Le « messianisme électrique » dans lequel nous évoluons reprend l’adage lampedusien, en nous promettant de tout changer sans que rien ne change dans l’ordre établi.
Ce modèle de délocalisation des effets nocifs, inscrit si profondément dans notre mode de vie, nous empêche de voir que bien des vertus électriques relèvent à la catégorie « fake news ».
l’électro-numérique, univers de l’artifice, rend en effet le pouvoir incontestable. En apparence tout propre, rationnel parce qu’ordonné par les algorithmes, il étend sa toile autour du monde, s’adaptant à chaque culture.
Ne serait-il pas temps de s’interroger sur les causes profondes de cette offre constante, sinon délirante, d’objets automates, connectés ou non, affublés souvent d’une intelligence artificielle qui nous rend idiots, tandis que le potentiel d’immondices devient chaque jour un peu plus inquiétant.
Cette trajectoire qui dépouille l’être pensant de sa faculté de choisir son destin, s’appuie sur ce « modèle Edison » et ces macro-systèmes techniques qui recouvrent la planète. Nous sommes invités à croire au Père Noël nouvelle vague : une énergie propre.
Quand allons-nous comprendre l’énormité de ce mensonge ? La faute originelle ne repose évidemment pas sur la découverte et l’usage premier de l’électricité, mais sur la manière dont elle se transforme en instrument d’un pouvoir qui se croit hors de toutes limites… divin.
Cette manière de penser l’avenir nous fait craindre le pire, car ce traitement brutal du phénomène originel aboutit à un constat général : sous prétexte que la technoscience va guérir l’humanité de la pollution et du dérèglement climatique qui sont en train de la submerger, la transition devient l’occasion d’entamer un processus autonome par rapport au social, dont les seuls garants sont précisément ceux qui sont à l’origine du mal.