L’EVAPORE

Je m’appelle l’évaporé……..et je suis mort……

Au détour d’un chemin, en route pour faire visite, mon corps s’est évaporé, seul est resté l’étonnement du départ.
Mon parcours en ces terres croisa de nombreuses rencontres.
Jeune adolescent rêveur et rebelle au fond de la campagne, je fus séduit par le passage de saltimbanques animant les villages.
Je les suivit, devins le clown blanc de la bande, coiffé d’une houppe de cheveux taillés à l’iroquoise.
Je m’énamourais d’une colombine fière et suave.
Émoi saugrenu qu’elle repoussa d’un regard tranchant.
Toisé d’un tel dédain je résolus ma peine d’un départ soudain.
A peine les quatre marches descendues du tréteaux je repris la route en quête d’autres bonheurs.
Courant les plaines parmi les hardes de chevaux, un palefrenier à l’œil vif m’embaucha comme aide auprès de ses coursiers.
Ma fière allure d’iroquois plut aux fringants chevaux autant qu’aux poneys.
La vie coulait des jours heureux, brosser les cuirs,pailler, apastourer, caracoler au galop.
A tel point que les plus fiers ne laissaient plus monter d’autres que moi.
L’œil vif se voila d’amertume.
Un soir enfin, après des remarques amères je disparus des écuries.
Bien d’autres rencontres illuminèrent mon errance et toujours l’éclat s’en fut avec le temps.
La crête d’iroquois s’effilocha en maigres poignées hirsutes.
Le cheveu ne blanchit pas, il jaunit à loisir.
Enfin, un jour, aide menuisier je porte une fenêtre pour une maison lointaine.
Je franchis des rivières, des bois, des prés austères.
Je me repose un brin.
Mon cœur se serre.
Mon corps se défait, se délite par petits bouts fondant dans l’air, s’évaporant dans l’azur.
Je suis l’évaporé, ma course fut trop brève.
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