#récit

qlod@parlote.facil.services

La Grande Démission

Isabelle Maréchal reprend la route et va à la rencontre de Québécois et de Québécoises qui ont décidé de tourner le dos au travail tel qu’on le connaît, et à l’engrenage absurde d’une société de consommation plus que jamais débridée.

https://video.telequebec.tv/details/46375?playlist_id=379
https://video.telequebec.tv/player/46375/stream?assetType=movies&playlist_id=379
https://www.telequebec.tv/documentaire/la-grande-demission
#vidéo #document #récit #capitaliste #capitalisme #mort #vie #philosophie #société_de_consommation #consommation #milléniaux #style_de_vie

magdoz@diaspora.psyco.fr

Effondrement : Est-ce que tout est vraiment foutu ? Avec Pablo #Servigne. (2022)

https://www.informassue.tuxfamily.org/Solutions.php#effondrement_recit_espoir
Paloma Moritz :

Mais que met-on vraiment derrière le “c’est foutu” ? Qu’est ce que ça veut dire exactement l’effondrement ? Pour creuser ces questions, je reçois aujourd’hui Pablo Servigne, l’auteur qui, avec Gauthier Chapelle, a été l’un des premiers à mettre dans le débat public la possibilité d’un effondrement de notre société. Ensemble nous allons explorer comment parler de l’effondrement, de la situation actuelle mais surtout comment vivre et agir une fois que l’on a conscience de toutes les menaces qui pèsent sur l’avenir. Et je vous rassure non, tout n’est pas foutu.

#Humanité #Effondrement #Collapse #Collapsologie #Espoir #Récit #Enfants

bliter@diaspora-fr.org

L' #Histoire de #SimoneVeil - #GaspardG

#Femme aux 1000 vies, elle a survécu à la #Shoah, a été #ministre, #militante pour l’ #avortement, #présidente du #parlement #Européen et repose aujourd’hui au #Panthéon. Voici le #récit de la #vie de Simone Veil.

« Je le dis avec toute ma #conviction : l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue. » _ Simone Veil (1974)

https://www.youtube.com/watch?v=FbwwEPhrUAE
#Histoirede

bliter@diaspora-fr.org

La #liberté d'expression...seulement quand ça les arrange | #IdrissAberkane

Essai audio sur la place de la liberté d'expression dans notre #société: souvent mise de côté quand cela arrange le #récit #dominant, et au contraire brandie quant elle permet de s'acheter une image contestataire. Dans ce nouveau format je vous livre la #réflexion que m'a inspiré la récente #agression de l' #écrivain Salman Rushdie et surtout le #traitement #médiatique de cet #événement #tragique.

https://www.youtube.com/watch?v=kGorFoNJqBg
#salmanrushdie #libertédexpression #essai #politique

tina@diaspora.psyco.fr

En compagnie de six lynx, dans le secret des bois...

Véronique Frochot est photographe naturaliste, en Franche-Comté. Lors d'une de ses balades matinales en forêt, elle est tombée par le plus grand des hasards sur une famille de lynx. Après avoir rencontré un couple totalement paisible, elle était loin d'imaginer qu'elle pourrait les revoir durant près d'une semaine. Un moment rarissime réalisé dans le plus grand respect de l'animal.

#Nature #lynx #faune #espèce-protégée #photographie #récit

namas@diaspora-fr.org

Même si Louis là se la raconte un peu avec son public, qu’il a un côté cabot et pédagogue gnangnan (ça m’agace surement parce que ça fait miroir), ça ne l’empêche certes pas de dire des trucs justes.

https://tube.aquilenet.fr/w/kRpUjGiZE3X8srQxSCT6sb
(merci Dieudo pour le partage)

Allez, on continue à sortir des autoroutes et proposer des déviations - les imposer même à grands coups de barricades et de tracteurs ? ou les suggérer en mode “démanipulation” et éduc pop"…

Je suis un peu troublé quand même par l’injonction à publier publier publier, alors que

si on reste sur la mégamachine ça contribue sans doute à l’intégration et aux nouveaux récits, mais aussi à nourrir l’intelligence artificelle des Gafam et la récupération capitaliste de tout par la marchandise
si on fait ça sur papier ça bouffe encore des arbres et on est déjà au stade du plus grand délire d’imprimerie de tous les temps (avec l’autopublication numérique, les enregistrements à la BNF ont été exponentiels ces vingt dernières années par exemple : un vrai problème, même si ce sont de petits tirages…)
on a une seule bouche et seulement deux yeux deux oreilles !

Je préconiserais donc les nouveaux récits locaux, ou plutôt soit territorialisés soit nomades : ancrés sur leurs terres ou dans leurs mouvements, oraux ou partagés dans des cercles de proches - nous sommes tou-te-s proches.

Sortons du spectacle, sortons du thérapeutique, sortons du marchandage ça oui : retrouvons le commerce véritable, cherchons le dialogue avec toutes les folies de façon rationnelle, inventons les adelphies réelles et les nouveaux Jeux collectifs.

#actualité #totalitarisme #créativité #Histoire #Liberté #émancipation #Récit

lechatdhokusai@diaspora.psyco.fr

La Non-conversation

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Elle était plus âgée que lui, bien sûr, puisqu'elle était son professeur à l'université.

Des relations de prof à étudiant, rien de plus.

Et puis, un jour, pour des raisons administrato-pédagogiques oubliées, il dût lui téléphoner.

Un soir donc, il appela son professeur à son domicile, afin de lui communiquer la précieuse information dont elle avait besoin.

Ce ne fut pas elle qui décrocha.

Ce fut son père.

L'étudiant, un instant surpris, entendit la voix aimable du vieil homme, et après une pause qui s'enlisait dans ses souvenirs, finit par se présenter et par demander à parler à son professeur.

Mais le vieil homme ne l'entendait pas de cette oreille. Avant de passer le combiné à sa fille, il entama la plus aimable des conversations, s'enquérant de la santé du jeune homme, de la marche de ses études, de ses projets professionnels, tel un vieil ami de la famille qui l'avait connu en culottes courtes.

Il ne croyait pas si bien dire...

Mais l'étudiant restait muet.

Alors le vieil homme, plus charmant encore, reprit la conversation, et avec une très gentille quoique indéniable insistance, s'intéressa à nouveau à la vie de son jeune interlocuteur.

Et l'étudiant écoutait.

Il écoutait cette voix, cette voix qui le ramenait vingt ans en arrière,

la voix du vieil amiral,

il écoutait, stupéfait, la voix de l'odieux dictateur qui, deux décennies plus tôt, avait dirigé d'une main de fer le pays, au sein du sinistre triumvira de la dictature militaire.

Il écoutait la voix de l'assassin, resté tant d'années à la tête d'une dictature sanglante qui avait jeté en prison et torturé son père, qui avait ordonné son propre emprisonnement, un mois, à quinze ans, à être battu sans relâche (il en avait perdu l'ouïe d'une oreille et la terreur, pendant des mois, de rester sans lumière),

il écoutait la voix de l'amiral qui avait ordonné la mort de plusieurs de ses camarades et de ses professeurs, disparus du jour au lendemain sans laisser de trace, l'homme qui avait ordonné la répression, les trahisons, les fusillades (il se souvenait encore de la rafale de mitraillette dans la salle voisine de l'école du soir où il préparait le vestibular, et le regard figé de tous les étudiants sur la porte fermée, dans le bruit des bottes qui s'éloignaient),

il écoutait, écoutait, et restait muet.

Alors, sans doute lassé de parler tout seul, n'ayant pu réussir à converser avec ce si sympathique garçon, le vieil homme appela sa fille auquel l'étudiant donna rapidement l'information qu'elle lui avait demandée.

Puis il raccrocha, et se tournant vers sa mère, qui lisait un peu plus loin, il lui raconta cet invraisemblable non-conversation qu'il venait d'avoir avec le vieux dictateur et surtout, cette insistance à lui parler.

- Tu n'as pas compris ? murmura sa mère en souriant.

- Compris quoi ?

- Ton professeur, qui a dépassé les catherinettes depuis longtemps, a sans doute parlé de toi à ses parents. Le vieil amiral veut que tu épouses sa fille... Pour un père aimant, il n'est jamais trop tard...

Retrouvez ici de petites chroniques de Rio de Janeiro, rédigées au jour le jour parmi d'autres travaux d'écriture. Des chroniques plus anciennes sont aussi lisibles à l'adresse suivante :

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La Marchinha des poubelles

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D'emblée il me demande si j'ai des contacts à la Prefeitura (1) et comme je n'en ai aucun il souhaite savoir si j'ai entendu parler de la campagne Lixo Zero en cours à Rio, bien sûr, je connais cette campagne qui incite les cariocas à utiliser les poubelles au lieu de tout jeter par terre, elle fait rage de la Zona Norte à la Zona Sul et distribue les amendes à grand renfort de publicité alors,

il me demande encore si je souhaite écouter une Marchinha de sa composition sur le sujet - comment refuser ? tout en me donnant sa carte il introduit un cd dans le lecteur et la musique s'envole sur un rythme de Carnaval, “Nao joga lix' aqui, tem lixeira là !” c'est un vrai travail de pro, avec refrain rimé et exclamations bien placées sur les devoirs de la cidadania, sur l'obligation de montrer au monde une Cidade Limpa ville immaculée,

bien sûr je pense qu'il pourrait vendre cette Marchinha à la Prefeitura ou même à la télé et puisqu'il l'a déjà protégée, m'assure-t-il, pourquoi ne pas la divulguer ? il le fera bientôt, comme il l'a fait pour les autres, sur youtube et ailleurs et puis, ajoute-t-il, il en a composé une autre sur la campagne “Xixi na rua não!” menée par la Mairie pour empêcher les fêtards d'uriner dans la rue pendant le carnaval de Rua, où des milliers de folliards chantent dansent et surtout se remplissent de bière derrière les blocos de Carnaval défilant dans tous les quartiers de la ville, je le félicite encore,

mais nous sommes arrivés et mon chauffeur-compositeur m'aide aimablement à sortir mes courses du taxi, et alors que je ferme la porte, je l'aperçois qui fourrage dans son coffre et qui se débarrasse négligemment d'un sac en plastique vide sur le trottoir,

finalement, en pensant à ses autres compositions, je me dis que je ne m'en sors pas si mal...

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(1) Traduction des mots en italique : Prefeitura : Mairie. Lixo Zero : Zéro Déchet. Marchinha : genre de musique populaire qui fut prédominante pendant le Carnaval entre les années 1920 et 1960, quand il fut remplacé par le Samba proprement dit, qui accompagne dorénavant les défilés officiels du Sambodrome. A Rio, toutefois, les centaines de Blocos du Carnaval de Rua continuent de lancer, chaque année, des nouvelles Marchinhas ou de reprendre les anciennes. Nao joga lix' aqui, tem lixeira là ! : (mal traduit : ne jetez pas vos ordures par terre quand il y a une poubelle à côté) Cidadania : Citoyenneté. Cidade Limpa : Ville Propre. Xixi na rua não! : Ne pissez pas dans la rue !

PS: mon esprit, aisément porté sur la farce, aurait pu inventer cette histoire, mais elle est vraie.

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Balzac tropical

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Et chaque jour,

il enfile les manchons de toile blanche pour ne pas salir ses avant-bras sur la table de bois, la demi clarté de la croisée ensevelie sous la pile de dossiers et puis voici que de la porte sombre une silhouette apparaît avec un ticket, le numéro est égal à celui qui clignote en rouge au-dessus de la table dans l’air las et le travail commence : sur la feuille imprimée coller tous ces timbres tellement et puis tamponner autant de fois qu’il le faut la page après avoir vérifié dans le petit tiroir derrière lui l’authenticité de la signature et le lent manège du ventilateur qui tourne au-dessus de lui et puis se lever encore, passer la porte toujours ouverte de son supérieur qui appose lentement au ralenti son paraphe sur les tampons et les timbres ; il tourne la tête vers la secrétaire et ses ongles vermeils si longs qu'elle contracte et tend les doigts à l'horizontal comme des baguettes, ils dansent et tambourinent sur le clavier en frappant avec le petit coussinet celui des empreintes digitales et tombent en cadence tels de rigides martelets sur les cordes d'un piano (mais) derrière lui, les ombres tassées se pressent et les autres numéros se succèdent, ici c’est une photocopie à certifier là un acte de propriété et l’opération se répète des dizaines milliers de fois par jour (il aimerait tellement réussir à croiser les jambes sous le comptoir de bois) un mariage transcrit un terrain emphytéotique et les timbres se collent et se recollent recto au verso paraph(ras)é et les tampons s’en tamponnent et le ventilateur tourne et tourne à descendre inexorablement jusqu'au fond du gouffre mais toujours il a remonté la pente et il continue employé modèle...

(SANTA Nathalie Paysage, extrait)

Une étude de notaire dans une petite rue du Centre-ville ... sans oublier le petit ascenseur qui n’a pas d’ascensoriste faute de place mais qui possède deux portes en accordéon qui s’ouvrent alternativement selon les étages et qui tombent en panne alternativement aussi...

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Si c'était si mauvais...

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C'était au début des années 1970, au plus haut de la dictature des généraux au Brésil.

L'un de ces satrapes aux lunettes noires, dans un élan de gloriole auto-promotionnelle, avait décidé de condescendre à visiter quelques concitoyens, dans un voyage (qu'il supposait triomphal) aux confins du Brésil, sur les terres arides du nordeste.

Et la grotesque caravane sinuait sur des routes qui n'en étaient plus, à travers des bourgades fantomatiques tant elles étaient écrasées de sécheresse et de misère. Une limousine sautant sur les cahots, suivis de véhicules poussiéreux emplis de journalistes aux bottes, de cameramen aux bottes, de militaires aux bottes, et de conseillers mestres puxa-sacos (1) pour montrer la puissance et la sagesse du régime à des légions de paysans en haillons, attirés par le larsen du micro et l'idée que, peut-être, de la nourriture serait distribuée.

On ne sais pas si de la nourriture fut distribuée, mais du haut de son estrade, le général fit un discours dispendieux et très long. Il discourut sur la gloire du Brésil, sur les dangers du communisme, sur l'avenir glorieux du Brésil, sur les horreurs du communisme, sur les bienfaits d'un régime paternaliste si soucieux du bien-être de ses administrés, sur l'impasse du communisme, sur l'image merveilleuse de la mère-patrie à l'étranger et sur les petits enfants mangés tout crus par le...

Puis, descendant dans la poussière, le bon général s'avança vers ses sujets et, avisant l'un d'entre eux, lui demanda :

- et toi, tu sais bien comme le communisme est une mauvaise chose !

Et l'humble paysan, triturant son chapeau, répondit :

- Excellence... je ne connais pas le communisme, mais je suis sûr d'une chose...

- Bien ! Bien ! Dis-nous-le donc ! s'enthousiasma l'uniforme.

- Et bien, si le communisme était si mauvais, il y aurait longtemps qu'on l'aurait ici au Brésil !

(1) être puxa-saco, en portugais c'est être lêche-botte. Littéralement, cela signifie "tireur de sac", celui qui est derrière à porter toutes les valises (et les casseroles) du maître.

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83ème jour : Héloïse à vélo

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Dans la pharmacie,

c'est la file d'attente pour la caisse et le regard qui erre sur les promos de crème hors de prix malgré les promos (et) un homme entre,

il est bien habillé comme un bourgeois dans ce quartier bourgeois il entre il passe le vigile à l'entrée qui lui prend sa température il n'a pas de fièvre non il remonte les caisses puis s'arrête devant un frigo à la porte transparente ce sont des boissons énergisantes et autres sucs merveilleux pour l'énergie et la santé et la beauté et les cyclistes qui suent sur (qui sussurent peut-être) sur place dans les vitrines des académies sur plusieurs étages sans avancer d'un pouce ils doivent boire des hectolitres de ces boissons énergisantes et autres sucs merveilleux pour la santé et l'énergie et la beauté - et la bonté ? (1) - le ventre qui balonne sur les vélos immobiles et les machines dans les vitrines transparentes des académies les corps musclés et bronzés malgré et en sueur qui brillent sous les sunlights (musique) comme des stars qui brillent (re-musique) dans les vitrines des académies (activité essentielle - très essentielle - terriblement essentielle - affreusement essentielle - désespérément essentielle)

(et) il se tient droit devant le frigo transparent à la bonne température pas de coup d'oeil de côté (très sûr de lui) il ouvre la porte transparente et prend une bouteille de cette boisson énergisante et autres sucs merveilleux pour l'énerg... je le vois peut-être a-t-il vu mon regard mais je ne dois pas avoir l'air d'être une menace (moi, une menace ?) il ne me regarde pas (et) il prend une autre bouteille il la glisse cette fois-ci dans son sac à dos (une bouteille qu'on vole on ne la range pas on la glisse) et il repart alors,

à la sortie ostensiblement il pose la deuxième bouteille celle qu'il n'a pas glissée dans son sac à dos sur une pile de produits hors de prix de ceux qui sont en promo et puis il déclare au vigile qu'il a changé d'avis et que finalement il n'achètera pas la bouteille de boisson énergisante alors il la laisse là sur les crèmes en promo quel artifice,

et il sort de la pharmacie avec l'autre bouteille dans son sac à dos (volée).

(1) "le beau c'est le bon mis en activité" La nouvelle Héloise J.J. Rousseau.

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez le faire sur Liberapay, plateforme de dons récurrents, où vous choisissez une durée et une valeur de don, que vous pouvez renouveler ou interrompre à votre guise.

Vous pouvez en savoir plus sur mes travaux ici :
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#brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

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82ème jour : sinistre retour de plage

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c'est tellement agréable sous le grand ventilateur devant les vitrines qui ondulent le long de la longue padaria (1) (et derrière) les employés s'affairent les jus les sandwiches à la viande au poulet les fours où dorent les crevettes en beignets (et) d'un geste sûr, ils les versent dans les plats sous nos coudes appuyés sur la vitre, cent grammes deux cent grammes à emporter ou non il faut payer d'abord faire la queue devant les petits guichets comme au cinéma ou au théâtre et puis retourner vers le bar transparent aux étages surchargés on se penche il faut choisir mais soudain,

on ne l'avait pas vu, tout à notre goûter bientôt ce petit creux délicieux en sortant de la plage les pieds ensablés la petite fatigue du soleil supporté la chaleur au visage on ne l'avait pas vu on n'avait pas noté que des chaises barraient le passage un peu plus loin avant le comptoir de l'autre côté là où l'on peut acheter du pain du café et les bricoles d'oubli du supermarché il y avait les chaises et une table aussi en se penchant nous l'avons vu,

à cinquante centimètres un couple assis mangeait il lui tournait le dos et puis à nos côtés des adolescents riaient,

nous n'avons pas goûté, nous n'avons pas fait la queue aux petits guichets comme au théâtre au cinéma nous ne sommes pas revenus vers le comptoir transparent et les beignets de crevettes et les parts de pizza et les croquettes au poulet,

nous sommes partis de la padaria qui n'avait pas jugé bon de suspendre son commerce après le malaise et la mort d'un client au milieu de la cohue de la fin d'après-midi,

quelques chaises quelques tables cachant un corps sous une bâche,

mon Dieu, dans quel monde vivons-nous ?

(1) Padaria : littéralement boulangerie. Établissement où l'on peut boire des jus de fruits et des boissons sans alcool et manger des sandwiches ou différents beignets, boulettes ou petites tourtes au fromage, à la viande, aux crevettes, au poulet etc., parts de pizza et autres "grignotteries" délicieuses.

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81ème jour : délice d’auteur virtuose du remplissage

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Le jingle de la publicité résonne alors chacun retourne à son ouvrage dans la pizzeria au fond du petit supermarché les employés servent les clients un œil sur l’écran accroché au-dessus des tables hautes et de leurs grands tabourets (et) bientôt, c’est la boulangerie et encore la télé qui boursoufle le mur, je remarque le silence les gens soudain n’ont pas fait qu’arrêter de parler ils ne bougent pas non plus et leur regard fixe un point là-bas que je ne vois pas mais j’ai deviné déjà, j’ai deviné que la publicité finie elle a reparu, celle qui depuis quarante épisodes nous trouble les manipule vous séduit les assassine, quarante épisodes de novela c’est un délice d’auteur virtuose du remplissage mais le feuilleton arrive à sa fin il va bien falloir que la brune meurtrière paye pour ses crimes (et) déjà, l’œil du policier qui l’arrête se brouille, trois ou quatre épisodes encore et la détermination du lieutenant s’effeuillera comme une grosse marguerite je suis la loi j’étais la loi ils sont la loi quelle loi déjà ? les menottes disparaîtront et la belle aussi par la porte de derrière entre les poubelles et puis on la rattrapera (de justesse toujours de justesse) et l’on bouclera une à une en couturière appliquée toutes les intrigues parallèles qui se sont épanouies depuis six mois, c’est un vrai ravissement cette narration tentaculaire tout le monde retient son souffle, et puis le jingle retentit le supermarché sort de sa stupeur

et nous passons à la caisse.

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78ème jour : la vieille dame et les raccourcis

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Elles étaient montées dans le taxi au Jardin Botanique et celle qui semblait la plus jeune (80 82 ans ?) lui avait demandé de les emmener dans une petite rue du quartier du Leblon au bout d'Ipanema où il s'était arrêté au pied d'un petit immeuble et les deux vieilles dames avaient trottiné vers l'entrée où un portier avait accueilli aimablement la plus âgée (90 93 ans ?) pour l'accompagner vers son appartement alors

la plus jeune (83 85 ans ?) était remontée dans le taxi et lui avait demandé de l'emmener à Tijuca, là-bas après les plages après le Pain de Sucre après le Christ après le Mangue après le Sambodrôme après le Maracanã loin après le Centre ville, alors

le chauffeur avait fait demi-tour et il avait pris la direction du Lac derrière Ipanema pour prendre le (sombre) tunnel Rebouças qui les mèneraient vers la zone nord et le quartier où elle habitait alors

la vieille dame (86 87 ans?) mais c'était la plus jeune des deux sœurs - il apprit plus tard qu'elle venait d'accompagner son aînée (95 96 ans?) faire des examens dans une clinique - lui tapa sur l'épaule et lui demanda de passer plutôt par la plage - c'est plus agréable n'est-ce pas ? on ne se baignera pas mais au moins on voit la mer et le sable c'est si beau alors

il avait rejoint la plage du Leblon à la continuation de celle d'Ipanema et puis ils avaient filé postos 12 posto 11 et les kiosques bariolés et le jardim de Allah son canal aux eaux douteuses et ses pêcheurs (d'un geste lent ils remontaient leur ligne oisives) posto 10 posto 9 posto 8 et la vieille dame tournée vers la mer les baigneurs et les joueurs de volley tout bronzés et les enfants qui courent et à la fin de la plage à la hauteur de la rue Vinicius de Moraes et son restaurant Garota de Ipanema (où le célèbre poète et son complice Antônio Carlos Jobim avaient composé la non moins célèbre chanson du même nom) le chauffeur de taxi s'était tourné vers la vieille dame perdue dans ses pensées :

- Voulez-vous maintenant que nous descendions vers le Lac pour rejoindre le (morose) tunnel vers Tijuca ?

- Non non, avait-elle répondu continuez la plage s'il vous plaît.

alors devant les rochers d'Arpoador d'où sautaient sans fin de petits garçons rieurs le taxi avait suivi la rue Francisco Otaviano et rejoint la plage de Copacabana le Fort du même nom le Club dos Marimbas les barques retournées les pêcheurs affairés posto 6 et leur petit kiosque pris d'assaut à 6 heures du matin les poissons remontés dès l'aurore face à la plage au Pain de Sucre au Christ et Copacabana toujours endormie,

et il s'était élancé sur l'Avenida Atlântica posto 5 posto 4 et la vieille dame avait salué le poète Drummond de Andrade sur sa statue - n'était-ce pas ?, pensa-t-elle : - J'ai passé une heure à penser à un vers - Que ma plume n'a pas voulu faire - Il est là pourtant (...) et puis arrivé à la rue Figuereido Magalhães le Vieux Tunnel qui pouvait les mener plus vite encore à destination il avait suffit au chauffeur que leur regard se croisent dans le rétroviseur pour qu'il comprenne que la vieille dame préférait continuer tout droit là-bas presque jusqu'au Leme (...) - Inquiet, vivant - Il est là dedans - Et ne veut pas sortir (...), passer devant le Copacabana Palace posto 3 _posto 2 et remonter la rue Princesa Isabel plutôt que de prendre le Vieux Tunnel et déboucher au (dans le) cimetière São João Batista alors

le chauffeur n'avait plus parlé à la vieille dame il ne lui avait plus rien demandé il n'avait pas tourné après l'Hôpital Pinel à droite prendre le toboggan à gauche vers Laranjeiras et (l'obscur) Tunnel Santa Barbara qui leur aurait évité le Centre-Ville il avait continué tout droit le long de la mer tout droit vers l'aterro tout droit face à l'anse de Botafogo et le Pain de Sucre qui se drapait des lumières du soir (...) - La poésie de ce moment - Inonde ma vie toute entière.

et lorsque arrivés au Centre-ville il n'y avait plus eu de raccourci vers Tijuca la vieille dame était sortie de sa rêverie et lui avait souri - Vous voyez lui avait-elle dit - J'ai 89 ans et je vais peut-être quitter ce monde demain. Pourquoi irai-je m'engouffrer dans de ténébreux tunnels et gagner une demi-heure et quelques dizaines de reais pour rentrer chez moi quand je peux profiter une fois encore de ce merveilleux spectacle ? Ne sommes-nous pas dans la Cidade Maravilhosa ?

Le chauffeur acquiesça (et fit une ristourne monumentale à sa passagère).

Je ne suis pas si âgée (et j'espère ne pas disparaître demain) mais comme cette vieille dame, quand je le peux je demande toujours aux chauffeurs de taxi (jamais d'uber !) de prendre par les plages par l'aterro par l'Anse de Botafogo par le Pain de Sucre par le Christ par la Praça XV par...

C'est si beau... Rio, quand tu nous tiens !

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Et à demain, pour une nouvelle chronique!

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75ème jour (modifié) : c'est bien simple, tu dois choisir : c'est Marcel ou moi !

(à Tasty Bud : mais c'est toujours cornélien...)
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Elle était très jolie, vraiment. Ils sortaient ensemble depuis peu de temps mais c'était une relation plaisante, pleine de rires et de la légèreté de la jeunesse. Et il restait lui-même, plein de ses enthousiasmes de jeune professeur, du monde du savoir qu'il approfondissait avec délectation par des lectures effrénées.

Il avait déjà remarqué que ses petites amies, la plupart du temps, tordaient un peu le nez sur ses loisirs. Passer un week-end entier sans sortir de sa chambre à lire Machado de Assis, Thomas Mann ou Descartes, lorsqu'il faisait beau et que la plage était bondée, était passablement excentrique voire relevait de la science-fiction mais... comme pendant la semaine il courait tous les matins sur la plage avant d'aller travailler, il était bronzé et musclé et n'avait rien de l'intellectuel chétif et besogneux.

Pourtant, il faut bien le dire, à un moment des relations qu'il entretenait avec ses jeunes amoureuses, ça finissait souvent par craquer. D'abord, il préférait acheter des livres que d'acheter une voiture (qui pourtant lui aurait évité les interminables trajets en bus surchauffés) et c'était souvent le premier sujet que ses conquêtes abordaient. De nombreuses fois il avait prétexté que sa voiture (inexistante) était en révision pour pouvoir espérer emmener au cinéma l'une des jolies étudiantes qu'il croisait le soir en allant à l'université (il donnait déjà des cours dans la journée).

Et puis, un jour, avec cette nouvelle petite amie, ils allèrent au cinéma (en taxi ? en bus ? savait-elle qu'il n'avait pas de voiture ? il ne me l'a pas dit). C'était la troisième fois qu'elle lui demandait d'aller voir ce film, et à chaque fois il lui avait expliqué qu'il lisait les écrits théoriques et les traductions de Stéphane Mallarmé, des poètes russes et des troubadours par le grand poète et théoricien de la poésie Haroldo de Campos, pour son plaisir mais aussi pour y trouver matière à des cours qu'il donnerait à ses étudiants de langue portugaise.

Mais cette fois, il était là, sans livre, sans copie à corriger, ils étaient là tous les deux, un couple de jeunes amoureux dans le hall bondé du cinéma en attendant la séance. Et il lui parlait, comme d'habitude, de tout, de rien, du temps, de l'université, du cinéma, de ses coups de coeur et de... ses lectures.

Alors, au milieu de la foule tranquille qui n'avait rien demandé, sa ravissante petite amie se transforma en furie et s'écria en hurlant (pléonasme) :

- C'est bien simple, tu dois choisir : c'est Haroldo ou moi !

Au milieu de la foule que ce cri avait rendu silencieuse, il baissa la tête. Il venait d'être victime de cette habitude brésilienne (très agréable par ailleurs) d'appeler tout le monde par son prénom. Les présidents João Goulard, Tancredo Neves, Fernando Henrique Cardoso sont pour tout le monde Jango, Tancredo et Fernando Henrique, Dilma Rousseff et Lula da Silva ne sont appelés que Dilma et Lula, personne ne connaît les noms de famille des joueurs de foot : Ronaldinho, Neymar, Robinho... (1)

Sa petite amie parlait bien sûr d'Haroldo de Campos, le grand théoricien de la poésie, le créateur, avec son frère Augusto, du mouvement de la Poésie Concrète, qui a profondément marqué la poésie brésilienne et que le jeune professeur lisait avec passion. Mais le prénom Haroldo, seul, est porté par des millions de brésiliens et l'équivoque était facile. Pour la foule muette tournée vers le jeune couple, il devait choisir entre cette ravissante jeune fille et un certain Haroldo, de sexe masculin, parmi des congénères pour lesquels il avait toutes les sympathies sans aller toutefois jusqu'à désirer les mettre dans son lit.

Un peu comme si votre petite amie, au milieu d'une foule, vous reprochait de trop aimer la lecture de Proust et se mettait à hurler :

- C'est bien simple, tu dois choisir : c'est Marcel ou moi !

(1) mais pas Bolsonaro ou Temer ; au Brésil on appelle peu les fascistes par leur prénom.

Cette chronique, déjà publiée, a été modifiée pour être rendue plus cohérente, car elle concernait le grand écrivain Machado de Assis. Parler d'un "Machado", concerne un homme mais ce n'est pas un prénom...

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

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Et à demain, pour une nouvelle chronique!

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