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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)

Cinquante-sixième jour – heureux qui fait la bombe

Comme vous l'avez constaté, croustillant lecteur, ça fait un bail que je ne me suis pas penché sur ce journal. Mais il faut dire que depuis que les charmantes petites abeilles aliènes ont transformé la Lune en paradis tropical un peu genre Amazonie mais sans campagne de forage-test de multinationales pétrolifères, on a été très occupés à ne rien faire ou à barboter sur les bords de la Mer de la Tranquillité.

Heureusement, tout avait l'air de se calmer depuis que la limace était reparti sur la terre en ayant acheté la Terre en viager à Carla l'Ancien (ou bis, comme vous voulez), un aliène qui avait encore bien 40 millions d'années d'espérance de vie ( Voir L’infinie patience du mollusque), ce qui avait bien fait rire tout le monde.

Du coup, on ne parlait plus de savoir à qui était la Terre, et même Carla l'Ancien avait l'air d'avoir oublié cette histoire. Il était occupé à montrer des photos de famille à son descendant, Carla le Jeune, ce dernier étant particulièrement touché par la photo jaunie de son arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-arrière-grand-mère Évelyne aux grandes oreilles, posant en maillot de bain au bord de la Mer de la Tranquillité, du temps où il y avait encore de l'eau et où Yvonne Ma Tante y était simple maître-nageur (y avait-il eu quelque chose entre les deux ?) On racontait que c'était elle qui avait écrit l'Illiade et l'Odyssée, allongée sur une serviette de bain et que ça avait été pour elle une tâche longue et difficile (c'est vrai que c'est difficile d'écrire allongé), mais qu'elle avait oublié son manuscrit dans le filet à bagages d'un baquet-express où le jeune Homère travaillait comme garçon de voiture pour payer ses études d'aède.

Yvonne Ma Tante, notre hôte, tenancier du Mont de Piété de la Mer du même nom (vous vous souvenez, n'est-ce pas, brillant lecteur? Si vous ne vous souvenez pas, ou si vous êtes nouveau, vous pouvez lire ICI) a retrouvé sa jeunesse en redevenant le maître nageur qu'il avait été il y a des milliers d'années, du temps où il y avait de l'eau dans la Mer de la Tranquillité, et c'est d'ailleurs pour ça qu'elle s'appelle la Mer, parce que sinon, pourquoi on aurait appelé Mer ce trou poussiéreux que j'avais trouvé à mon arrivée ?

Yvonne Ma Tante avait un peu laissé tomber le Mont de Piété, qui était maintenant sous des mégalitres d'eau, ce qui faisait qu'on n'entendait pas très bien la sonnette accrochée à la porte quand quelqu'un entrait pour reprendre son clou. Mais tout ça c'était pas bien grave, tout à la joie qui régnait sur la Lune.

La vache Angela (qui est apparue dans ce journal ICI), devant ce splendide miroir lunaire, nous avait avoué qu'elle ne savait pas nager. Le galant dragon marin (qui ne crache pas le feu parce qu'il est marin) tenancier-maître-nageur s'était alors précipité pour lui enseigner toutes les subtilités de la nage, de la planche, de l'apnée, de la pèche à la crevette, du décollage des berniques à marée basse, et du casse-croûte pâté rillettes cornichons arrosé de grapilleru. Il avait commencé par lui apprendre à faire la planche, et pour qu'elle soit plus à l'aise, il lui faisait aussi chanter l'internationale à tue-tête, ce qu'elle adorait, et nous aussi, parce que sur la Lune on est tous communistes, en attendant que les terriens se rendent à l'évidence et le deviennent aussi, mais c'est pas gagné, parce qu'ils sont particulièrement bourrins il faut bien le dire.

La transformation de la Lune en paradis tropical grâce à nos camarades les charmantes petites abeilles aliènes constructivistes avaient fait revenir vers la Mer de la Tranquillité tous les anciens habitants de la Lune qui avaient passé tous ces millénaires enfermés dans des caves à jouer à la belote (on joue beaucoup à la belote sur la Lune, vous ne saviez pas ?), tellement ils étaient dégoûtés qu'il n'y ait plus d'eau dans la Mer de la Tranquillité et qu'ils ne puissent plus faire de bombe du haut du plongeoir. Il y avait en particulier toute la famille d'Yvonne Ma Tante, une tripotée de monstres marins très bien élevés qui, outre leur maîtrise de la belote et de la bombe du haut du plongeoir, connaissaient l'Iliade et l'Odyssée par cœur, ce qui était un grand mystère, mais pas tant que ça quand on se rappelle l'épisode que j'ai raconté plus haut.

D'ailleurs, à propos de mystères déflorés, quand ils recommencèrent à faire des bombes du haut du plongeoir, en y entraînant la vache Angela, toujours prête aux grandes aventures, Yvonne Ma Tante, avec qui je barbotais tranquillement (il m'avait prêté des palmes et un tuba), me raconta que ses neveux facétieux, alors que leur grand-père s'apprêtait à faire un saut de l'ange pour émerveiller leur grand-mère qui avait enlevé ses lunettes pour l'occasion (elle en avait assez de les essuyer, même un saut de l'ange, chez lui, se terminait en bombe, mais elle ne pouvait pas protester contre cette preuve d'amour si délicate – il y en a qui offrent des fleurs, lui il faisait des bombes), ses neveux, donc, avaient incliné le plongeoir le plus loin possible et le grand-père avait plongé.... vers la terre!

Nous apprîmes, ainsi, la véritable origine du terrible monstre du Loch Ness, qui n'arrêtera de terroriser les riverains que quand on lui offrira un plongeoir pour pouvoir faire des bombes. C'est tellement simple la vie, finalement!

Bon, j'ai une autre histoire à vous raconter, mais j'ai la flemme de le faire maintenant.

La suite, à demain,

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Les épisodes précédents : Cinquante-cinquième jour – quel cadeau merveilleux ! Cinquante-quatrième jour – un furtif du tonnerre ! Cinquante-troisième jour – spectacle garanti ! Cinquante-deuxième jour – l’infinie patience du mollusque Cinquante-et-unième jour KdKLQS ! KdKLQS ! KdKLQS ! Cinquantième jour – le retour de manivelle Quarante-neuvième jour – Le taulier ! Quarante-huitième jour – Merci qui ? Merci qui ? Quarante-septième jour – L’artichaut légal Quarante-sixième jour – Opération maquillage ? Quarante-cinquième jour - La Terre au clou ! Quarante-quatrième jour – L’entourloupe planétaire Quarante-troisième jour – Blingue-blingue, le retour Quarante-deuxième jour – le Depardieu d’Alpha du Centaure Quarante-et-unième jour – la nouille cathodique Quarantième jour – lui aussi ! lui aussi ! Trente-neuvième jour – tout ça pour du menu crottin Trente-huitième jour - tandis qu’on canonise Trente-septième jour - une soirée télé qui commence bien Trente-sixième jour - fermenter n’est pas jouer Trente-cinquième jour – J’ai fait un rêve… Trente-quatrième jour – réunion au sommet du sous-sol Trente-troisième jour – le retour de Fomka Trente-deuxième jour – réunion au sommet du cagibi Trente-et-unième jour - le bal des serpillières Trentième jour – la vache et le prisonnier Vingt-neuvième jour – l’escalade Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune

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