UNE ORQUE DANS LA SEINE
Vous êtes nombreux à vous émouvoir et à vous inquiéter du sort d'une #orque qui évolue dans la #Seine depuis plusieurs jours et dont l'état de santé se dégrade au point que son pronostic vital est désormais engagé.
De nombreux messages nous interpellent sur la façon de lui venir en aide.
Tout d'abord, la priorité est que chacun garde ses distances. Si la curiosité est compréhensive, celle-ci est aussi invasive. La loi interdit de déranger intentionnellement les mammifères marins mais nous en appelons également à la responsabilité de tous ceux qui "lui veulent du bien". En effet, comme souvent, aimer les animaux sauvages, c'est les aimer de loin. C'est particulièrement le cas pour les animaux blessés, malades ou en détresse pour qui une dose supplémentaire de stress peut être fatale.
Voilà qui complique donc énormément la prise de décision sur la meilleure chose à faire pour lui venir en aide. L'approcher pour tenter de l'aider à rejoindre la mer est tentant mais pourrait aussi avoir des conséquences dramatiques et précipiter sa fin s'il s'avérait que le stress provoqué par l'opération était trop important. Dans le même temps, une orque ne peut rester qu'un temps limité en eau douce et des mycoses sont déjà visibles, témoignant de la dégradation de l'état de sa peau, au même titre que son état général. Son aileron dorsal est désormais complètement affaissé, en raison de la faible profondeur du fleuve qui ne permet pas à l'orque de faire des plongées suffisamment profondes. Cet aileron dorsal affaissé se retrouve chez toutes les orques captives, confinées dans des bassins qui ne répondent pas à leurs besoins physiologiques les plus élémentaires. Il est donc essentiel que cette orque puisse rejoindre la mer au plus vite pour avoir une chance de survivre.
Les membres du #GECC (Groupe d’Etudes des Cétacés du Cotentin) multiplient les missions d’observations et ont fait part de leurs grandes inquiétudes que nous partageons. Les scientifiques et spécialistes se réunissent ce jour avec les services de l’état pour voir si des actions sont possibles et si le rapport bénéfice/risque est en faveur de l'orque. La triste réalité est qu'aucune décision n'est simple à prendre et aucune ne peut garantir que l'orque survivra.
Beaucoup s'interrogent sur les raisons de la présence de cette orque dans la Seine. Plusieurs hypothèses sont possibles mais là encore, aucune certitude. Il se peut que ce jeune mâle ait été chassé de son groupe par la #matriarche à la mort de sa mère, ou encore qu'il ait été exclu en raison d'une maladie. Les orques forment des groupes dont les mœurs et les structures sociales sont complexes. Nous peinons à les appréhender dans leur globalité et les observations à long terme en milieu naturel, seules à mêmes de comprendre leur vraie nature, sont difficiles à réaliser.
Quelles que soient les raisons de la visite de cette représentante du plus grand prédateur des océans, elle nous interpelle.
Sa visite impromptue nous rappelle que l’ #océan est peuplé de créatures merveilleuses dont nous avons tendance à oublier l'existence et qui sont pourtant directement impactées par nos modes de vie et nos choix de consommation : surpêche, pollution, saumon d'élevage dont la consommation explose et dont l'impact sur les orques risque d'être fatal. (Voir notre campagne #VirusHunter). Chaque jour, #orques, #dauphins, #baleines et #requins meurent loin de nos yeux et de nos consciences sans que nous ne percevions le lien qui nous unit, pour le meilleur et pour le pire. Cette orque qui vient jusque dans nos villes est malgré elle, une ambassadrice de l'océan, représentante de la beauté du monde marin dont nous nous sommes coupés. Nous espérons de tout cœur qu'elle survivra à son incursion dans les terres et qu'elle ne connaitra pas une fin tragique. Mais quelle que soit l'issue, peut être aura-t-elle aidé à toucher le cœur des gens afin qu'ils protègent mieux le monde dont elle vient, l'océan, notre berceau à tous.