Usbek & Rica - « Au travail, un temps-mort est un moment profondément vivant »
Effectivement, cette situation d’atomisation a aussi ses partisans. Certains cadres sont contents de profiter d’une négociation au cas par cas des salaires et des avantages, ils sont heureux d’accomplir leur tâche puis de retrouver leur vie de famille… Et puis, parce que la dimension collective avait déjà disparu des open spaces, la vie de bureau n’était pas plaisante, et le retour à la maison a été perçu comme un soulagement.
La question que ça soulève, dans le fond, c’est celle du confort. Les temps collectifs ne sont pas des temps confortables. Les accepter, c’est accepter d’être dérangé, de participer à des discussions critiques. Ces dernières peuvent être pénibles, dérangeantes ou ennuyeuses, parce qu’elles font naître une prise de conscience sur la situation de l’entreprise, des éventuels problèmes avec la hiérarchie. Alors parfois, on préfère manger devant son ordinateur et avancer.
Au-delà de la convivialité, il y a une dimension supplémentaire dans cette vie collective de bureau : la solidarité et les luttes. Pendant longtemps, l’usine, puis l’entreprise, ont été le lieu d’organisation de l’action sociale, des réflexions critiques et collectives sur les conditions de travail. C’est au sein de l’usine ou du bureau qu’on décidait de mener une grève, dans un élan collectif.
Signe des temps, la grève a reculé au profit des manifestations. Les Gilets Jaunes, c’était le samedi, preuve que l’entreprise a disparu de la crise sociale. Perdre ça, c’est perdre une dimension politique très importante, qui n’a pas que la lutte pour but, mais la formation de l’esprit citoyen. Quand on a une discussion critique avec des travailleurs, on forge sa réflexion citoyenne, et on participe à l’élaboration de la société. C’est l’un des modes d’agir qui permet d’avoir une prise sur le monde et d’être en relation avec son environnement.
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