J'ai envie d'être comme un cochon qui nage...
Pédaler de mes pattes dans l'eau fraîche, sentir contre mes flancs l'onde tournoyer comme une robe de soie légère, projeter le souffle de mon effort des deux trous de mon museau au ras de la surface, chassant les araignées d'eau et le voile des pollens.
Et boire malgré moi quelques gorgées de cette eau calme et douce, qui m'enveloppe et entre alors en moi.
Cette drôle d'image m'inspire, évoque en moi tant de choses... Je n'ai jamais été cochon, sauf dans l'astrologie chinoise, ou sauf quand je jonglais avec les truismes. Pas plus que les cochons ont l'habitude de nager dans les rivières.
Mais je ressens cette sensation avec une acuité indescriptible, qui doit prendre source dans mes souvenirs d'enfance, quand j'apprenais à nager au centre d'une bouée dont les coutures de plastique raclaient mes côtes. Cette sensation mêlée de joie libre et d'appréhension, lorsqu'on n'a plus pied.
Perdre le contact avec le plancher des vaches, c'est shunter ce signal de sécurité que nos voûtes plantaires envoient au cerveau, c'est brouiller ses pistes. C'est mettre en action immédiate des réflexes, cognitifs et physiques, trouver des alternatives, compenser. Se dépasser, peut-être...
Se dépenser, sûrement. Vers un but. Nous avons le même instinct de survie que les cochons. Cet instinct qui nous fait trouver comment quitter la terre ferme sans boire la tasse. Et qui nous dit à quel point c'est bon, délicieusement bon, de pédaler des pattes dans l'infini des possibles. Hors les limites des repères habituels ; un sol, une rive, des murs de soutien... une bouée.
L'inconnu est toujours un peu effrayant, mais il ne l'est que tant qu'il est l'inconnu. On prend aussi facilement l'habitude de la sécurité que de s'en affranchir. Mais alors que la sécurité, lorsqu'elle devient une habitude, t'endort, la liberté, elle, ne cesse de te vivifier. Elle est cette eau fraîche et profonde où tu n'as pas pied, libéré des pesanteurs et des limites.
Tant que tu pédales des pattes.
#gruik
Des chercheurs font respirer des porcs par le rectum pour faire avancer la science.
Pas la peine de martyriser ces pov' bêtes... avec tous les trous du cul qu'on a à l'Olympe, y'avait de quoi faire.
One person like that
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