Auschwitz

Malheur à celui qui survivra au récit de notre mort
Ils ont confisqué le pouvoir de nos doigts,
Éteint la lumière de nos regards.
Puis ils nous ont poussés jusqu’à une porte noire
Et laissés là avec le vent pour écharpe.
Nous avons grandi à Auschwitz, dans la cendre des chevelures calcinées.
Nous avons été brûlés, mais nous n’avons pas brûlé.
Fouillant la terre de nos dents, nous sommes parvenus jusqu’à nos racines.
La terre ne nous a pas avalés, les eaux ne nous ont pas emportés.
Entre la braise et le cri, nous avons apprivoisé l’enfer.
Abolissant en nous le temps, nous avons redonné vie à nos ombres.
Plutôt que des crimes, nous nous souvenons de l’amour.
Et lorsque nous prenons une poignée de cendre fraîche,
Nous voyons encore en elle le feu noir,
Ou nous nous disons en secret que nous pourrions le voir.
Rajko Djurič, La littérature des Rroms, Sinte et Kalés, Paris, Inalco, 2007, traduction de Marcel Courthiade

https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2023/06/15/auschwitz/

#international #rrom #extermination

1

There are no comments yet.