Nous, le dogme économique.
Notre objectif est de contrôler le plus grand nombre, à la fois par la réalité de la consommation et par des valeurs destinées à l’esprit.
Pour parvenir à cela, notre travail est des plus complexes.
Nous savons que l’intérêt de l’humain n’est attisé que par l’activation de son narcissisme, ce que nous appelons « l’effet miroir ». L’humain est tellement égocentrique qu’il veut voir son image et son devenir, aussi souvent que possible. Ainsi l’humain a la sensation d’exister tout en se projetant dans l’avenir où il sera transformé en mieux.
Notre travail est donc d’activer ce narcissisme pour capter son attention. Une fois son regard et son esprit disponible nous lui présentons le produit et les valeurs que nous voulons qu’il attache à son identité. Nous captons son narcissisme et par petites touches, nous modifions l’humain avec son accord volontaire et implicite par la promesse d’un avenir meilleur, d’une identité transformée par nos produits et valeurs.
Cela est volontaire et implicite car l’humain pourrait détourner son regard, mais la plupart resteront sous notre contrôle, volontairement car nous possédons l’essentiel des leviers du réel. Parce-que l’humain est captivé par son image et nous savons cela.
L’humain est en quête de lui-même, certains le savent mais la plupart l’ignorent et c’est à ceux-là que nous nous adressons. A ceux-là nous proposons un imaginaire sur mesure dont la seule intention est d’orienter l’esprit sur la consommation mais aussi et surtout sur les valeurs économiques qui impliquent la consommation de nos produits.
Pour qu’un humain accepte de consommer un énorme 4x4 alors qu’il va polluer, alors que les villes n’ont plus de place pour ces engins, alors que la population s’appauvrit, alors que l’essentiel de l’humanité n’a pas de quoi se déplacer et souvent pas de quoi manger, il faut que cet humain ait accepté un certain nombre de valeurs implicites qui le dés-inhibe de toute responsabilité envers l’humanité et l’environnement. Il faut que cet humain là n’ait dans son champ de vision et dans son esprit, que son image narcissique sublimée par l’achat de ce 4x4.
Il faut que cet humain enfouisse les valeurs de la vie et de l’humanité au plus profond de lui-même pour ne voir que les valeurs que nous lui avons distillées depuis sa naissance via les écrans, les discours politiques et informatifs. Avec ce 4x4 vous êtes la réussite incarnée de nos valeurs, vous êtes un dominant, comme nous.
Vous le savez, l’essentiel des valeurs humaines d’aujourd’hui sont économiques et c’est notre grande réussite. Sans ce travail fondamental de l’esprit humain, nous ne parviendrions plus à vendre la consommation comme seul acte de vie positif et signifiant.
Tout est maintenant sous notre contrôle.
L’humain, le politique, les média, les écrans, l’imaginaire, les rêves… tout cela n’a de sens aujourd’hui qu’avec l’association du mot « argent ».
Nous travaillons activement à finir ce travail. Les notions les plus délicates à contrôler et à accoler à l’économie sont, la joie, l’amour, la vie.
Une simple réflexion humaine parvient à balayer notre travail sur ces notions.
Mais nous persévérons. Une proportion grandissante de l’humanité « croit » grâce à nous que ces trois notions sont indissociables de l’argent. Nous travaillons en particulier sur les enfants car ils sont l’avenir.
Comment un enfant pourrait-il être « heureux » ou « aimé » de ses parents si ceux-ci lui refusent l’achat d’un téléphone portable ou d’une console de jeux ?
Nous privatiserons l’éducation et orienterons les savoirs sur nos valeurs. Le savoir universel n’est simplement pas rentable, il permet aux humains de se découvrir et de se libérer. Il met en danger notre réalité économique et notre productivité. Nous seuls décidons du chemin de l’humanité.
D’ailleurs nous privatiserons tout, jusqu’à ce que la réalité économique gagne chaque parcelle du réel. Nos valeurs doivent triompher et alimenter davantage encore le sommet de la pyramide.
Il y a longtemps, nous avions réussi à faire croire aux humains que « la vie » était intimement liée au « travail ». Ce temps est révolu, aujourd’hui la « vie » humaine est uniquement liée à la notion économique de « l’argent ».
Aujourd’hui la finance détient le réel. Nous sommes la finance.
Aujourd’hui le virtuel possède le réel, nous avons gagné grâce à notre dogme économique. Nous sommes le virtuel.
L’humain a tellement intégré nos valeurs économiques que s’il ne possède pas « d’argent » il trouvera normal de ne pas pouvoir « vivre ». L’abondance il la percevra pour les autres et sa conscience ne se rebellera pas, il acceptera de ne plus « être » de notre réalité, voir de « disparaître ».
L’humain n’a d’épaisseur aujourd’hui que dans sa capacité à partager nos valeurs et à les vivre par l’argent. Sans argent l’humain n’existe plus aujourd’hui et c’est normal. Nous sommes la norme.
La croissance est notre croissance. Nous sommes la croissance.
Nous parlons de la vie mais en fait nous la détruisons car elle barre notre route vers le pouvoir absolu sur la matière et sur les esprits.
La vie mène l’homme vers une recherche unique et singulière de lui-même, nous lui mentons donc et lui présentons sur son miroir sa singularité supposée pour mieux l’uniformiser mentalement.
Nous n’aurons de cesse de lui faire croire en sa grandeur et sa culture, pour mieux le niveler en l’associant à une sous-culture de masse que nous maîtrisons et qui forme l’essentiel de nos productions. Les humains auront les mêmes fantasmes, les mêmes rêves, les mêmes stars, les mêmes habits, les mêmes produits que nous avons prévus pour lui. Par l’affectif, nous attachons les humains à nos produits et limitons son imagination pour mieux le contenir sur ces mêmes produits. A défaut de produire des objets différentiés et coûteux, nous nous attachons à façonner un humain uniforme qui consomme nos produits identiques et peu coûteux.
Nous marquons tout de notre sceau, les esprits et la matière. Notre marque est une véritable pollution mentale et matérielle mais nous présenterons cela comme étant une formidable réussite, un accomplissement positif.
Nous associerons nos marques à tous les événements joyeux comme ceux du sport, puis nous en ferons un masque qui recouvrira toutes nos réalités économiques profitables, tristes et sombres, au risque de pourrir tous les sports et finalement toutes les joies. Mais nous sommes comme ça.
Nous avons pollué l’eau douce mais aussi l’eau de mer. Nous avons pollué la terre et l’air. Nous polluons jour après jour le corps des humains de la Terre et nos corps aussi. Nous faisons disparaître chaque jour des espèces animales et végétales car elles n’entrent pas dans notre réalité économique, mais nous les protégeons si elles nous sont profitables.
La vie nous embarrasse, elle se répand gratuitement et de fait, remet en cause symboliquement notre dogme économique.
Nous éradiquons la vie de l’esprit des humains mais nous nous savons limités dans cette oeuvre, car notre propre existence est alors en danger. Cela ne nous arrête pas.
Notre priorité absolue est le sommet de la pyramide, nous voulons y rester, nous refusons de partager, nous voulons le contrôle, nous voulons être ce que nous ne pouvons pas être, un être suprême incarné et dominateur. Nous sommes le début et la fin.
Parce que l’économie est la seule valeur qui nous porte à posséder tous les contrôles sur l’humain et sur la matière nous acceptons le prix de la destruction de la vie.
Nous nourrissons les riches qui eux-mêmes nous nourrissent. Nous produisons symboliquement des obèses égoïstes qui consomment ce qui manque à ceux désargentés qui se meurent. Finalement nous appauvrirons le monde au bénéfice d’un seul.
Nous effaçons de l’esprit humain l’idée qu’il lui faut peu pour vivre : une habitation, de la nourriture, de l’eau et des liens humains pour se construire une identité humaine.
Nous effaçons tout cela pour générer en lui un manque profond de toutes les choses matérielles que nous produisons et nous le faisons douter devant son miroir. Es-tu si beau et intelligent que cela humain ? Puis, nous le rassurons en lui montrant la voie économique comme seule réalisation possible de son identité. L’école du commerce est ta maison. Nous sommes ta maison.
Ce faisant, nous remplaçons les « liens humains » qui construisaient en lui une identité solide et l’unissait aux autres, par un sentiment aliénant de manque et d’avidité en même temps. L’autre n’est plus l’ami, il est celui qui peut lui prendre sa place et les objets qu’il convoite.
Nous avons créé des écoles de commerce pour nos enfants les plus doués. Nos enfants sont nombreux et de plus en plus doués. Nous sommes vos enfants.
Voyez nos caricatures vivantes aussi, pétries de notre sous-culture économique unique.
Voyez ces gens simples d’esprit qui n’ont eu ni l’occasion de se construire, ni les moyens d’y accéder. Ils sont nos créations monstrueuses, nos fidèles serviteurs, terriblement serviles à nos valeurs et terriblement dangereux tant le néant qui les habite anime en eux une terreur profonde. Ils marchent dans nos villes couverts des marques les plus connues, des multinationales les plus puissantes. Ces marques sont sur leurs fronts, dans leurs têtes, dans leurs dos, sur leurs chaussures et ils sont prêts à tuer pères et mères pour leurs chaussures… pères et mères.
Nous sommes le père nouveau et nous sommes la nouvelle mère .
Ils vivent sous couvert de nos marques et de nos valeurs, ils sont nos enfants. Ils sont tellement vides qu’un seul regard vers eux peut vous mettre en danger, tant ils ont peur que vous les perceviez pour ce qu’ils sont, nos enfants, nos valeurs, le néant.
Vous êtes notre aliment prédateur. Nous sommes la prédation.
Car je vous le dis, nos valeurs sont celles de l’économie et ni le père ni la mère ne nous arrêtent. Si leur faiblesse est véritable et que par leur absence ils nous abandonnent leurs enfants un temps, alors nous ferons ce travail qui est le nôtre. Nous constituerons une jeunesse armée de nos valeurs économiques, et cette jeunesse là n’aura qu’un seul mot en tête : argent.
Nous avons les moyens de cela, nous entrons dans vos foyers pas les écrans, les paroles, les images, Nous sommes là.
Ces enfants là feront à un niveau misérable ce que nous faisons au plus haut niveau et avec la même malhonnêteté.
Car il vrai que le sommet de la pyramide rejoint sa base la plus miséreuse, celle qui cherche son identité et qui faute de mieux partage nos valeurs sans aucun recul. Ils sont nos plus fidèles croyants. Nous sommes ceux qui produisent ces valeurs, eux les subissent dans une violence incroyable, mais jamais leur conscience ne viendra les secourir… le piège est clos.
Il n’y a pas de solution pour ceux restés dans le cadre que nous avons dressé. Le cadre est clos.
Nous avons clos le monde de la matière puis scellé de nos valeurs, nous avons fait cela, nous l’avons fait ensemble.
Autour de l’humain nous avons dessiné à la craie un cercle qui épouse la forme de la Terre et dont personne ne parvient à s’échapper. Car voyons ! Qui peut s’échapper de la réalité ?
Dans ce cercle il y a l’humain moderne que nous avons créé, un humain qui a échangé son cœur par une pièce d’argent. L’humain « croit » maintenant que cette pièce est sa seule richesse, abandonnant son cœur et la vie qui l’anime en échange de notre réalité économique. Nous sommes la conversion.
Nous transformons les cœurs humains en pièces d’argent froides et métalliques, nous transformons votre sang et donnons à l’humain l’impression d’être supérieur aux autres, d’être unique dans l’unicité que nous produisons.
Nous dominons le monde par nos valeurs et notre réalité.
Nous avons organisé à l’échelle de l’humain un système de valeurs et de réalité que nous avons réussi à vendre comme un « mode de vie » où la vie est absente.
Nous avons réussi l’impensable, l’accomplissement d’une réalité injuste et inéquitable où seul l’argent décide de la destinée des humains.
Nous avons réussi à contenir les affamés devant l’abondance des pommes, nous avons réussi à les diriger vers la mort pour que le cours des pommes soit plus profitable.
Aujourd’hui notre police fait appliquer la loi économique sur notre territoire.
Aujourd’hui nos armées investissent des pays étrangers pour en contrôler les richesses. Nos armées sont celles de gouvernements qui nous servent car aujourd’hui le véritable pouvoir n’est plus politique, il est économique. Nos serviteurs sont à ce jour ceux qui gouvernent et partagent avec nous le sommet de la pyramide.
Des lois simples formant un début d’équité pourraient être votées, par exemple autoriser dans une entreprise un écart de salaire maximum de 1 à 20 et interdire un écart supérieur. Mais notre emprise sur les esprits est tel que personne n’a conscience que cela est même possible. Et puis nous ne valons pas 20 ni 100 ni 1000 humains, car notre avidité est sans limite et la réalité nous appartient.
Enfin nous avons cimenté le tout par la peur et par l’évidence. L’évidence du dogme.
Si les humains avaient eu confiance en eux, aucune de nos valeurs économiques ne serait parvenue au réel. Les humains libres nous auraient alors soignés, nous les malades assoiffés… mais nous avons gagné et nous sommes la réalité.
Nous avons un peu partagé nos richesses dans le passé et pendant cette période, les humains nous ont fait confiance. Ce fut le moment idéal pour installer définitivement notre réalité et ses valeurs.
Maintenant qu’aucune autre réalité n’est concevable, nous avons tout pouvoir pour réduire l’humain à notre contrôle absolu. Notre réalité économique arrive maintenant à un stade où de plus en plus d’humains en seront exclus. Mais notre pouvoir est maintenant installé et rien ni personne ne pourra y toucher, ni même l’envisager. Nos meilleurs défenseurs étant ceux que nous avons asservis, c’est à dire l’essentiel des humains, vous, moi, du plus riche au plus pauvre, nous partageons le dogme commun : l’argent.
Il n’y a pas de barrière à notre volonté absolue. Nous écarterons pères et mères, nous éloignerons l’humain de l’humain et finalement nous détournerons l’homme de lui-même.
Nous voulons effacer les singularités pour créer une humanité homogène et servile qui consomme ce que nous donnons à consommer, qui se façonne de ce que nous lui donnons vivre, et qui vive en dehors de la vie, au sein de notre réalité économique.
Nous voulons une humanité sans créativité car nous sommes sa créativité.
Nous voulons une humanité sans réflexion car nous somme sa réflexion.
Nous voulons que tous les yeux et les esprits soient liés à nos écrans, nos discours, nos valeurs économiques sans que personne ne perçoive que notre force est là, faire accepter un système sans jamais en parler.
Parle t-on de changer la respiration ou la soif ? Pourquoi donc parler de la nature même de la pensée humaine que nous avons conquise ? La pensée est économique et c’est ainsi.
« La réalité économique » est « la réalité » dans l’esprit des humains et rien n’existe en dehors de cela. Qui inventera une autre réalité puisque nous possédons tout de la matière, des esprits et de leurs rêves.
L’humanité se réalise par nos valeurs, même si finalement elle se déshumanise.
Nous créerons autant de masques que la conscience humaine exigera de nous, pour nous faire accepter en elle et qu’elle nous suive aveuglement.
Nous présenterons toujours masques et sourires pour obtenir votre confiance et nous mangerons votre esprit et plus encore celui de vos enfants pour garantir notre pouvoir, notre avenir.
Nous vivons en fait dans l’obscurité, la haine et le mensonge, mais nous ne sommes rien sans vous qui partagez nos valeurs sans le savoir.
Nous masquerons les liens qui unissent la vie et les hommes car nous les avons remplacés par des liens économiques. Vous n’êtes responsables ni coupables de rien puisque nous avons tout effacé.
Nous cacherons toujours qui nous sommes en vérité.
Si nous sommes découverts, que des images véritables commencent à éclairer les consciences, nous détournerons vos regards et votre esprit vers des boucs émissaires ou pire, nous vous renverrons votre image et votre responsabilité commune, car vous le savez comme moi, je ne suis rien sans vous, car vous et moi nous garantissons la pérennité du système économique par un accord implicite.
Le système économique est si absurde et inhumain que si vous le compreniez, il s’effondrerait de lui même sur sa propre absurdité. Il demeurera opaque à votre esprit. Nous sommes l’opacité.
Rien n’est véritable dans le système économique si ce n’est la croyance dogmatique de ceux qui y participent.
L’argent est une illusion totale et nous sommes parvenus à faire croire en cette illusion grâce à la preuve matérielle qu’est la consommation. L’humanité « croit » en l’argent et nous concurrençons Dieu à l’échelle du monde.
Nous avons remplacé la créativité humaine par le renouvellement permanent des produits de consommation, car nous sommes la créativité. Nous étouffons l’esprit ouvert par des désirs orientés et canalisés. Nous faisons courir les yeux avides sur mille nouveautés pour empêcher l’esprit de s’arrêter, de comprendre, de respirer la vie véritable. Nous sommes la vie.
Comme le Christ, nous faisons des miracles mais les nôtres n’ont rien d’altruistes et sont de purs produits narcissiques. Nous transformons le miséreux en millionnaire, il lui suffit de gratter un ticket de jeux. Là encore notre réussite est totale car même sur cet exemple nous parvenons encore à appauvrir les miséreux en enrichissant un seul des leurs. Vous en redemandez. Vous êtes, nous sommes ainsi.
Notre miracle a un prix. Le prix de nos valeurs et du système économique tout entier.
Rien ne survivra à notre prédation, ni l’esprit humain, ni la réalité humaine. Mais c’est plus fort que nous. Vous avez accepté de laisser le pouvoir à ceux dont l’esprit est assez malade pour avoir inventé une telle réalité, la réalité économique, et nous la partageons, ensemble.
Voyez tous ces pauvres humains qui se battent dans le cadre de nos règles injustes et inhumaines. Jamais ils ne sortent du cadre tellement ils ont peur de devoir tout réinventer, tellement ils ont peur de découvrir qui ils sont en vérité, tellement ils ont peur que leurs enfants ne les reconnaissent pas.
Ils préféreront sacrifier leurs enfants sur le même autel qui a vu leur esprit succomber.
Ils préféreront voir la souffrance dans leurs yeux innocents, car cette souffrance là ils la connaissent. Nos valeurs sont un héritage. Nous sommes la transmission.
Nous sommes unis contre un ennemi commun : l’autre.
Cela mérite bien quelques sacrifices, sauvons l’essentiel, la compétitivité et sauvons-nous de « l’autre », même si l’autre est notre propre enfant.
Un avenir meilleur pour quoi faire ? Notre réalité promet le meilleur. Nous partageons tous une communion économique qui unie et rassemble notre humanité.
Nous apposons notre marque dans la nature même du vivant. Nous sommes le vivant.
Les faucheurs d’OGM ! Vous le savez comme moi : des fous qui refusent la réalité économique et ses conséquences inévitables pour l’environnement. Ils osent « l’idée » de souveraineté alimentaire que nous exécrons.
Ils sont l’innocence que nous avons tuée en nous et devront mourir pour nous laver de ce que nous sommes devenus.
Nous les réduirons par la force, par la loi et la justice économique, nous les mépriserons, nous les ridiculiserons et vous nous y aiderez, parce que nous êtes nos serviteurs même si vous l’ignorez. Nous partageons les mêmes valeurs même si vous l’ignorez.
Nous les réduirons jusqu’à ce que notre conscience les fassent disparaître, puis lorsqu’ils disparaîtront véritablement, le néant et l’oubli les auront précédés.
L’ignorance est notre levier principal et vous êtes notre principal allié. Nous sommes l’ignorance.
Poursuivons notre chemin ensemble, focalisez le sommet de la pyramide et ne faites que ça, écoutez notre voix et n’écoutez que ça, imaginez que vous êtes au sommet, rêvez en et ne pensez qu’à ça. Le sommet de la pyramide c’est le « rêve américain ».
Le rêve américain est notre dogme, notre religion et implique de fait notre réalité économique.
Chaque humain réalisant son rêve américain créera aussitôt son bataillon d’exclus, de pauvres, de morts. C’est le prix à payer vous le savez, mais votre rêve est notre priorité. L’appauvrissement des uns étant la richesse d’un seul autre, nous paierons ce prix parce que nous serons au sommet, parce que nous sommes les vainqueurs, nous méritons tout, parce que nous le valons bien.
Si vous faites partie des perdants, taisez-vous, faites-vous oublier, ne réclamez pas, les perdants n’ont rien à exiger. Disparaissez, ne faites pas de bruit, mourez, mourez vite, ça nous arrange. Car vous pourriez mettre notre réalité en danger, vous pourriez faire basculer le bateau et le capitaine… Mourez vous dis-je.
Vous avez le vrai pouvoir, car certains d’entre vous découvrent qu’ils parviennent à vivre sans nous. Certains même se sentent libérés de nous et redécouvrent la vie, le temps, l’amour, la joie véritable. Car nous sommes l’illusion et la vie existe sans nous.
Nous vous préférons malades de ne pouvoir accéder à notre réalité, soyez malades. Nous vous apprendrons à survivre, ne vous plaignez pas, vous survivrez grâce à nous. Soyez reconnaissants, vous les perdants de notre réalité économique et surtout ne montrez pas votre visage s’il est heureux.
Accéder au sommet est la seule réalité.
Vous savez que pour y parvenir il vous faudra accepter toutes nos valeurs économiques et les mettre en action par vous-mêmes. Vous oublierez tout le reste, grâce à cette volonté que nous reconnaîtrons comme positive.
Générer des bataillons d’exclus est positif.
Vous oublierez la vie véritable, votre environnement, vos enfants, pour ne chercher que votre image sublimée par nos valeurs. Vous serez la réussite économique. Vous êtes l’homme et la femme modernes terrifiants et efficaces. Nous vous aimons ainsi et vous aussi. Nous sommes votre image sublimée.
Nous ne formons qu’un pour réduire tous les autres.
Les autres pensent comme vous et c’est pour cela que l’humanité ne coopère pas mais vit la compétition permanente. Nos valeurs opposent les humains et nous parvenons à faire « croire » que cela forme une « saine émulation » alors que tous les dés sont pipés, alors que nous possédons l’essentiel des pouvoirs et des clés.
Pour conserver notre pouvoir nous trichons, nous tuons, nous copions, nous détournons, nous faisons cela directement ou indirectement et le bénéfice est le même car nous sommes toujours vainqueurs.
Nous mentons… oui nous mentons sans arrêt.
La démocratie est notre plus beau mensonge et c’est grâce à elle que la réalité économique est une réalité positive, nous sommes parvenus à faire croire qu’elle est la volonté supérieure des peuples. Nos intérêts sont sauvegardés par les millions d’humains, bientôt des milliards. Le mensonge démocratique est le plus difficile à tenir, car développer notre réalité économique viendra finalement détruire le mirage démocratique. Nous achèverons la démocratie lorsque les peuples nous en supplieront, pour prolonger le rêve et l’illusion économique, car vous êtes prêts à tout, comme nous.
Mentir est devenu un art véritable pour nous, car dans la croyance de ceux qui nous écoutent réside notre force. Vous savez que nous mentons mais notre réalité économique s’impose à vous comme la seule réalité, alors vous acceptez nos mensonges. Vous n’avez pas le choix. Nous sommes le choix.
Nous mentons car la vérité nous effraie tous et que notre narcissisme préfère les images sublimées de nous-mêmes, que la vue terrifiante de notre visage sans masque et de nos mains sales.
Mais l’essentiel est la « croyance » commune que dans notre système économique « tout est possible » alors que dans les faits, comme au loto, cela est vrai pour une infime minorité portée par les média et les discours.
En fait la réalité économique appartient essentiellement à des héritiers et à des réseaux de cooptations.
L’appartenance à ces réseaux est réservée aux meilleurs, aux plus virulents serviteurs, aux plus violents manipulateurs, au sommet de la pyramide.
La réalité économique ne souffre aucun discours idéologique puisqu’elle n’est pas une idéologie mais bien la seule réalité. Vous ne trouverez personne qui se réclame de l’idéologie économique car notre réalité n’est plus depuis longtemps une « idée ». Nous avons gagné sans combattre et vous êtes nos prisonniers volontaires, nos serviteurs zélés.
Certains tentent de nous désigner, et des mots apparaissent pour nous cerner et nous faire apparaître dans les consciences : ultra-libéralisme, néo-libéralisme et nous rions bien car en fait nous sommes partout. Nous sommes en toute chose. Comment désigner « tout » ? Nous sommes Dieu et le néant à la fois.
Qui pourra désigner un seul de nous qui reconnaîtrait être de la réalité économique ? Vous ne trouverez personne à combattre car nous sommes partout et que nous avons déjà gagné.
Voyez, la Chine est un pays communiste et pourtant nous sommes les vainqueurs. A quoi bon l’idéologie lorsque le réel nous appartient. Nous n’avons besoin de persuader personne, les esprits nous appartiennent. Nous sommes vos esprits.
Dociles, serviles, le cou entre les mains qui vous étranglent, vous en redemandez, vous réclamez, vous exigez que le rêve américain devienne pour vous une réalité… vous êtes comme nous. Prêts à sacrifier votre vie et « la vie » pour une chimère que nous avons inventée pour mieux vous dominer.
Vous m’écœurez mais je me reprends lorsque je réalise que je vous êtes ainsi… à mon image.
Chaires profitables, esprits serviles, croyez en vous, croyez en nous, car nous sommes la vie, votre vie.
Nous tuer c’est vous saigner et vous vider de nous, car nous sommes en vous et vous vous défendrez contre votre propre suicide, vous vous défendrez jusqu’à la mort car vous refusez de réaliser qui nous sommes en vérité. Nous sommes la mort.
Nous sommes la réalité économique mondiale et notre pacte humain vivra mille ans.
Mathias Demain (mars 2007)
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