Présidents brésilien : Titulaire actuel #Luiz-Inácio-Lula da Silva
depuis le 1er janvier 2023

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Explosion de violences policières au Brésil

Il s’appelait Thiago Menezes Flausino, il n’avait que 13 ans. Il est tombé sous les balles de la police dans une favela de Rio, dans le célèbre quartier de la Cité de Dieu. Thiago est le neuvième enfant de moins de 14 ans tué par balles cette année à Rio, selon l’ONG des droits de l’homme Rio de Paz. La plupart des victimes sont touchées par des balles perdues lors de raids violents de la police. Thiago aurait été abattu de 5 balles par la police militaire, visé en tant que jeune garçon noir qui circulait dans la favela lors de la descente des forces de l’ordre.

Le 12 août, c’était une petite fille de 5 ans, Eloá Passos, qui était tuée d’une balle perdue alors qu’elle était chez elle lors d’une autre opération de la police à Rio. En une semaine, au moins 45 personnes sont mortes lors de ces opérations destinées à lutter contre le trafic de drogue.

Des manifestations ont eu lieu contre ces violences policières, elles ont elles aussi été fortement réprimées. Des vidéos montrent des engins blindés envoyer des grenades lacrymogènes et explosives sur la foule et des agents cagoulés tirer des munitions.

Dans l’État de Bahia au nord du pays, une seule opération a tué 19 personnes début août. À Rio, les écoles du quartier ont dû fermer, privant trois mille élèves de cours.

Depuis le début du mois, des descentes de la police militaire ont lieu dans tout le pays. Dans les quartiers pauvres du Brésil, la police agit comme dans un pays en guerre, avec des armes lourdes, des moyens militaires, et tire sans sommation.

Plus de 6429 personnes ont été tuées par la police au Brésil en 2022, soit une moyenne de dix-sept personnes par jour. Et les crimes atroces se succèdent. L’un d’eux avait particulièrement choqué le pays. Le 25 mai 2022, une vidéo montrait des policiers placer un homme noir et handicapé dans le coffre de leur voiture, avant de jeter une grenade lacrymogène à l’intérieur. Il était mort asphyxié ainsi, en plein jour, au milieu des passants.

L’élection de Lula, qui remplace le président d’extrême droite Bolsonaro, n’a rien changé. Les unités de police militaire dépendent des gouverneurs de chaque État de ce grand pays fédéral. Par exemple, le gouverneur de São Paulo se nomme Tarcisio de Freitas, ancien ministre des transports de Jair Bolsonaro, classé très à droite. Depuis qu’il est à la tête de l’État, le nombre de personnes tuées par la police a augmenté de 25%. Ce que le dirigeant assume : «Il n’y a pas de lutte contre la criminalité organisée sans effets collatéraux».

Parmi ces unités militarisées et criminelles, les BOPE, Batalhão de Operações Policiais Especiais ou Bataillon des opérations spéciales de police, dont le logo est une tête de mort croisée avec des pistolet. De véritables escadrons de la mort, issus des forces de répression de la dictature, responsables de centaines de décès.

Dès 2004, un rapport de la New York University School of Law démontrait que le BOPE avait tué quatre jeunes hommes avant de falsifier «la scène du crime pour incriminer les victimes dans l’espoir de les faire paraître comme membres d’un gang de trafic de drogue. Aucune arme n’avait été trouvée sur les victimes, et aucun d’entre eux n’avait d’antécédents criminels.»

Ces agissements sont légitimés dans l’opinion par toute une industrie médiatique. Au Brésil, les films «Tropa de elite» montrent en deux opus les actions musclées de cette police militaire et ont connu un succès immense. Ces films restent une référence dans l’imaginaire de la droite brésilienne. Les BOPE sont aussi mis à l’honneur dans le jeu vidéo «Tom Clancy’s Rainbow Six : Siege», comme s’ils étaient des héros.

Une situation éloignée de la France ? Pas tant que ça. Le 2 août 2019, un policier français, avait été photographié lors d’une manifestation en hommage à Steve, devant les locaux de l’IGPN à Paris, portant un T-Shirt avec un gros logo du BOPE. La police militaire du Brésil inspire les factions radicalisées de la police française.

De même, le film BAC Nord, qui glorifie les méthodes d’agents marseillais qui ont été condamnés pour des violences et animalise les habitants des banlieues, a eu un immense succès en salle. Il évoque le succès du film «Tropa de Elite». Comme au Brésil, BAC Nord est mis en avant comme une référence par l’extrême droite, comme «la réalité» du métier de policiers. D’ailleurs, les postures et la communication d’unités comme les BRAV, la CRS8 et le RAID qui diffusent des images sur les réseaux sociaux ressemblent fortement à celles de la police militaire brésilienne.

Plus récemment, nous avons vu dans les rues françaises un mode opératoire en tous points ressemblant à l’action des escadrons de la mort brésilien : l’État français a déployé des forces anti-terroristes comme le RAID et la BRI contre des populations civiles après le décès de Nahel. Les images d’agents cagoulés, lourdement armés et montés sur des véhicules blindés, tirant au fusil à pompe au hasard dans les rues de Marseille ou de Lille auraient pu être filmées à Rio ou Recife.
Le Brésil, l’un des pays les plus inégalitaire et violent au monde, où règne une police militarisée, inspire nos gouvernants.

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