Même au sein des mouvances les plus radicalement critiques de la société capitaliste, on remarque que la plupart sont malgré tout assez fiers d'être légataires de la glorieuse civilisation occidentale. Tout en se défendant de tout racisme ou suprémacisme, la plupart estiment qu'entre les humains et le reste du vivant, il existe une sorte de hiérarchie au sommet de laquelle trône les humains, et entre eux encore, l'humain civilisé, dont l'intelligence supérieure à tout de même produit l'écriture, peint de splendides tableaux, édifié d'incroyables monuments, composé de merveilleux opéras, reliés les continents par la fibre optique, et juge avec une facilité déconcertante ses productions bien plus valeureuses que tout ce que font tous les autres êtres vivants et la nature.

Cet orgueil, cette absence profonde d'humilité, semble témoigner d'une bêtise fondamentale, laquelle s'exprime de nombreuses autres manières, dont résultent par exemple l'auto-destruction de la civilisation, les innombrables calamités écologiques ou iniquités sociales qui la constituent. En ce siècle où l’homme civilisé s’acharne à détruire d’innombrables formes vivantes, il est plus que jamais nécessaire de dire qu’un humanisme bien ordonné ne commence pas par soi-même, mais place le monde avant sa propre vie, l'amour de l'être avant l'amour-propre : Peut-être l’humanité finirait-elle alors par s’élever jusqu’à l’animal.

Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières à l'humanité (car alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres), mais Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle : l’humain, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de l’humanité.

~Texte de Nicolas Casaux, modifié par moi-même

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