Les vaccins anti-Covid "toxiques"? Attention aux affirmations de cet immunologue canadien

D'abord lancées le 28 mai à l'antenne d'une radio canadienne, les affirmations alarmistes du Pr Byram Bridle ont proliféré sur les réseaux sociaux [...]

Dans cet entretien à Global News Radio 980 CFPL, ce professeur d'immunologie virale à l'Université de Guelph au Canada assure avoir découvert que ces vaccins produiraient une protéine Spike "toxique et dangereuse" [...]

Les affirmations du Pr Bridle sont toutefois fausses [...], ce professeur s'appuie sur deux études bien réelles mais en interprète leurs résultats de manière erronée, selon les experts interrogés par l'AFP.

Pour appuyer ses dires, M. Bridle s'appuie sur une "étude" obtenue auprès du régulateur japonais des médicaments sur "la bio-distribution" du vaccin à ARN-messager, c'est-à-dire sur sa circulation au sein de l'organisme.

Il s'agit en réalité de l'un des "documents techniques" présenté par Pfizer à l'Agence japonaise des produits pharmaceutiques et médicaux (PMDA) [...]

Ces documents ont par ailleurs été déjà évalués par l'Agence européenne des médicaments [...]

Dans le rapport japonais, Pfizer étudie la circulation de son vaccin en injectant à des souris des nanoparticules lipidiques [...]. Tous ces éléments ont été "marqués radioactivement" pour suivre leur itinéraire dans le corps des souris.

Ses résultats contredisent les conclusions qu'en tire le Pr Bridle: seules les nanoparticules lipidiques -- et pas la protéine Spike -- ont circulé dans le corps des souris, principalement dans le muscle où elles ont été injectées et dans le foie. Elles ont également été retrouvées, dans de plus faibles concentrations, dans la rate ou les ovaires.

En aucun cas, cette étude ne montre la circulation de la protéine Spike, confirme à l'AFP le neurologiste japonais Amane Koizumi, [...]Cette expérience ne vise pas à étudier si la protéine Spike produite par l'ARN circule dans le sang", dit-il, joint le 15 juin. "Elle montre la circulation et le timing de la circulation dans chaque organe des lipides injectés".

Son de cloche identique chez deux autres scientifiques joints par l'AFP. "A aucun moment, l'expérience n'examine le dépôt ou la concentration de protéine Spike", écrit le Pr Daniel Sauter [...]

La présence de ces nanoparticules lipidiques dans certains organes "ne signifie pas que des protéines Spike y seraient également présentes, sans même parler de protéines Spike qui circuleraient librement" dans le corps, abonde Frank Kirchhoff [...]

Ce que le Pr Bridle omet par ailleurs de préciser c'est que, selon l'évaluation de l'EMA mentionnée plus haut, ces lipides ne restent pas longtemps dans l'organisme et en sont rapidement évacués: la concentration la plus forte était observée deux heures après l'injection mais tombait à seulement 1% vingt-quatre heures après.

Autre faiblesse de l'argumentation du professeur canadien: il ne précise pas que cette étude a été menée sur des souris. Or il existe des doutes sur le fait que ces résultats seraient identiques en cas de test sur l'homme, selon le professeur Kirchhoff.

Enfin, dernier élément que M. Bridle ne mentionne pas, la dose injectée aux souris n'était, selon l'EMA, en rien comparable à celle utilisée pour l'homme: elle lui était ainsi entre 300 à 1000 fois supérieure.

C'est l'autre document sur lequel s'appuie le Pr Bridle: une étude menée par des chercheurs de l'Université américaine d'Harvard sur 13 professionnels de santé vaccinés avec Moderna qui montrerait, selon l'immunologue canadien, la présence de protéines Spike dans le sang de 11 d'entre eux.

Là encore, sa lecture des conclusions est sujette à caution.

C'est notamment ce qu'explique David Walt, professeur à l'école de médecine de Harvard et qui a collaboré à cette étude : "M. Bridle prend nos résultats et les interprète de manière totalement erronée", dit-il dans un mail du 11 juin.

Les résultats ? Des fragments de protéines Spike ont été retrouvés dans le plasma sanguin de 11 des personnels de santé étudiés, et en intégralité chez trois d'entre eux.

L'étude n'a pas réussi à en expliquer les raisons mais elle a surtout montré que leur concentration décline à mesure que celle des anticorps produits augmente. Ainsi, les protéines Spike "partielles" avaient disparu 14 jours après la vaccination. Quant aux Spike "intégrales", elles n'étaient détectables qu'après la première dose et avaient totalement disparu après la seconde.

Cette présence, même éphémère, constitue-t-elle un "danger", comme l'affirme le Pr Bridle ? Non, selon David Walt. "M. Bridle confond les effets toxiques d'une concentration élevée de protéine Spike chez certains patients, avec les concentrations très faibles observées chez certains de nos participants vaccinés [...]

Seules des concentrations très élevées de Spike pourraient causer des dommages dans l'organisme mais ce n'est pas le cas après la vaccination, avait déjà déclaré à l'AFP le 6 mai Christian Münz, professeur d'immunologie virale à l'université de Zurich, en Suisse.

Dans son entretien radiophonique, le Pr Bridle relaye aussi des affirmations sans citer la moindre étude scientifique. Comme indiqué plus haut dans notre article, il n'a pas répondu à nos sollicitations pour préciser quelles étaient ses sources.

Très relayées sur les réseaux sociaux, les déclarations du Pr Bridle n'ont pas connu le même succès auprès de certains scientifiques au Canada. Contacté par l'AFP, le groupe Canada's Science Up First, qui rassemble chercheurs, professionnels et lutte contre les fake news, appelle ainsi à contrer ces déclarations. "Nous sommes au courant de la désinformation qu'il propage, a indiqué un porte-parole, ajoutant: "Nous travaillons actuellement pour la réfuter".

https://factuel.afp.com/http%253A%252F%252Fdoc.afp.com%252F9CE9N2-1

#couillonavirus #coronavirus #covid19 #vaccin #vaccins #vaccine #Covid-19 #santé #médecine #science #vaccination #spike

1

There are no comments yet.