Ce que disent – ou pas – les féministes de la situation afghane
Les talibans boivent, les femmes vont trinquer ! La situation politique fait craindre le pire pour les filles et les femmes afghanes. Où en est la solidarité internationale du côté des associations féministes ? À #Charlie, on a comparé Osez le féminisme ! et Lallab. Et vous n'allez pas le croire : certaines causent, d'autres pas.
Pauvres parmi les pauvres, les #femmes afghanes qui vivaient déjà dans un pays pas marrant vont de nouveau connaître l’enfer sur terre. Vingt ans après avoir été contenus hors du pouvoir, les fascistes verts reviennent en force. Le retrait américain a signé l’avancée inexorable et rapide des talibans qui viennent de prendre la capitale, #Kaboul. Départs paniques d’Ashraf Ghani, le président afghan, des ressortissants étrangers, scènes de chaos sur le tarmac de l’aéroport… L’Afghanistan replonge dans le cauchemar #taliban.
Heureusement, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est emparé du sujet. Dimanche 15 août, dans un communiqué, il s’est dit « particulièrement préoccupé par l’avenir des #femmes et des filles, dont les droits durement acquis doivent être protégés ». Le même a appelé les #talibans et toutes les autres parties afghanes « à la plus grande retenue ». Ce qui, comme tout le monde sait, est l’une de leurs caractéristiques.
Lois débiles, #barbarie moyenâgeuse, amputations pour les voleurs, #lapidations ou coups de bâtons en spéciale dédicace aux femmes… Les talibans sont ces barbares que le monde entier devrait condamner. Raté, la Chine caresse déjà la barbiche des fous de Dieu dans le sens du poil, espérant des relations – commerciales ? – pacifiées avec les nouveaux patrons afghans. L’ONU s’indigne, les États-Unis s’en branlent, Macron va parler ce soir… Bon. Et du côté de la société civile et des associations féministes, ça bouge ?
Un balayage rapide des réseaux sociaux en général et de Twitter en particulier montre que pas tant que ça. Exemple délibérément de mauvaise foi avec deux organisations : Osez le féminisme ! et Lallab.
Osez parler
Elle est sans doute l’une des premières à dégainer de cette manière sur Twitter, l’association #Osezleféminisme ! a réagi à la situation catastrophique en Afghanistan avec un thread et les hashtags : #Afghanistan et #AfghanWomen. « Sororité avec les femmes afghanes face à l’extrémisme et la #misogynie. Relayons l’appel de l’association Negar », peut-on ainsi lire.
#Afghanistan #AfghanWomen 🚨
Depuis hier, les Talibans contrôlent ⅔ du territoire et ont envahi la capitale du pays, Kaboul.✊
Sororité avec les afghanes face à l'extrémisme et la misogynie. Relayons l'appel de l'association Negar : https://t.co/KsskxKc1DT pic.twitter.com/76eQqVp22H
— Osez le féminisme ! (@osezlefeminisme) August 16, 2021
L’appel en question est un texte vibrant qui exhorte « les activistes féministes de France, d’Europe, d’Asie, d’Amérique et d’Australie mais aussi tous et toutes les défenseurs et défenseuses des droits humains à la mobilisation au secours de l’ #Afghanistan et de ses populations les plus menacées, les femmes et les enfants. »
L’association cite aussi des paroles de femmes afghanes comme #MariamAtahi, militante des droits des femmes qui craint « d’être punie par les talibans, parce que depuis 20 ans, elle a défendu les droits des femmes, allant à l’encontre des idéologies et pensées des talibans ».
Osez se taire
Qu’en est-il du côté de Lallab, association « #féministe et antiraciste dont le but est de faire entendre les voix et défendre les droits des femmes musulmanes » ? Autrement dit, des statuts, pile poil dans le sujet puisque les femmes afghanes sont en quasi-totalité musulmanes. Hélas, leur Twitter semble en vacances depuis le 24 juillet. Et le dernier tweet en date reprend un article de Mediapart sur l’adoption définitive de la loi séparatisme.
L’occasion pour Lallab de dénoncer des discours sexistes et islamophobes qui représentent une menace pour le droit des #musulman.e.s. Un peu plus loin, on peut lire : « les femmes #musulmanes se voient contraintes , pour se préserver, de redoubler d’efforts pour se conformer à des attentes intenables (…) ». Lallab parle-t-elle à demi-mot de cette Afghane rouée de coups en place publique et qui se repend entre deux cris déchirants de sa faute : avoir osé parler à un homme au téléphone ? Pas tout à fait. Il est plutôt ici question du renoncement à la religion, à l’identité, à la culture, aux vêtements que l’horrible état républicain et laïque imposerait aux musulmanes de France.
On a hâte du retour de vacances des défenseures du #burkini et autres « choix vestimentaires » comme le voile pour que ces militantes intersectionnelles rejoignent la condamnation sans faille, progressiste et universaliste qui s’impose face à la loi de fous de Dieu et arrêtent de ressembler à ces singes chinois : pas vu, pas entendu et rien à dire dès que la religion musulmane est en cause dans la négation des droits des femmes. •
Mise à jour 17/08/2021 – Quelques âmes sensibles se sont émues de notre article et nous exhortent de le supprimer. On leur conseille de le lire jusqu’au bout. Ils y verront : un l’aspect satirique revendiqué, deux le présupposé des vacances de l’association #Lallab (exprimée sur Instagram par l’association mais qui nous avait échappé : mea culpa !). Quant à l’impossibilité des membres de Lallab de poster ou retweeter quelques mots de soutien envers la catastrophe qui attend les #Afghanes, cela pose question, surtout pour des personnes qui ont habituellement le réseau social réactif.