Portrait de Dante Alighieri par Agnolo Bronzino

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Dante de Ugo Zannoni - Piazza dei Signori (Vérone) –

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Sixième chant du « Paradis », par Gustave Doré

Confiné, Yannick Haenel a lu la dernière traduction en français du Paradis de Dante, par Danièle Robert.

La lecture de Dante invalide en tout cas l’idée que la littérature ne pourrait avoir d’existence en temps de détresse. J’ai envie de dire au contraire qu’il n’y a jamais eu que des temps de détresse, et que si la détresse est l’élément même de l’Histoire, elle appelle l’invention d’un langage qui lui réponde et soit capable d’opérer une métamorphose sur le monde et sur nous-mêmes. Dante, comme tous les très grands écrivains, comme la littérature elle-même, ne cesse de formuler cette réponse, de mettre en œuvre cette opération, de raconter cette métamorphose.

C’est tout l’enjeu de ce livre extraordinaire, l’un des plus beaux et des plus fous jamais écrits, que de nous mener vers un lieu où nous nous trouvons depuis le début. Je veux dire que le paradis ne désigne pas le point ultime de l’initiation de Dante, et de celle avec lui du lecteur, mais le récit tout entier qui nous achemine vers lui : tous les points du texte font partie du paradis, tous ils sont le paradis.

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