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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)
Cinquante-troisième jour – spectacle garanti !
Depuis deux jours Carla (le jeune), notre camarade-syndicaliste vendeur de parapluies, est dans un drôle d'état. Sans doute les émotions. C'est vrai que ça lui a fait un drôle de choc de rencontrer son aïeul Carla l'ancien qui lui faisait tant penser à sa cousine germaine Noémie, aaaaaaah Germaine Noémie... Ça n'a pas l'air bien grave, et je pensais que quelques bons grogs avec du rhum rapporté de la Petite île Formidable des Caraïbes par Ferdinando feraient l'affaire pour le remettre d'aplomb. Mais non, il continue un peu absent, malgré les soins appuyés de la vache Angela, qui lui a cédé sa chambre pour l'occasion (une chambre qu'elle avait choisie parce qu'elle avait bien aimé le papier peint représentant des scènes champêtres du dix-huitième siècle - ça lui faisait penser à La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, qu'elle avait lu un jour de désoeuvrement à la bibliothèque du Consulat de France de New Delhi (1), évidemment ils n'avaient pas osé la faire sortir parce que les vaches c'est sacré là-bas, il suffit de voir leur préposée à l'aide sociale pour les expatriés, un peu comme les cosmonautes indiens n'avaient pas osé faire sortir Angela de leur baquet dans lequel elle avait grimpé paresseusement pendant qu'ils étaient au petit coin avant leur départ, d'ailleurs c'est pour ça qu'elle avait aluni chez moi, ils me l'avaient laissée pour quelques années, le temps de trouver une planète de secours - pas fous les indiens... (Voir La vache et le prisonnier)
Mais je m'égare...
En voyant la (très) lointaine chair de sa chair dans cet état, son ancêtre Carla l'ancien (vous savez, le propriétaire de la Terre, qui l'avait déposée au clou de Yvonne Ma Tante, à la Mer de la Tranquillité, mais qui n'avait pas pu la reprendre parce qu'il avait perdu son portefeuille (Voir Le taulier !), proposa à son descendant faiblichon de recevoir les soins d'un rebouteux intergalactique de sa connaissance.
Carla le jeune, aventurier de nature et plein de confiance dans son ancêtre, accepta cette idée. Moi-même, j'étais assez curieux de voir ça, et puis ça peut toujours servir d'avoir un rebouteux intersidéral dans ses relations.
Ces aliènes, ils ont des moyens de transport incroyables !
On sait que Blingue-Blingue se passe langoureusement sa montre tape à l'oeil (vous savez, de celles qui sont prélevées à la source au sortir de restaurants chics près du fleuve, que le zouave en ria tellement qu'il faillit en lâcher sa pile - sa pile du pont, si vous n'aviez pas compris) sur son corps tout nu en écoutant dans sa version longue la chanson du Titanic chantée par l'autre stidulatrice hystérique, tout en criant (Blingue-Blingue, pas la stidulatrice, quoique...) sa destination (à tout va – ça n'est pas très discret – mais Blingue-Blingue ne brille pas vraiment par sa discrétion – c'est une drôle d'expression ça : briller par la discrétion), mais le rebouteux intergalactique faisait mieux encore :
son vaisseau spatial avait la forme d'une frégate de type Mistral pas terminée (si, si ! Je n'invente rien ! D'ailleurs, rien n'est inventé dans ce journal) (2), parce qu'il aimait collectionner les artefacts symboliques de toute la galaxie, et que celui-là (la Frégate de type Mistral pas terminée) était un des plus beaux symboles de la connerie, de la veulerie et de la lâcheté réunies. En tant que tel, évidemment, elle était en bonne place dans sa collec (depuis il y a le sous-marin, bien sûr - note du jardinier bineur de fraisiers).
D'ailleurs, nous expliqua le rebouteux intergalactique, la Terre lui avait fourni pas mal d'objets intéressants de sa collection : il y avait la pipette exhibée à l'ONU par un boute-feu de la Grande Puissance Nortuaire pour justifier la guerre (qui l'a avalée depuis - note du jardinier bineur de fraisiers), il y avait aussi une centrale nucléaire placée près de la mer dans un pays ravagé régulièrement par des tremblements de terre et des raz de marée, il y avait la semence stérile (appréciez l'oxymore), que les agriculteurs achètent et rachètent et rachètent et rach... (depuis on prononce le ch de rachète comme dans archétype), tous symboles pathologiques parmi des milliers d'autres qui faisaient le ravissement des collectionneurs de la galaxie (3). En fait, la Terre en elle-même était un furieux symbole de la décadence à des années-lumières à la ronde (il y avait aussi un dentier, je ne sais pas pourquoi, qui venait de l'ectoplasme mineur satellite et son dirigeable à scooter), ce qui me fit penser à la Petite Île Formidable des Caraïbes et à son système de santé publique et gratuit, le meilleur de la planète).
À la fin, sans doute pour nous remonter le moral, le rebouteux intersidéral sortit de sa poche revolver un oeillet et un petit poing fermé, 2 symboles – enfin ! - d'espoir ! (la vache Angela y vit aussi un 3ème : mais où ? où ?)
Et bien, figurez-vous que tout ça remit Carla le jeune d'aplomb. Vraiment fort, le rebouteux !
Et sitôt debout, notre camarade-syndicaliste vendeur de parapluies eut une incroyable idée : il emprunta à Yvonne Ma Tante un théâtre antique qu'Aristophane, un jour qu'il était fauché, avait mis au clou de la Mer de la Tranquillité (il paraît que c'était un fêtard, Aristophane - mais est-ce vrai ? Cette réputation peu envieuse ne serait-elle pas plutôt le fait d'un concurrent envieux de sa maestria ? J'aurais bien envie de le savoir, mais avant j'ai envie d'une tartine au camembert) et le plaça de manière à bien pouvoir observer la Terre et
SE MIT À VENDRE DES PLACES POUR LE SPECTACLE !
(c'est vrai que c'est une manière de trouver de l'argent pour les camarades, en plus du livre que vous pourrez peut-être acquérir un jour et que les bénefs seront reversés auxdits camarades – dont je fais partie - note discrète du camarade bineur de fraisiers - parenthèse publicitaire)
Bon, la suite, à demain.
(1) Si vous ne l'avez pas encore fait, bande d'analphabètes, lisez La Nouvelle Héloïse ! (là, je trouve que Lulu exagère un peu : traiter ses propres lecteurs d'analphabètes, n'est-ce pas rabaisser la qualité de sa prose charmante ? Et s'aliéner des admirateurs potentiels ? D'un autre côté, à propos d'aliénation, quand on apprend que le torchon d'un copain de l'aliène Blingue Blingue est premier des ventes sur l'ectoplasme mineur satellite, on peut se mettre en colère - Ah zut, j'ai dévoilé un personnage de la deuxième saison à venir de ce délicat journal intime - mais quand même il a raison, Lulu, La Nouvelle Héloïse est l'un des plus beaux romans de la littérature mondiale (bien qu'épistolaire - ce qui peut surprendre au départ), et certainement le PLUS BEAU ROMAN D'AMOUR de l'histoire de l'humanité. En conséquence, bande d'analphabètes, lisez La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau ! - note du jardinier bineur de fraisiers)
(2) Comme vous le savez, ravissants lecteurs, cet époustouflant journal et les péripéties que l'on y rencontre, ainsi que les dirige(ant)ables qui y sont scrupuleusement décrits (comme s'ils dirigeaient !), datent de quelques années. On ne peut pas dire que cela se soit arrangé depuis...
(3) Je suis sûr que vous en trouverez facilement d'autres...
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Les épisodes précédents : Cinquante-deuxième jour – l’infinie patience du mollusque Cinquante-et-unième jour KdKLQS ! KdKLQS ! KdKLQS ! Cinquantième jour – le retour de manivelle Quarante-neuvième jour – Le taulier ! Quarante-huitième jour – Merci qui ? Merci qui ? Quarante-septième jour – L’artichaut légal Quarante-sixième jour – Opération maquillage ? Quarante-cinquième jour - La Terre au clou ! Quarante-quatrième jour – L’entourloupe planétaire Quarante-troisième jour – Blingue-blingue, le retour Quarante-deuxième jour – le Depardieu d’Alpha du Centaure Quarante-et-unième jour – la nouille cathodique Quarantième jour – lui aussi ! lui aussi ! Trente-neuvième jour – tout ça pour du menu crottin Trente-huitième jour - tandis qu’on canonise Trente-septième jour - une soirée télé qui commence bien Trente-sixième jour - fermenter n’est pas jouer Trente-cinquième jour – J’ai fait un rêve… Trente-quatrième jour – réunion au sommet du sous-sol Trente-troisième jour – le retour de Fomka Trente-deuxième jour – réunion au sommet du cagibi Trente-et-unième jour - le bal des serpillières Trentième jour – la vache et le prisonnier Vingt-neuvième jour – l’escalade Vingt-huitième jour – ce ne sont que des pyongs ! Vingt-septième jour - la piste de la banane empaillée Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu’ils étaient ! Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune