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(Journal intime tombé du ciel dans mon jardin alors que je binais mes fraisiers. Après sa lecture - qui m'a bouleversé - je ne pouvais décemment garder cet émouvant témoignage pour moi. C'est pourquoi j'ai décidé aujourd'hui de vous révéler ce déchirant cri d'amour et de fraternité)
Vingt-sixième jour – Les torchons ne sont plus ce qu'ils étaient !
Le temps passait, la Lune et la Terre tournaient, et bientôt la face de la Lune où se trouvait la merveilleuse Commune Lunienne deviendrait visible aux télescopes inquisiteurs de la terre, ce qui serait une véritable catastrophe car nous ne pouvions pas dévoiler notre projet libératoire et partageux avant le Grand Soir (et pour le Grand Soir, on l'a vu, y'a encore du boulot).
Mais on avait beau tripoter la crémaillère et le système à double face, impossible de faire basculer le plateau pour afficher notre leurre (mais qui est en fait leur leurre à eux puisque notre leurre prend comme modèle un leurre de ville idéale pour eux avec lequel ils croient nous leurrer à toute heure - mais ça ne marche pas) et bientôt...
... la Commune Lunienne apparut (dans toute sa beauté) à la Terre et aux lunettes astronomiques (par le prix aussi car surfacturées comme tout matériel faisant l'objet d'appel d'offre chez ces gens-là) de ceux qui ne devaient surtout pas la voir. Nous avions quand même réussi, pour cacher un peu notre cité idéale (mais possible) à ouvrir quelques parapluies que Carla, notre camarade syndicaliste représentant en parapluies, avait encore dans sa besace.
Quand même, pas très rassurés, nous attendions la réaction qui ne manquerait pas d'arriver, sous toutes ses formes habituelles, de la révolution dite colorée à la destruction massive mais...
... elle n'arriva pas,
d'autres nouvelles arrivèrent de la Terre à sa place, qui mettaient les gouvernements terriens sur les dents :
LE PRÉSIDENT DE LA GRANDE PUISSANCE NORTUAIRE AVAIT DISPARU !
Ferdinando, Carla, notre camarade psychanalyste et moi-même nous mîmes à siffloter les mains dans les poches en regardant les étoiles...
D'incroyables rumeurs circulaient : on avait vu le président de la Grande Puissance Nortuaire à la Havane au grand sommet de la CELAC et qui essayait d'emprunter leur téléphone portable aux dirigeants présents, mais aucun ne voulait le lui prêter, on se demande encore pourquoi ; d'ailleurs dans tous les endroits où il fut signalé ensuite, comme dans les jardins présidentiels de La Paz, ou encore à Quito, ou à Taipei, on se méfia de son oreille rougie, sans doute signe de son habitude d'écouter aux portes ; puis il apparut en Espagne à Maridalena (1) où il tomba au milieu d'une réunion dans laquelle fut prise à l'unanimité la décision de s'emparer de terres agricoles voisines non-exploitées (une photo prise le montrait levant le bras au niveau de l'oreille), puis on le vit à Ramallah, l'air passablement hébété, dans une file pour obtenir un seau d'eau potable...
... et enfin l'incroyable dernière destination : il avait été repéré à Pyongyang à la table du petit gros potentat local aux cheveux en brosse (celui qui passe son temps à lancer des missiles qui, même s'ils retombent à 50 cm, font trembler tout le(ur) monde en ravissant le nôtre) où il tentait de repousser les avances des chiens chéris de son hôte en leur balançant tout ce qu'il avait dans son assiette !
Bref, sur la Terre, ils avaient d'autres chats à fouetter que d'apercevoir notre merveilleuse et partageuse Commune Lunienne. Finalement, notre blague de potaches avec le système de transport de l'aliène Blingue Blingue nous avait sauvés !
Et d'ailleurs, où étaient passés Blingue Blingue et la limace ?
La nouvelle tomba tandis que l'ombre retombait sur la Commune Lunienne et qu'elle repassait sur la face cachée de la Lune (ouf! sauvés!) :
on avait trouvé sous la table du Bureau Oblongue à Ouachintong un énergumène tout nu qui tentait de s'emparer de la montre d'une grosse limace qui se débattait mollement. L'agresseur avait été incarcéré pour attentat à la pudeur impériale et tentative de vol, et on avait mis dehors la limace et le responsable du nettoyage qui avait laissé rentrer ce baveux dans le Bureau Oblongue.
La limace avait tout ce qui lui fallait pour un article de référence pour son Nouvel Hebdomadaire de Référence...
Bon, la suite, à demain.
(1) ceux d'entre vous qui ne connaissent pas l'expérience du village autogéré de Maridalena en Andalousie peuvent se renseigner ICI.
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Les épisodes précédents : Vingt-cinquième jour – Que faire ? Vingt-quatrième jour - mais faites-la taire ! Vingt-troisième jour - Washington ! Vingt-deuxième jour – ne suivez pas le guide ! Ving-et-unièmejour - ils arrivent ! Vingtième jour – les visiteurs sonnent toujours deux fois Dix-neuvième jour – deux frères et une mission Dix-huitième jour – la face cachée de la Terre sur la Lune Dix-septième jour – la Terre au bout du tunnel Seizième jour – L’Énéide sur la Lune Quinzième jour – le jugement dernier de la ciboulette Quatorzième jour – sauvés par un mauvais titre ! Treizième jour – l’espion qui venait du surgelé Douzième jour – La grande évasion Onzième jour – un troc en échange de la paix Dixième jour – où Ferdinand révèle sa véritable identité Neuvième jour – catastrophe ! Huitième jour – où la limace saute de joie Septième jour – interview-réalité Sixième jour - Le Comte de Monte Cristo Cinquième jour - une idée formidable ! Quatrième jour - description mon pied-à-terre lunaire Troisième jour - les raisons de mon «expatriation» Deuxième jour - description de «l’élastique» Premier jour - Mon arrivée sur la lune