"Il y a plus d'un million de femmes (5%) qui ne veulent pas d'enfants en France. Il est probable que le chiffre ait même augmenté récemment, notamment en raison de l'inquiétude écologique des jeunes générations. Et quand on étend ce non-désir d'enfant à celles qui ont eu des enfants mais n'en veulent plus et résistent aux multiples injonctions (comme celle du "petit troisième" par exemple), cela commence à faire beaucoup. Il serait donc essentiel qu'on en parle un peu plus.
Il serait temps de considérer que le refus de la maternité est une alternative parmi d'autres, que c'est une manière de s'autodéterminer, de disposer de son corps comme on l'entend,
à égalité avec celui de disposer de son corps en devenant mère.
Le sujet reste encore un tabou en France, contrairement à l'Allemagne ou à la Hollande. Le fait de déroger à la norme très française du "faire famille" intrigue.
La pression sociale est encore plus forte lorsqu'une femme est en couple, comme si une relation amoureuse sans enfant était inconcevable. Parce qu'au-delà de la norme du "faire famille"
qui devient encore plus prégnante quand on est en couple depuis quelques années, se greffe l'idée qu'en ne voulant pas faire d'enfant, on rendrait son compagnon "triste" de ne pas devenir père.
Par ailleurs, de nombreux spécialistes ont pointé que les études préconisant de faire des enfants avant 35 ans se fondaient sur des données datant d'il y a 300 ans !
Nous sommes biberonnées dès le plus jeune âge au fait qu'être mère est la seule destinée féminine possible, acceptable et enviable. Le destin le plus noble, le plus épanouissant pour une femme. Dans l'esprit de certain.e.s, une femme sans enfant devrait forcément faire quelque chose de remarquable, de spectaculaire à la place. Il semble compliqué d'accepter qu'une femme sans enfant soit une forme de normalité.
Quant à la parole des femmes qui regrettent d'être mère, elle est accueillie, en France, avec beaucoup de violence. Par exemple, la comédienne Anémone avait confié qu'elle aimait ses enfants, mais que ce rôle de mère était extrêmement pesant. Et elle avait reçu un flot d'insultes.
C'est l'un des plus grands tabous, quelque chose auquel on ne touche pas. Pourtant, la parole se libère autour de sujets très lourds comme le consentement, l'inceste, la pédophilie. Mais la question du regret maternel continue à résister. C'est assez révélateur.
Le regret maternel, un livre d'Orna Donath, a été très bien accueilli en Allemagne, mais en France, sa sortie en 2019 a été assez confidentielle et est passée quasiment inaperçue. Or pour moi, c'est l'un des grands ouvrages féministes du 21e siècle. C'est vraiment dommage."
#childfree #femmes #feminisme #societe #france #climat #liberte #sororite #europe #natalite