Rêve

La nuit était tombée. Rue de l'Université l'attelage m’attendait, je l'avais oublié. Quatre chevaux harnachés à cinq calèches noires au beau milieu de l'artère déserte.

Haletant je me mettais à courir dans le sens opposé, en direction du boulevard Louis Blanc. Un fiacre survenait, je le hélais. La voiture stoppait un peu plus bas dans la rue en pente. Je courais, me hissais à bord.

Leurs visages étaient éclairés par ce qui semblait être une carte géographique lumineuse qu'elles scrutaient, la tenant chacune de leurs mains. J'étais blottis à l'arrière et de fait elles me faisaient face puisqu'elles tournaient le dos aux chevaux, lesquels courraient maintenant presque au galop.
Je ne sais pourquoi il n'y avait pas de cocher, ni pourquoi une vitre nous séparait de l'attelage.

L'une des deux femmes, que je reconnaissais comme étant une amie, circassienne à la retraite, m'expliqua qu'elles recherchaient M, une autre amie d'autrefois (la secrétaire d'une radio associative), laquelle aurait vendu son chien. Un bon vieux chien jaune placide que j'avais également connu. Ils s'agissait de le retrouver avant que ..

Comment pouvait-on se défaire d'un tel compagnon..

La rue de l'Université. L'immense appartement dédale de ces années. Mon père tout frais rasé dans la cuisine au bout du couloir interminable, je l'embrasse sur la joue.
Le piaillement des martinets au-dessus des toits face à la la fenêtre grande ouverte. L'odeur du café. L'odeur du chocolat. Le soleil blanc. L'odeur du Ventoux et du Midi dans le ciel.

Puis encore la nuit et ses terreurs d'enfants, la longe des chevaux abandonnée qui traîne à terre, le chien jaune aux yeux d'ambre, la rue vertigineuse, le boulevard Louis Blanc et ses accidents.

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