La transphobie, et toutes ses déclinaisons plus ou moins intellectuelles et plus ou moins « soft », est au coeur de l'agenda de I'extrême-droite.
Quand vous signez les appels à |a panique morale concernant les jeunes trans, sous prétexte de protection des enfants (en fait plutôt pour protéger le contrôle des parents sur le corps et la socialisation de leurs enfants) ou des pétitions visant à perpétuer la légalité de thérapies de conversion concernant les personnes trans, notamment mineures (essentiellement parce que les parents ne veulent pas entendre parler de transition), vous soutenez l'agenda de l'extrême-droite. D'autant plus que les « #femellistes », qui prétendent sauver le féminisme du « wokisme », ne font que reformuler des idées qui vous feraient reculer d'horreur, si elles étaient déclamées dans leur forme brute par un type au crâne rasé et portant des tatouages de croix gammées. Des mecs dont ces femellistes se rapprochent de plus en plus et surtout, de plus en plus ouvertement, avec tout ce que cela implique en matière de droit à l'autodétermination (vous savez, la contraception, l'avortement et tout le patacoufin!).
Vous connaissez l'histoire de la grenouille plongée dans l'eau qui se réchauffe progressivement jusqu'à Ia bouillir vivante? Et bien, la grenouille c'est vous et l'eau qui se réchauffe, ce sont les discours réactionnaires patriarcaux et sexistes dans lesquels vous barbotez joyeusement, par réactance à ce que vous ne comprenez pas (et n'avez pas l'intention d'essayer de comprendre), et qui deviennent de plus en plus fort. Et si tout se passe mal, vous serez les premiers ébouillantés.
Vous ne pourrez pas dire que vous ne saviez pas. On n'est plus au début du 20è siècle avec les journaux pour seules sources d'informations quotidiennes, un cinéma et une radio pétaradante, en grande partie sous contrôle étatique ou de gros groupes, un téléphone rare, et pas de TV. Et vous savez presque tous lire et écrire (alors qu'au début du 20" siècle, l'analphabétisme/ illettrisme était assez important, entre 15 et 20 % de la population). Vous disposez de nombreuses sources d'infos, et on n'a jamais autant publié de livres. Vous n'avez pas vraiment d'excuses. D'autant moins si vous avez plus de 60 ans et avez bénéficié d'une des périodes les plus prospères de l'histoire de l'humanité, avez une formation d'universitaire et un parcours d'intellectuel qui n'a jamais trop eu à se soucier du lendemain et a pu passer sa vie à réfléchir et écrire!
Quand vous prétendez que le militantisme pour les droits des trans nie la biologie, non seulement vous dites n'importe quoi, mais en plus vous dévoyez la #biologie, qui ne dit nulle part que le #sexe et |e #genre vont forcément de paire. Et vous dévoyez le féminisme moderne, qui, depuis Simone de Beauvoir, s'échine à déconstruire les #stéréotypes de genres associés à une compréhension particulièrement étriquée, morale, politique et philosophique du #féminin et du #masculin. Les femmes ne sont pas opprimées à cause de leur utérus et de leur capacité à enfanter, mais des significations que nos sociétés ont attribuées à ces organes et fonctionnalités. Et à cause des conclusions complètement claquées au sol auxquelles ont mené ces significations, comme l'idée que la femme est plus fragile physiquement, psychiquement et intellectuellement, mais aussi naturellement portée à s'occuper des autres et à se sacrifier pour les hommes, à cause de son sexe. Ces conclusions disent aussi que les hommes sont inversement plus solide, mais aussi plus égoïstes, territoriaux, possessifs, jaloux, agressif, guerrier et in fine, dangereux, notamment pour les femmes et les hommes plus « faibles ».
En s'affirmant homme ou femme, les personnes trans ne font que remettre particulièrement en cause ce vieux narratif #réactionnaire. Iels nous montrent qu'on peut naître avec des testicules ou des ovaires, mais préférer un mode de vie et une identité de genre autre que celle prescrite aux porteurs de testicules ou d'ovaires. Iels restent cependant suffisamment dans les balises traditionnelles binaires. Et c'est ce qui fait flipper la fibre réactionnaire d'une partie de la population. Parce que Ia remise en cause vient de gens qui respecte la #binarité sexuelle de l'espèce humaine, mais refusent de se soumettre à une identité de naissance, imposée par la #société!
En effet, on ne voit personne s'inquiéter des personnes s'affirmant non-binaires et qui refusent d'entrer dans l'une des deux cases sexuelles, estimant qu'elles peuvent mélanger les deux et créer leur propre identité. Bon, il est vrai que les personnes non-binaires sont simplement confondues avec toute personne trans. comme cela, pas besoin de rendre plus compliqué un phénomène qui échappe déjà complètement à la compréhension de tout ce beau monde très inquiet, qui n'a d'ailleurs aucune envie d'essayer de comprendre. C'est plus simple de faire progressivement disparaître le phénomène en mettant partout, à tous les niveaux (sociaux, culturels, politiques, légaux, philosophiques et moraux, mais aussi économiques et médicaux), des bâtons dans les roues des personnes trans, enjointes violemment à se conformer à une vision complètement erronée et dépassée de l'être humain.
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