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Florian Gulli, L’antiracisme trahi – Défense de l’universel, Puf, 2022

Une critique de livre (08-2024).

Florian Gulli propose une analyse critique rigoureuse de certaines thèses en vogue sur le racisme et l’antiracisme, telles le racisme systémique présenté comme justification principale des discriminations, le « privilège blanc », concept particulièrement faux, ou encore la nécessité d’user du mot « race » en sciences sociales1. Il s’oppose particulièrement à l’antiracisme dit « politique » (porté par Les Indigènes de la République notamment) qui apparaît parfois comme un racisme inversé et fait le choix de se placer sur le même terrain idéologique que l’adversaire d’extrême droite, partageant également avec lui plusieurs conceptions telles que l’anti-universalisme ou le racisme différentialiste.
L’auteur déplore aussi le recours à des analyses monistes, qui se basent sur un unique critère. Par exemple, ce prétendu antiracisme prend en compte le critère racial, censé expliquer toutes les inégalités, au détriment de tout autre, en particulier celui de la classe que l’auteur tend à remettre en avant comme déterminant principal des inégalités, y compris raciales, lesquelles favorisent d’ailleurs l’apparition du racisme. Ces conceptions sont biaisées, et même les perspectives intersectionnelles se basent souvent uniquement sur deux critères, le plus souvent la race et le sexe, donc s’avèrent réductrices.
Il explique donc en quoi cet antiracisme se condamne à échouer.

L’auteur propose une analyse des causes du racisme très éloignée des explications wokes2 et promeut un antiracisme socialiste, c’est-à-dire, a minima, qui refuse le réductionnisme racial. Pour l’essentiel, les causes du racisme ne résident pas dans une rémanence du fait colonial comme le clame l’antiracisme dit « politique », mais dans les conditions de vie des classes populaires.

Florian Gulli propose un livre dont le propos se construit sur une argumentation rigoureuse et une documentation riche, il s’engage dans des démonstrations logiques que j’apprécie particulièrement. Sur ce sujet, cet essai qui cherche à éviter toute polémique me semble fortement recommandable et constituer une excellente source pour une action politique de gauche, à l’opposé des tendances wokes.

  1. C’est ce qu’on appelle parfois, mais qui n’est pas nommé ainsi dans l’ouvrage, la théorie critique de la race.
  2. L’auteur, tout en exposant sa critique radicale, semble éviter une présentation polémique, donc n’emploie pas ce terme.

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