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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)

Cinquante-septième jour (et dernier ?) – ils nous pompent l'air !

En fait, élégants lecteurs, l'évolution de la situation lunaire, bien meilleure que celle de la Terre, avec le changement de climat grâce aux camarades abeilles aliènes, les chaises longues au bord de la Mer de la Tranquillité, le plaisir de faire des bombes du haut du plongeoir, et surtout notre vie communautaire et partageuse, d'abord établie dans la Commune Lunienne (voir La face cachée de la Terre sur la Lune, si vous ne ne connaissez pas encore cette merveille), puis naturellement sur toute la surface de notre petit satellite (et en premier lieu dans mon petit pavillon de banlieue terrienne bien sûr), a provoqué une augmentation significative de la population lunaire.

Parce que, outre les aliènes qui ont l'air de nous avoir à la bonne, nous les terriens non-terriens (parce que les terriens-terriens, surtout ceux qui dirigent - et de quelle manière ! - la planète, nous avons remarqué que les aliènes ne les aiment pas trop) et qui débarquent par vaisseaux entiers à l'heure de l'apéro pour tailler le bout de gras (heureusement qu'Yvonne Ma Tante est là pour traduire – quand il ne fait pas la causette à la vache Angela dans de joyeuses parties de pêche à l'anguille sous roche...), il y a aussi des baquets entiers de camarades terriens qui ont fini par choisir de rejoindre notre communauté collectiviste, avant que les autres terriens se rendent à l'évidence et qu'elle soit installée définitivement sur la Terre (mais quand ? Quand ?)

Alors évidemment, on a mis des lits superposés et puis installé un camping au bord de la Mer (c'est tranquille), mais quand même ça commence à virer un peu à la surpopulation.

C'est alors que l'aliène Blingue-Blingue (qui avait fini par sortir de son cinéma) est à nouveau arrivé avec une idée (ce qui a mis tout le monde sur ses gardes, parce qu'on sait ce que valent les idées de Blingue-Blingue) et qu'il nous a dit qu'il avait un ami aliène (aïe aïe) qui est...

...GONFLEUR de profession.

Alors là, ce fut un cri général d'horreur et de rejet qui ébranla la Lune, de la Commune Lunienne jusqu'au sommet de la crémaillère (vous avez raté l'épisode de la crémaillère ? C'est ICI) en passant par le fond de la Mer de la Tranquillité où un aliène était resté coincé par sa bretelle à la porte du Mont de Piété d'Yvonne Ma Tante, établissement un peu délaissé depuis qu'il avait été englouti par l'eau revenue. Même l'aliène protozoaire, installé dans un fromage de chèvre que j'avais oublié dans un tiroir de la chambre d'ami, poussa un hurlement de rage et de désespoir.

Car en matière de gens qui nous gonflent, LA TERRE C'EST BIEN SUFFISANT !

Mais Blingue-Blingue nous rassura très vite :

« Mais non, ce n'est pas un briseur de roubignoles ! C'est un gonfleur de planète ! »

(je me demande bien où Blingue-Blingue a appris ce vocabulaire. Sûrement pas avec moi, car vous avez remarqué, caloriques lecteurs, que ce journal utilise un vocabulaire choisi, pour pouvoir être lu par les enfants des camarades, qui en prendront certainement de la graine avec ces aventures que je relate très soigneusement, sans y rajouter absolument aucune invention personnelle ni fioriture racoleuse).

« Un gonfleur de planète ? »

« Oui. Si une planète devient trop petite, ce qui est le cas de la Lune, étant donné le merveilleux succès du collectivisme lunien, mon ami intervient avec sa pompe, et agrandit cette planète ! »

Évidemment, c'était tentant, grossir la Lune pour accueillir plus de camarades, et puis en plus, on ferait de l'ombre à la Terre, ça leur ferait vraiment les pieds !

« Et il ferait ça pour nous ? »

Blingue-Blingue était vraiment très sûr de lui :

« Tout de suite ! Laissez-lui juste le temps d'installer son matériel »

Pour une fois, il semblait que l'inénarrable aliène nous avait apporté une solution qui paraissait raisonnable. Alors nous laissâmes son camarade installer son matos et nous repartîmes vaquer à nos occupations.

Une demi-heure plus tard, Blingue-Blingue appela tout le monde pour voir la manœuvre. Son ami gonfleur professionnel avait planté son tuyau (si je puis dire) près de l'entrée du tunnel de Carla (vous ne connaissez pas le tunnel d'évasion que Carla avait creusé pour que je m'échappe de la Lune? – voir La Terre au bout du tunnel) et était prêt à mettre en route le bastringue.

C'est alors que je sentis que l'on tirait sur ma chemise de manière insistante. Baissant les yeux, je vis le fils d'un camarade, connu pour son sens aigu de l'observation, et qui tendait le bras vers le ciel.

Je regardai dans la direction indiquée, et je découvris avec horreur que le long tuyau de l'aliène était relié à une pompe plantée dans ...

LA TERRE!

Je me précipitai vers l'ingénieur astral:

« Mais c'est quoi cette pompe ? Pourquoi y-a-t-il une pompe plantée dans la terre ? »

L'aliène, prêt à appuyer sur son bouton, me répondit plutôt sèchement :

« Vous ne croyez pas que je vais gonfler la Lune avec du vide intersidéral ! Il faut bien un gaz pour ça. Et le plus proche, c'est l'atmosphère terrestre ».

Cet assassin allait prendre tout l'air de la Terre pour grossir la Lune ! On a beau ne pas aimer beaucoup la manière dont sont menées les affaires terrestres, ce n'est pas une raison pour asphyxier tous ses habitants !

Blingue-Blingue avait l'air très déçu. Je ne sais pas ce qu'il avait combiné avec son acolyte boudiné, mais leur plan était vraiment très mauvais. Mais l'aliène pompeur revient à la charge :

« Si vous voulez, on peut prendre un peu de l'atmosphère de Jupiter, mais je vous préviens tout de suite, elle est constituée principalement de souffre, c'est-à-dire qu'après la gonflette, vous aurez toujours une odeur d'œuf pourri dans l'air. Chez les professionnels, on appelle ça 'ambiance flatulette', si vous voyez ce que je veux dire ».

Je voyais très bien ce qu'il voulait dire. Ça puait l'entourloupe à plein nez son histoire. On le renvoya gonfler d'autres gogos et l'on continua à installer des lits superposés et à organiser la cité communautaire et partageuse que nous allons bientôt installer sur la Terre.

C'est mieux que de sentir l'œuf pourri.

Bon, la suite, à demain,

Non, en fait, pas à demain, car ceci fut la dernière communication que je reçu du camarade Lulu de la Lune. Tous les jours, je regarde furieusement derrière mes fraisiers, mes églantiers, mes tomatiers, mes bananiers, mes machines à lavétiers, mes quesquetahameregardercommeçatiers, mes clés, mes tiensvoiladuboudintiers et autres artifices jardinesques, à la recherche d'un nouveau journal intime qui serait tombé complètement par hasard de la lune dans mon jardin. Mais lorsque cela sera le cas (si cela arrive), vous serez bien évidemment les premiers à en être informés, vigoureux lecteurs, et en attendant...

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Les épisodes précédents : Cinquante-sixième jour – heureux qui fait la bombe Cinquante-cinquième jour – quel cadeau merveilleux ! Cinquante-quatrième jour – un furtif du tonnerre ! Cinquante-troisième jour – spectacle garanti ! Cinquante-deuxième jour – l’infinie patience du mollusque Cinquante-et-unième jour KdKLQS ! KdKLQS ! KdKLQS ! Cinquantième jour – le retour de manivelle Quarante-neuvième jour – Le taulier ! Quarante-huitième jour – Merci qui ? Merci qui ? Quarante-septième jour – L’artichaut légal Quarante-sixième jour – Opération maquillage ? Quarante-cinquième jour - La Terre au clou ! Quarante-quatrième jour – L’entourloupe planétaire Quarante-troisième jour – Blingue-blingue, le retour Quarante-deuxième jour – le Depardieu d’Alpha du Centaure Quarante-et-unième jour – la nouille cathodique Quarantième jour – lui aussi ! lui aussi ! Trente-neuvième jour – tout ça pour du menu crottin Trente-huitième jour - tandis qu’on canonise Trente-septième jour - une soirée télé qui commence bien Trente-sixième jour - fermenter n’est pas jouer Trente-cinquième jour – J’ai fait un rêve… Trente-quatrième jour – réunion au sommet du sous-sol Trente-troisième jour – le retour de Fomka Trente-deuxième jour – réunion au sommet du cagibi Trente-et-unième jour - le bal des serpillières Trentième jour – la vache et le prisonnier Vingt-neuvième jour – l’escalade Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune

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