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69ème jour : "Qui aime la chaleur est le diable aux enfers !"
Il est une église fameuse à Ipanema, l'Église Nossa Senhora da Paz, sur la Place du même nom.
Dans les années 1950/1960, cette Église eut comme vicaire le polémique Frei Leovegildo Balestieri, qui y installa l'air-conditionné pour le confort de ses fidèles ("Qui aime la chaleur est le diable aux enfers !") Il créa aussi la messe du yéyé (pour accompagner la mode musicale), installa à côté de l'Église la Maison Nossa Senhora da Paz, qui dispensait des services médicaux et d'assistance sociale. En milieu de journée, les messes se succédaient de demi-heure en demi-heure, à tel point que les nouveaux arrivants se cognaient aux fidèles sortant de la communion. D'un autre côté, on était toujours sûr de trouver une messe, ce qui augmenta considérablement le nombre des paroissiens, ainsi que leur contribution au denier du culte. Une sorte de remake des trois messes basses d'Alphonse Daudet, mais pour une raison différente : le profit.
Laissant s'épanouir sa fibre d'entrepreneur, Frei Leovegildo monta une petite industrie de céramiques en banlieue, réussit à récupérer la gestion de la consigne de la (célèbre) Gare Central do Brasil et construisit le Center Hôtel au Centre-ville. En 1952, il avait inauguré le Cinéma Pax, et quelques années plus tard, ouvrit une patinoire (à Rio de Janeiro!) le Gelorama, un booling et un théâtre, teatro de arena, pour récolter de l'argent pour sa paroisse.
Les dents commencèrent à grincer franchement quand Frei Leovegildo projeta de détruire l'Église pour construire à la place un centre commercial, où une chapelle côtoierait boutiques et lanchonetes.
Ce projet ne vit pas le jour, suite à l'énorme campagne menée par le magazine Pasquim, pourtant repère fameux de bouffeurs de curés et d'alcoliques notoires, non sans talent par ailleurs.
Mais l'Église de Nossa Senhora da Paz, édifice-phare d'Ipanema et de la bohème carioca (le restaurant Garota de Ipanema, où Vinicius de Moraes et Antônio Carlos Jobim composèrent la chanson du même nom, n'est qu'à un pâté de maison),
c'était sacré.
Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.
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Et à demain, pour une nouvelle chronique!
Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
https://fr.liberapay.com/le_chat_d_hokusai/
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