#sectarisme

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Symétrie de la bêtise

Tu es d’accord avec moi, sinon tu es réactionnaire, d’extrême droite ou fasciste, donc un ennemi. C’est ainsi que se comporte une certaine gauche dogmatique qui considère sa position comme seule légitime et, les disqualifiant a priori, ne reconnaît pas la potentielle validité d’autres analyses, pourtant de gauche elles aussi. Cela constitue une pensée binaire, qui n’a de pensée que le nom puisqu’il s’agit d’une sorte d’interrupteur oui/non, d’accord/pas d’accord, ami/ennemi. Du fait de cette posture, cette mouvance tente également d’empêcher, par l’intimidation, la censure voire la violence, l’expression de la pensée d’autrui lorsque celle-ci ne se conforme pas au dogme.

Ainsi, sur cet aspect détestable, cette gauche ne se démarque nullement de l’extrême centre autoritaire, incarné par la Macronie, qui place des parts de la population hors du cadre de la légitimité, les qualifie d’antirépublicains et d’extrémistes, et qui déploie une logique de l’affrontement envers les personnes ou les groupes qui ne pensent pas comme elle.

Par exemple, symétriquement, les uns qualifient les dénonciations de la politique israélienne d’« antisémites », les autres les analyses critiques du transgenrisme1 de « transphobes ».
Le journal La Décroissance, avec le piquant qu’on lui connaît, s’en amuse :

Dessin de Léandre dans La Décroissance, n° 214, novembre 2024

Aucune discrimination arbitraire n’est admissible, mais toute critique argumentée est entendable voire défendable. Refuser cela consiste à manifester un sectarisme fascisant.

  1. Mouvement culturel et idéologique qui promeut l’idée de transidentité. Basé sur la réaffirmation des stéréotypes de sexe, il s’avère sexiste, ce qui justifie sa critique.

Christophe Gibiat

#politique #gauche #sectarisme #intolérance

wazoox@diasp.eu

La domination charismatique en milieux militants

#politique #sectarisme #gauchisme
Aux Sources
Julie Pagis

Nous sommes en 1971. Six couples, portés par l’ébullition contestataire de l’époque et les idéaux du président Mao, décident de s’établir en usine, d’enquêter au sein de foyers de travailleurs immigrés. Plusieurs d’entre eux sont issus de la bourgeoisie et des professions intellectuelles. Faisant table rase de leur passé, ils s’installent ensemble dans un ancien couvent et mettent leurs existences au service de la Cause.

Puis, progressivement, cette communauté bascule dans la soumission à un chef tout-puissant, Fernando. Ouvrier espagnol exilé en France, combattant antifranquiste, traducteur des œuvres de Mao, ce chef prend le contrôle des biens, des corps et des esprits de ses camarades. Sous son emprise, et sous le coup des incessantes (auto)critiques imposées aux membres du groupe, un couple se déchire, une militante est « rectifiée », un homme sombre dans la paranoïa et un autre, accusé de traitrise, est menacé d’assassinat par ses camarades.

Cette histoire atypique, digne d’une fiction, est pourtant bien réelle. Julie Pagis, chercheuse au CNRS, y consacre une minutieuse enquête socio-historique dans le livre qu’elle vient de publier aux éditions de la Découverte : Le prophète rouge. Enquête sur la révolution, le charisme et la domination.

Cette enquête nous concerne toutes et tous. Elle met en lumière, à partir d’un cas-limite, les rapports de domination qui innervent si souvent des organisations de lutte pourtant voués à l’émancipation. Domination charismatique, culpabilité de classe, violences sexistes et sexuelles : autant de phénomènes dont il s’agit de saisir les ressorts, d’analyser la persistance, pour mieux s’en prémunir à l’avenir.

https://www.hors-serie.net/emission.php?id=604&is#commentaires