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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)

Trentième jour – la vache et le prisonnier

Je vous ai laissés hier parce qu'on toquait à la porte. Après le lugubre spectacle de notre camarade sonneur de tocsin, j'ouvris l'huis en ruminant mon cafard et je me trouvai nez à nez avec....

... une vache !

Une vache ! Sur la Lune !

Puis j'aperçus derrière elle trois cosmonautes indiens un peu gênés, tenant leur casque à la main, que j'invitai à entrer boire un rafraîchissement, selon les lois sacrées de l'hospitalité en cours sur la Lune et sur la Terre dans les endroits civilisés (c'est-à-dire dans de moins en moins d'endroits). Je ne croyais pas si bien dire, car les trois cosmonautes (dont un ne but que de l'eau car il conduisait) avaient un petit service à me demander qui avait tout à voir avec le sacré. Ils me racontèrent que, alors qu'ils étaient au petit coin en prévision du départ, une vache avait paresseusement grimpé dans leur baquet. Ils avaient tout fait pour la faire descendre de leur astronef, mais elle s'y était farouchement opposée. Et comme cet animal sacré ne pouvait en aucune façon être bousculé contre sa volonté, les trois astronautes avaient été obligés de l'emmener avec eux dans l'espace.

Ils avaient donc décidé de faire un crochet par la Lune, pour me demander si je ne pouvais pas, par hasard, prendre leur vache en pension, en quelque sorte, le temps de leur périple interstellaire, qui ne durerait pas longtemps.

Vous me connaissez maintenant, et savez comme je suis toujours prêt à rendre service aux camarades, surtout s'ils viennent d'une puissance qui fait de plus en plus la nique à la Grande Puissance Nortuaire. Je leur demandai quand même ce qu'ils entendaient par « pas longtemps » et ils me répondirent en riant « Oh ! Pas plus de trente ans ! » Vraiment c'était très drôle et nous rîmes pendant de longues minutes. Ils ajoutèrent qu'un petit pré suffirait pour la contenter et que si je la trayais tous les matins, son lait était délicieux.

La traire ! Je n'ai aucune idée de la manière dont on s'y prend pour traire une vache ! Et, en guise de pré, je n'avais que la serre à proposer. Qui sait si elle allait manger mes groseilles et mes poireaux ! Sans parler de cette herbe si sympathique que Ferdinando avait planté discrètement derrière les salades. Je ne me voyais pas courir après une vache décalquée le long de la Mer de la Tranquillité ! Et puis on pourrait glisser sur la bouse de vache ! C'est très dangereux ! Décidément, cet exil sur la Lune que j'avais cru tranquille et studieux prend une drôle de tournure !

Mais quand même, avoir du lait frais (ou plutôt délicieusement tiède, sortant du pis) tous les matins, c'était tentant. Et puis, peut-être que la traite des vaches entrait dans la formation si complète d'agent de la Petite Île Formidable des Caraïbes de Ferdinando. Où même Carla : qui sait s'il avait fait d'autres métiers avant de devenir vendeur de parapluies ? Ou qu'il était né dans une petite exploitation agricole détruite par des règles communautaires soigneusement élaborées pour écraser les travailleurs et qu'il avait été obligé de quitter pour fuir la misère ?

Bref, on pouvait toujours se débrouiller. Tope-la ! Et j'acceptai de m'occuper de leur vache sacrée.

Ça, ils étaient rudement contents ! Il faut dire que la vache prenait toute la place dans leur baquet et qu'elle les aurait gênés dans leur périple (d'un autre côté, ils pouvaient se chauffer avec la bouse, c'était économique - il fait diablement froid dans l'espace). Je leur demandai alors quel était le but de leur voyage. Leur réponse ne me rassura pas beaucoup : les trois cosmonautes avaient été envoyés pour voir si d'autres planètes pourraient recevoir leur peuple étant donné la tournure irresponsable et très aventureuse (et disons-le mortifère – finalement, le tocsin du camarade siffleur d'alertes ne se balançait pas en vain - voir ICI) que prenait la gouvernance mondiale capitaliste et impérialiste menée par la Grande Puissance Nortuaire sur la Terre.
(Je commence à me poser sérieusement la question : ne suis-je finalement pas mieux sur la Lune ?)

La grosse vache n'avait pas de nom. Je décidai de l'appeler Angela. C'est joli, non ?

Les trois cosmonautes me demandèrent un dernier petit service : pouvais-je pousser leur baquet pour démarrer ? (car le poids d'Angela avait mis à mal leur embrayage) Ce que je fis, bien sûr, avec toute ma bonne volonté. Puis nous les regardâmes partir, ma nouvelle amie laitière et moi-même. Les camarades m'avaient laissé en souvenir un paquet de beedies. Ça me rappelle mon adolescence, les pattes d'éph, les Doors... deux blocs pour équilibrer le monde... Le bon temps ?

Bon, la suite, à demain.

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Les épisodes précédents : Vingt-neuvième jour – l’escalade Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune

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