Le Guatemala: 500 ans d’horreurs, et maintenant ?

En 1945, Juan José Arévalo, le président nouvellement élu, instaure une nouvelle ère d’investissements sociaux, ainsi qu’un code du travail et le droit de grève, et fonde un institut indigéniste. En juin 1954, son successeur Jacobo Árbenz Guzmán instaure une taxe sur les exportations et décide une réforme agraire qui oblige entre autres la United Fruit Company à céder une partie importante de ses terres en friche.

Un coup d’État est mis sur pied au cours d’une réunion entre le président Dwight D. Eisenhower et les frères Dulles, respectivement numéro 1 de la CIA et du département d’Etat, par ailleurs tout deux actionnaires de United Fruit, installant une junte militaire. Plus de 9000 sympathisants du gouvernement Arbenz sont assassinés ou emprisonnés dans les mois qui suivent le coup d’État. La réforme agraire est abrogée et l’United Fruit récupère non seulement les terres dont elle avait été expropriée mais également des dizaines de milliers d’hectares de terres en friche qui avaient été distribués aux paysans.

Dès les années 60, une résistance paysanne se met en place face aux dictatures militaires qui se succèdent. Elle est soutenue par un mouvement de guérilla regroupant des militants de gauche, des officiers rebelles et de nombreux paysans. Le président Julio César Méndez Montenegro (66-70) conduit une brutale répression des organisations de gauche clandestines. Autour de 8000 assassinats politiques sont dénombrés de 66 à 68. Arrivé au pouvoir en 70, le général Carlos Manuel Arana Osorio se déclare déterminé à « transformer, s’il le faut, le pays en cimetière, pour restaurer la paix civile » : De 70 à 78, 20 000 personnes sont tuées par le régime militaire.

Même si les liens entre la dictature militaire et les US sont initialement très forts (formation des officiers, défense des intérêts de ses multinationales), l’administration Carter suspend en 77 les livraisons d’armes, passant le relai à Israël. La guerre civile aura fait 200 000 morts dont 80 % d’origine indigène et 45 000 disparus. La “Commission pour l’éclaircissement historique” attribue 93 % d’entre elles aux troupes gouvernementales et aux paramilitaires qui les appuyaient.

Après les accords de paix, le pouvoir de la nouvelle république passe de la droite conservatrice à l’extreme-droite pro-US. Le CAFTA entre en vigueur en 2003. En 2013, 2 députés sur 158 députés et 5 maires sur 333 se réclament de gauche. La Commission internationale sur l’impunité estime que plus de 25 % de l’argent des campagnes électorales provient du crime organisé.

Aujourd’hui, le Guatemala est le quatrième pays le plus inégalitaire d’Amérique latine et le neuvième au niveau mondial. Romain Migus et Cynthia Benoist nous proposent de dévelloper la situation actuelle de ce pays à l’approche des prochaines élections.

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