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Jean et Louis, une paire de vieux amis inseĢparables. Deux retraiteĢs qui nāauraient laisseĢ passer aĢ aucun prix une journeĢe sans eĢtablir un contact. Visites reĢciproques, appels teĢleĢphoniques, apeĢros partageĢs en terrasse, toutes occasions de mixer leurs passions reĢciproques.
Jean avait passeĢ sa vie sur le bord des circuits de Grands Prix moto, en tant que meĢcanicien-preĢparateur. Il trouvait en Louis un autre passionneĢ de deux roues puisque ce dernier collectionnait les motos anciennes et circulait, le plus souvent possible, sur lāune de ses montures.
Louis, quand aĢ lui, avait exerceĢ en tant que guitariste-accompagnateur. Jean ne se lassait jamais dāentendre les anecdotes qui illustraient lāhistoire du rockānāroll francĢ§ais, version Louis.
Les visites au domicile de lāun ou de lāautre donnaient reĢgulieĢrement lieu aĢ de mini-brouilles.
Jean reprochait aĢ son ami le "foutoir" qui reĢgnait chez lui, un modeste deux-pieĢces envahi dāinstruments de toutes tailles, de toutes sortes, dāamplis, de machines diverses et de caĢbles dans lesquels il emmeĢlait reĢgulieĢrement ses eĢpaisses bottes de motard.
Louis raĢlait lorsquāil se rendait chez Jean, indisposeĢ par les eĢmanations dāhydrocarbures, lāomnipreĢsence du cambouis, lāenvahissement de lāespace vital par les outils de meĢcanique, les composants de moteurs deĢmonteĢs et la propension de tout ce bazar aĢ vous tamponner les veĢtements de traiĢneĢes noires et grasses.
DeĢs le deuxieĢme verre, les faĢcheries se calmaient pour laisser aĢ nouveau place aux eĢchanges de souvenirs, tous plus flamboyants les uns que les autres.
AĢ 80 ans passeĢs, les deux amis eĢtaient demeureĢs ceĢlibataires, leurs passions deĢvorantes nāayant consenti aucune place aĢ la romance, et leurs quelques tentatives de partager leurs espaces exclusifs, sans compromis, avec une compagne sāeĢtant soldeĢes par de bruyantes sceĢnes suivies de claquages de portes sans retours.
Sans beaucoup de regrets, māavaient-ils confesseĢ, lāun comme lāautre, lors dāune soireĢe nonchalante aĢ la terrasse dāune guinguette de bord de mer.
Est-ce donc laĢ le prix aĢ payer pour vivre pleinement sa passion ?
Je vous laisse en deĢcider...