes, sans leur donner posément la parole, sans expliciter les causes, etc.

Deux distingos qui me semblent essentiels (et non pas essentialistes) - et qui dans votre article parfois m'ont semblé un peu tangents - c'est celles qu'il faut faire :
- entre "les femmes" ou "les hommes" ou "les enfants" et "les autres personnes non-binaires", en tant que personnes sociales, acculturées (ça vous le remarquez, merci) mais aussi singulières (avec tous les écarts-non-types que ça peut représenter selon l'époque et les milieux) et "les hommes, les femmes et les autres" en tant que populations biologiques. On en parle évidemment pas pareil, si on regarde le genre ou si on regarde le sexe (pour faire simple : science plus ou moins exacte et en tout cas clairement discrinante d'un côté, construits sociaux et psychologie complexe de l'autre).
- davantage encore entre "les femmes les hommes etc." et féminité vs masculinité / virilité. Ça joue une complexité parce que beaucoup de femmes par exemple sont aujourd'hui masculinistes... et quelques hommes, plus ou moins efficacement, parviennent à être féministes. Sans parler de leurs qualités respectives de sensibilité ou de leadership einh ^^
Cf. le livre (d'un homme) "De l'ennemi principal aux principaux ennemis"

Croire que le patriarcat est une réalité qui serait derrière nous, selon moi c'est de la naïveté politique, non seulement à cause des - très différentes implications concrètes même en france des - différents chiffres, mais surtout à cause des mentalités.
Certes on souffre du patriarcat autant et plus parfois peut-être - en particulier dans nos jeunes années ? dans les familles ? et en lien avec les institutions et systèmes liées au foyer ou à l'économie domestique - chez les garçons et les hommes que chez les filles et les femmes. Rappelons en passant qu'on ne naît pas non plus homme, on le devient, tout pareil : la célèbre phrase n'est pas la conclusion mais juste le tout début du Deuxième sexe - car nous ne sommes que construits sociaux, et non pas car nous avons à conquérir notre identité (contresens courant de la fameuse phrase qui se décline même d'ailleurs en t-shirt sur les poitrines, comme quoi le capitalisme fait vraiment feu de tout bois, même quand il est vert et humide).
Certes nous cherchons l'égalité - cf https://lesuperflux.fr/affiches-et-tracts/liberte-egalite/ sur le danger de s'en tenir à ce qui serait "équitable"... pour qui ? - non pas pour les droits d'un sexe plutôt que d'un autre mais pour les droits humains en général. Ce n'est pas forcément absurde de vouloir, en la matière, faire passer "les femmes et les enfants d'abord" pour restaurer 10000 ans de déséquilibre mâle (quand même), mais c'est un autre débat.

Ce qu'il faut comprendre c'est que l'enjeu dépasse de loin la sphère domestique, nos petits nombrils et nos difficultés personnelles de couple genre "mars ou vénus". De très très très loin. Ça affecte notre façon même d'être au monde, dans les moindres de nos actes, de nos paroles, de nos positionnements sociaux et intimes, de nos choix. Ça va de notre façon de faire l'amour à ce qu'on achète au supermarché en passant par ce qu'on croit, ce qu'on sème, comment on accompagne les jeunes personnes et les vieux/vieilles, etc.

Le patriarcat, c'est le pouvoir... des pères, étymologiquement ! et non des hommes. Il y a deux dominations dans le patriarcat :
- la domination masculine - qui même si des avancées ont lieu est toujours systémiquement bien plus significative que les "lignes souples" qui viennent l'équilibrer, et pour cause, ô Causette ! même si je vous rejoins sur le fait qu'il faut sortir des postures victimistes victimaires et victimisantes.
- et la domination adulte, qui est la plupart du temps carrément zappée... cf par exemple https://enfance-buissonniere.poivron.org/

En ce sens, le matriarcat n'est pas le contraire du patriarcat, et n'a d'ailleurs jamais existé (pas plus que les amazones par exemple, telle que les mythes mâles les dépeignent pour servir de repoussoir, stratégie classique). Tout simplement parce que les mères n'ont pas besoin de marquer leur descendance au fer rouge ("fiction du nom" et cie) pour s'assurer d'en être bien propriétaires ! elles les portent et les mettent au monde.
En ce sens, féminismes différentialistes, intersectionnel, pro-sexe, universaliste ou pop' peuvent se rejoindre dans cette radicalité : nous sommes tou-te-s passées par une matrice ! Une vraie... et nous avons tou-te-s eu une enfance... sauf les machinEs de guerre.

Allez, plutôt que des docus post-matrixiels tendance, reprenez plutôt une bonne tranche de dessin animé, mattez Dilili à Paris (^;

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