Les jardins ouvriers déjouent la malédiction des pauvres.

Faïza Guène

Ce n’est pas juste un carré vert où l’on fait pousser des plantes. C’est l’endroit où les parents prennent leur respiration, un lieu familial, où l’on ne se sent jamais isolé.
Les jardiniers mitoyens se parlent et développent des liens de solidarité forts. Des dialogues qui seraient impossibles, en dehors de ces espaces, naissent : ma mère discute avec des gens de tous âges, des Blancs, des Noirs, des Arabes, des Portugais, des Espagnols.
Ils s’échangent des graines, se donnent des conseils et se prêtent des outils. C’est comme si, dans ces jardins, les liens sociaux se resserraient.
Cet espace est leur seul petit luxe au milieu des grands ensembles, leur seul morceau d’extérieur.
On a vraiment tenté de leur arracher quelque chose de fondamental, un endroit qui leur permet de déjouer la malédiction des pauvres, celle de vivre dans un univers artificialisé, où l’on mange mal, parce qu’on n’a pas les moyens d’aller à la Biocoop.
Ces lieux sont des manières de rééquilibrer socialement les choses, d’oublier les humiliations, les rêves abandonnés en route et de se décharger du poids des sacrifices. Il y a un sens politique à les sauvegarder.

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