#récit

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77ème jour : c'est trop tard, je les ai vus...

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la kombi (1) me dépose au pied de la favela sur le chemin de Barra, j’en prends une deuxième pour monter vers le haut de Vidigal où toute la famille m’attend pour déjeuner (et) au deuxième arrêt, comme promis la petite fille est au rendez-vous, elle me prend par la main et nous nous enfonçons dans les ruelles, « il ne faut pas regarder » murmure-t-elle, quoi ? C’est trop tard c’est déjà fait je les ai vus, j’ai vu le groupe d’adolescents qui surveillent les abords mitraillette à la main,

au loin la plage est une vaste prairie caressée par la brise qui danse entre les parasols bariolés elle les entraîne dans sa ronde joyeuse c’est d’abord imperceptible ce mouvement qui va s’accélérant la plage ondule et tangue bientôt sous la force de milliers d’hélices elle s’élèvera dans le vent solaire

elle s’en va,

(1) kombi : taxi collectif

Chaque matin, le grand peintre japonais Hokusai (1760-1849), dit-on, peignait un chat pour se mettre en train. À son exemple (dans une moindre mesure...), et à titre d'exercice, je rédige (ou corrige) et mets en ligne (presque) chaque jour une petite chronique de Rio de Janeiro, où j'habite depuis plus de 15 ans. Pour ensuite me plonger dans des travaux d'écriture en cours.

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Et à demain, pour une nouvelle chronique!

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76ème jour : dithyrambe (n.m.) : éloge marqué d'enthousiasme excessif

Voici un privilège qui m'enchante, un avantage propre à me donner des frissons (mais) j'en conviens, c'est un frisson de rat de bibliothèque, une vraie chair de poule bibliophile,

ici, c'est comme à la plage, on ne profite de l'endroit qu'en se débarrassant de (presque) tout au vestiaire et c'est alors qu'entrant dans le sanctuaire on pourra jouir de cette prérogative qu'à l'autre bout du monde les habitants de Macao n'ont pas besoin de nous envier, ils n'en ont pas besoin car, outre leur cathédrale en façade et son grand escalier que l'on grimpe jusqu'aux portails ouverts déjà sur le ciel, leur centre-ville baroque et leurs casinos flottants, ils possèdent une bibliothèque qui partage avec le Real Gabinete de Leitura de Rio de Janeiro l'honneur de recevoir un des quatorze exemplaires du Dépôt Légal portugais,

je l'ai dit, c'est un frisson d'intello, mais savoir que j'ai accès à tout ce qui est paru au Portugal depuis 1935 m'enchante, sans compter les merveilles plus anciennes des collections de cette bibliothèque fondée un siècle auparavant, et quand c'est au milieu de l'un des plus beaux cabinets de lecture au monde, c'est à couper le souffle,

voici la conclusion de ce dithyrambe : pour ceux qui ne comprennent pas le portugais, courez visiter le Real Gabinete de Leitura, vous ne serez pas déçus. Et pour ceux qui le comprennent (et/ou qui s'intéressent aux livres), tout a déjà été dit.

Le Real Gabinete de Leitura est situé dans le Centre-ville de Rio de Janeiro, Rua Camões, pouvait-il en être autrement ?

Pour avoir une idée de cette merveille, vous pouvez visiter le site:
http://www.realgabinete.com.br/portalWeb/

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74ème jour : directive en cas de forte affluence

Depuis le film Central do Brasil, de Walter Salles, et les voyageurs qui s'engouffrent par les fenêtres dans les trains de banlieue, ça n'a pas vraiment changé (même avec le Covid). Ah si ! On peut se connecter par wi-fi dans la gare – c'est formidable le progrès ! (mais on a le droit de mourir de faim, de maladie, de la cruauté et de la bétise des autres)

À tel point qu'il y a quelques années, un vengeur (déjà) masqué (et démasqué par les caméras de surveillance) avait collé partout ces affichettes :

ATTENTION

La Supervia informe

En cas de forte affluence,

vous devrez laisser les autres

voyageurs s'asseoir sur vos genoux.

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73ème jour : só Fidel

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Elle termine toutes ses phrases par "Só Jesus" (Seul Jésus), et chacun dans le magasin autour d'elle de renchérir :

"Só Jesus" parce que seul Jésus pourra empêcher une telle catastrophe ; je suis fatiguée de faire 2 heures de transport dans le train bondé malgré la pandémie ? "Só Jesus" ; de voir mon mari boire ? "Só Jesus" ; d'être à la caisse du supermarché 8 heures d'affilée ? "Só Jesus" ; de voir mon fils s'acoquiner avec des trafiquants ? "Só Jesus" ;

d'ailleurs, les hauts-parleurs passent en boucle un cd nouvellement sorti des (plus mauvais) meilleurs chanteurs sertanejos (1) sur le thème de Noël et, tant qu'à faire, sans référence à la vierge Marie bannie des temples évangélistes, ça fera plus de ventes,

alors je prends ma monnaie je souris je remercie je lui souhaite de bonnes fêtes

et je m'enfuis,

(1) genre de musique country devenue omniprésente, bien loin de la richesse musicale de la Bossa-Nova.

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72ème jour : aujourd'hui, rendons un vibrant hommage à Pauline Carton!

Je détourne la tête et la fausse mince fausse jeune fausse blonde passe lentement à mes côtés (vraie septuagénaire) sourire éternel et je pense à Pauline Carton (*)

(*) Qui déclara, paraît-il : « Quand j’étais jeune j’avais la peau lisse et des jupes plissées, aujourd’hui c’est l’inverse ».

(Santa - Nathalie Paysage, extrait)

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71 #brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

71ème jour : alors le ciel pourra exploser et la nouvelle année arriver

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Comme une vague un flot laiteux qui dévale lentement la montagne et sûrement, le morro le morne aux petits cubes superposés, de loin, favelas aux venelles encaissées sous la montagne verte assombrie par la nuit,

ils poussent doucement vers la mer l'ancienne année qui pâlit,

et la marée sans fin descend la montagne et rejoint l'asfalto (1) tous de blanc vêtus, des grands immeubles sortis et les lys embrassés, tout le monde, tous vêtus de blanc vers Copacabana, vers la grande plage mythique bientôt déchirée par les monstrueuses déflagrations, flashs, lumières, sons, sons et lumières, éruptions et floraisons d'enfer (mais) auparavant,

le flot descendu et tout de blanc vêtu aura trouvé le temps de quitter le grand trottoir bariolé s'enfoncer dans le sable bondé, les pieds dans l'eau, quelques pas, chacun posera sa brassée de grands lys blancs en offrande à la déesse du monde aquatique et mère de tous les Orixás les divinités de la nature,

Iemanja,

alors le ciel pourra exploser et la nouvelle année arriver (ou l'inverse, qui sait?), l'hommage aura été fait.

(1) asfalto : l'asphalte, ou les quartiers près de la mer, où réside la bourgeoisie, à l'opposé des morros, les mornes, collines ou montagnes où se trouvent les favelas, les quartiers pauvres.

PS : en réalité, l'hommage à Iemanja sur la plage de Copacabana se fait deux jours avant la fin de l'année. Mais le 31, un très grand nombre de personnes assistant au feu d'artifice déposent auparavant une gerbe de lys en offrande à la déesse de la mer.

Le feu d'artifice du Réveillon à Copacabana, qui rassemble deux millions de personnes, n'aura pas lieu cette année.

Article wikipedia sur Iemanja
https://fr.wikipedia.org/wiki/Iemanja

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70ème jour : la chasse au pantalon d'été de Noël

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nous on s'est offert des livres d'ailleurs on ne s'offre que des livres à Pâques à Noël à la Chandeleur aux anniversaires quand on éternue on s'offre un livre,

mais elle pour Noël elle voulait un pantalon, un joli pantalon beige presque en lin en toile légère pour l'été alors elle m'a donné sa taille dont elle n'était pas très sûre et je suis partie à la chasse au pantalon d'été de Noël,

j'ai été au Centre-ville car j'aime le Centre-ville je suis moins fan des magasins chics d'Ipanema ou du Leblon pourtant on y trouve des très jolies choses un peu plus chères c'est vrai parce que c'est plus chic mais là-bas on ne passe pas devant des sebos (1) paresseusement ventilés par de gros ventilateurs accrochés au plafond et remplis de moustiques (pourquoi y-a-t-il tant de moustiques dans les sebos ?) qui sait ? qui sait si entre deux pantalons je trouverai Robespierre de Romain Rolland que je cherche depuis si longtemps ? et puis je pourrais aussi acheter un bracelet ou des boucles d'oreilles au milieu des bijoux de pacotille étalés sur les tables pliantes et d'autres livres aussi à 1 real mais pas de fausses clés USB triomphalement brandies par des garçons souriants (et) un peu plus loin il offre dans sa carriole des churros (2) frits bien gras fourrés au chocolat mais je préférerais plutôt un sachet de pipoca (3) sans lait condensé por favor,

bientôt on s'enfonce dans les ruelles aux pavés disjoints dans ce désert (4) bondé où Ali Baba a posé sa caverne, les profonds magasins se succèdent dans les rues étroites on entre on sort on est très gentiment pris d'assaut par des vendeuses plus nombreuses que les clients mais je ne trouve pas je ne trouve pas le joli pantalon beige presque en lin ou bien je ne trouve pas la taille qu'il lui faudrait alors je m'enfonce plus encore entre les bonnets de Père Noël ou les montres à 10 reais et les piles de sacs à main étalés et maintenant je suis au milieu des bibles et des cd évangélistes qui vocifèrent dans les haut-parleurs, ici c'est un magasin d'articles de pêche à la ligne là des piles de baskets ailleurs des montagnes de téléphones portables ou des abîmes de perruques mais c'est un pantalon qu'elle veut pour Noël pas des chaussures ou téléphoner en cheveux alors je me rabats vers un grand magasin qui sait ?

celui là est tout en lin il est joli mais la commande est claire un pantalon de fibres mêlées j'obéis en voilà un ! mais il vient cousu d'une épouvantable ceinture orange aimera- t-elle ? mais je n'aime pas alors je décide que j'en trouverai un autre alors je sors et je rentre et je vogue dans les escalators entre les casseroles et les piscines montables la télé est en promo et les dvds aussi il y a même des packs de lait pas chers du tout hier il n'y en avait pas et demain tout sera dévalisé et ces bananes confites au chocolat ?

et en redescendant je le trouve le voilà : j'ai trouvé son joli pantalon d'été pour Noël alors Romain Rolland les bracelet les boucles d'oreilles les bonnets de Père Noël les montres à 10 reais les sacs à main étalés la pêche à la ligne les baskets de toutes les couleurs le téléphone portable la perruque les casseroles la piscine montable la télé les dvds en promo le pack de lait pas cher et les bananes confites au chocolat (mais pas les bibles et des cd évangélistes),

ce sera pour une autre fois.

(1) Sebo : librairie de livres d'occasion.
(2) Churro : beignet bien gras.
(3) Pipoca : pop-corn.
(4) Cet ensemble de rues commerçantes est appelé Saara.

PS : cette chronique n'est pas vraiment actuelle, c'est un mélange de souvenirs passés (bénis), car j'adore courir les petites rues du Centre-ville. Cette fin d'année est bien morne en comparaison...

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69 #brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

69ème jour : "Qui aime la chaleur est le diable aux enfers !"

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Il est une église fameuse à Ipanema, l'Église Nossa Senhora da Paz, sur la Place du même nom.

Dans les années 1950/1960, cette Église eut comme vicaire le polémique Frei Leovegildo Balestieri, qui y installa l'air-conditionné pour le confort de ses fidèles ("Qui aime la chaleur est le diable aux enfers !") Il créa aussi la messe du yéyé (pour accompagner la mode musicale), installa à côté de l'Église la Maison Nossa Senhora da Paz, qui dispensait des services médicaux et d'assistance sociale. En milieu de journée, les messes se succédaient de demi-heure en demi-heure, à tel point que les nouveaux arrivants se cognaient aux fidèles sortant de la communion. D'un autre côté, on était toujours sûr de trouver une messe, ce qui augmenta considérablement le nombre des paroissiens, ainsi que leur contribution au denier du culte. Une sorte de remake des trois messes basses d'Alphonse Daudet, mais pour une raison différente : le profit.

Laissant s'épanouir sa fibre d'entrepreneur, Frei Leovegildo monta une petite industrie de céramiques en banlieue, réussit à récupérer la gestion de la consigne de la (célèbre) Gare Central do Brasil et construisit le Center Hôtel au Centre-ville. En 1952, il avait inauguré le Cinéma Pax, et quelques années plus tard, ouvrit une patinoire (à Rio de Janeiro!) le Gelorama, un booling et un théâtre, teatro de arena, pour récolter de l'argent pour sa paroisse.

Les dents commencèrent à grincer franchement quand Frei Leovegildo projeta de détruire l'Église pour construire à la place un centre commercial, où une chapelle côtoierait boutiques et lanchonetes.

Ce projet ne vit pas le jour, suite à l'énorme campagne menée par le magazine Pasquim, pourtant repère fameux de bouffeurs de curés et d'alcoliques notoires, non sans talent par ailleurs.

Mais l'Église de Nossa Senhora da Paz, édifice-phare d'Ipanema et de la bohème carioca (le restaurant Garota de Ipanema, où Vinicius de Moraes et Antônio Carlos Jobim composèrent la chanson du même nom, n'est qu'à un pâté de maison),

c'était sacré.

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68 #brésil #rio_de_janeiro #littérature #chronique #récit #récit_de_voyage #roman #livre #écriture #lecture #flânerie

68ème jour : bientôt la fin d'année et la chaleur enfin qui vient

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bientôt la fin d'année et la chaleur enfin qui vient nous l'avons attendue longtemps, le cagnard au soleil au bord des kiosques attablés sur le grand trottoir la bière l'agua de coco sirotée dans la noix fracassée par la longue machette le long de la plage interdite puis réouverte puis interdite à nouveau peut-être dans le vent solaire qui raffraîchit nos corps alanguis d'un coup il disparaît avec le soleil qui descend alors elle tombe la voilà la chaleur etouffante du début de soirée elle en a mis du temps pour arriver la marque de l'été le Noël suffoqué chemisettes shorts et sandales, retardée peut-être par le ciel gris des poussières d'incendie de là-bas si loin l'Amazonie peut-être,

et puis plus loin vers le nord après Copa (1) après Botafogo Flamengo Catete après Gloria et le petit tramway de Santa Teresa qui traverse en souriant sur les arcs de Lapa voila les grands immeubles du Centre-ville et l'activité fébrile qui va bientôt s'abîmer dans le recesso (2) de la fin d'année,

irai-je cette année assister au stupéfiant spectacle des millions de confettis jetés au dernier jour par les fenêtres, c'est la tradition, des grands immeubles de bureaux et la foule des employés ce dernier après-midi travaillé (non-travaillé) de l'année à chaque coin de rue on les voit cravatés décravatés le cartable ou le sac à dos à leurs pieds ils sont agglutinés autour des bars improvisés des churrascos (3) les caisses remplies de glace et de bières et ils boivent et ils mangent les brochettes graisseuses (elles sont délicieuses) et ils parlent et ils rient et ils parlent et ils parlent et ils rient et les rues du Centre-ville ne sont qu'un gigantesque bar improvisé quand les confettis tombent du ciel comme la neige,

bientôt la fin d'année et la chaleur qui vient,

c'est l'été,

enfin.

(1) Qand on habite à Rio depuis longtemps, on prend des habitudes. Snobisme? Copacabana devient Copa, Santa Teresa, Santa...

(2) le recesso est l'arrêt des activités en fin d'année. On parle du recesso des tribunaux, des institutions, un peu moins des entreprises privées.

(3) churrasco: grillade.

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