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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)

Vingt-neuvième jour – l'escalade

Puisque nous avions un peu de répit, avant de partir à la chasse au saboteur et à la banane empaillée, il fallait réparer et protéger d'un autre sabotage le plateau tournant où se trouvaient la merveilleuse Commune Lunienne d'un côté, et la ville-leurre dégouttante de l'autre (celle que nous avions l'habitude d'exposer aux télescopes bigbrotheriens de la Terre quand la Lune tournait). Mais comme on ne savait pas qui était le saboteur (ça pouvait être n'importe qui malheureusement, même parmi les camarades), il fut décidé que seuls Ferdinando, Carla notre camarade-syndicaliste vendeur de parapluies et moi-même iraient réparer la crémaillère et la protéger contre un autre sabotage.

Mais voilà : pour ça il fallait escalader la crémaillère, ce à quoi étaient parfaitement préparés Ferdinando par sa formation très complète de jardinier free-lance (qui comprenait l'escalade des cocotiers de la Petite Île Formidable des Caraïbes, ainsi que l'ouverture habile des noix de coco à la machette et la fourniture de pailles aux enfants pour y boire le lait) et Carla qui grimpait à tout ce qu'on voulait dès qu'il se mettait en colère. Mais moi... l'idée de gravir quoique ce soit contrarie ma conscience de classe. J'aimerais que tout le monde connaisse ses classiques, les langues anciennes, s'ouvre à un vocabulaire élargi (condition d'une réflexion élargie) et pense par soi-même mais sans ce sentiment de supériorité mâtiné de frustration (c'est fou comme la globalisation actuelle est aussi une globalisation de la frustration.... Vous avez remarqué aussi ?) que l'on rencontre si souvent chez les intellectuels. Bref, je suis un emmerdeur qui a le vertige.

Quand j'expliquai ça à Ferdinando, il me répondit que je n'avais qu'à fermer les yeux ! Pour que je ne vois pas le sol où je ne manquerais pas de m'écraser arriver à grande vitesse ! Merci bien! Justement, me dit-il, avec la gravitation lunaire, le sol n'arrivera pas à grande vitesse, mais plutôt au ralenti, comme on l'avait vu avec la limace ICI ou . Ça c'est vrai, la limace était descendu très mollement du vaisseau de l'aliène et ce n'était pas uniquement dû à son caractère flaccide.
Donc, je ne risquais rien à escalader la crémaillère !
Nous mîmes dans nos sac des sandwiches au camembert et du beurre de crevettes, et nous commençâmes à grimper. Finalement, c'était assez facile, bien qu'un peu fatigant, car deux fois de suite je lâchai prise et tombai lentement sur les fesses, ce qui m'obligea à recommencer l'escalade.

Mais le spectacle que nous découvrîmes au sommet de la crémaillère nous glaça le sang :

un pauvre camarade persécuté par la Grande Puissance Nortuaire et qui avait été obligé de fuir sa patrie parce qu'il gênait, par ses bruyants coups de sifflet, l'inadmissible manière de conduire de la présidence, jugeant celle-ci irresponsable, immorale, guerrière, anti-éthique et menant la Terre à la catastrophe, avait décidé de continuer son combat ici, sur la Lune, en faisant retentir une énorme cloche au sommet de la crémaillère. Ainsi, pensait-il, les terriens entendraient ce tocsin et feraient ce qu'il faudrait (suivez ma pensée) pour se débarrasser de cette engeance meurtrière.

Désespéré, il s'accrochait à la corde, et s'envolait comme un lent yoyo, pareil aux sacristains sonneurs de cloche qui nous faisaient sourire dans les histoires d'Alphonse Daudet.

Mais voilà : sans atmosphère, pas de son, et son appel aux hommes de bonne volonté, ce tocsin qui sonnait les guerres à venir (et surtout LA guerre) si nous ne faisions rien, résonnait lugubrement dans le silence intersidéral.

C'est dire si nous redescendîmes en silence, oubliant les bananes et les pesticides dans lesquelles elles baignent (nous demandâmes quand même au siffleur d'alertes d'arrêter de jeter les peaux n'importe où, et en particulier dans la crémaillère).

Même Ferdinando, toujours prompt à prévoir le danger, restait muet. Si les télescopes bigbrotheriens de la Terre apercevaient le camarade sonneur de cloche, ils penseraient sûrement que c'est pour la Pâques à venir, et se dépêcheraient d'inclure cette image dans leur planning consumériste qui bombardent les parents de publicité au point qu'affreusement culpabilisés, ces derniers finissent par rendre malades leurs enfants par des tombereaux d'oeufs en chocolat, bizarrement toujours plus chers d'année en année.

Quant à moi, je rentrai me calfeutrer chez moi, dans mon F4 lunaire, en proie au plus grand accablement. Mais ça ce dura pas longtemps,

car on toqua à la porte...

Bon, la suite, à demain,

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Les épisodes précédents : Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune

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