#intégrité

tina@diaspora.psyco.fr

Henrietta Lacks, l’Afro-Américaine dont les cellules immortelles ont révolutionné la recherche.

C’est l’histoire d’une femme afro-américaine devenue immortelle… grâce à ses cellules hors du commun. Cette femme s’appellait Henrietta Lacks, décédée à 31 ans des suites d’un cancer du col de l’utérus, à l’hôpital Johns Hopkins à Baltimore, en 1951.

Des cellules de sa tumeur ont alors été prélevées sans son consentement pendant son hospitalisation, et utilisées pour des recherches en biologie moléculaire. À l'hôpital, travaille George Gey, biologiste spécialisé dans l’étude des cellules malignes, qui va découvrir les qualités exceptionnelles des cellules "HeLa" – le nom qui a été écrit sur le tube d’échantillon pour Henrietta Lacks.
Gey remarque que les cellules cancéreuses de Henrietta doublent en 24 h et se divisent indéfiniment, contrairement aux cellules classiques qu’il étudie et qui, elles, se multiplient plus lentement et meurent généralement en quelques jours.
"Les lignées cellulaires HeLa sont perpétuelles, éternelles, résistantes à la mort, ou tout autre mot que vous voulez utiliser pour décrire l'immortalité".

Ces qualités extraordinaires ont permis de multiples avancées médicales ces dernières décennies sur des vaccins contre la poliomyélite ou le papillomavirus humain, sur des traitements contre le cancer ou encore sur la fécondation in vitro.
Des médicaments contre le VIH, l’hémophilie, la leucémie et la maladie de Parkinson ont aussi été développés à partir de recherches sur les cellules HeLa.

Mais ironie du sort, jusqu’aux années 1970 la famille de Henrietta Lacks n’a rien su de tous ces progrès. "Cela fait 70 ans qu'ils utilisent ses cellules, et la famille Lacks n'a rien reçu en contrepartie de ce vol", avait dénoncé en 2021 la petite-fille de Henrietta, Kimberly Lacks. Les cellules HeLa – quelque 11 000 brevets ont été déposés en leur nom – ont été utilisées pendant des décennies par une industrie médicale qui se chiffre en milliards de dollars.

#santé #biologie #biologie-moléculaire #recherche #recherche-fondamentale #consentement #intégrité

gabril@diaspora.psyco.fr

#féminisme #viol #Hulot #journalisme #intégrité #sexisme #misogynie #patriarcat

https://revueladeferlante.fr/pourquoi-la-deferlante-a-refuse-de-participer-aux-assises-du-journalisme/

POURQUOI LA DÉFERLANTE A REFUSÉ DE PARTICIPER AUX ASSISES DU JOURNALISME
par Marie Barbier, Lucie Geffroy, Emmanuelle Josse et Marion Pillas, corédactrices en chef de La Déferlante

Chères toutes,
chers tous,
Nous devions participer, mercredi 29 septembre, à une table ronde aux Assises du journalisme de Tours. Mais la présence de Nicolas Hulot, invité de la manifestation, nous en a finalement dissuadées. Voici nos explications.

Au début de l’été, nous avions dit oui. Oui pour participer, en tant que nouveau média, à une table ronde intitulée « Ils [sic] se sont lancés cette année », aux 14e Assises du journalisme qui se tiendraient fin septembre à Tours. Rendez-vous avait été pris et puis nous avions laissé ça de côté, occupées à boucler le 3e numéro de La Déferlante puis à accompagner sa sortie en librairie. Nous n’avions donc pas pris connaissance – erreur de débutantes, on ne nous y reprendra plus – de la liste des autres invité·es. Le 23 septembre, le collectif féministe Ni Una Menos nous interpelle sur Twitter : « Problème : Marie Barbier participe aux Assises du journalisme qui offrent à Nicolas Hulot et à sa fondation une consécration journalistique. Où se place le curseur du compromis ? »

L'AFFAIRE HULOT EST RÉVÉLATRICE D'UN FIASCO JOURNALISTIQUE

Pour comprendre de quel « compromis » parlent ces militantes, il convient de rappeler les faits reprochés à Nicolas Hulot. Le 11 juillet 2008, une femme porte plainte pour viol contre celui qui est alors producteur et présentateur de l’émission Ushuaïa. Les faits se seraient produits à l’été 1997, alors qu’elle est en stage à l’agence de photographes Sipa Press.
Dans son livre Les Amateurs, qui vient de paraître chez Flammarion, le journaliste Jean-Michel Apathie retranscrit le témoignage de Bérangère Bonte, autrice d’une biographie de Nicolas Hulot, Sain Nicolas (2010), livré lors du Live magazine de mars 2018: « Nicolas Hulot voit la photo de la petite-fille de François Mitterrand, il appelle Sipa [Göksin Sipahioglu, fondateur de l’agence Sipa Press, décédé en 2011] et il lui dit : tu me l’envoies. C’est Nicolas Hulot qui l’a choisie. Elle, elle ne veut pas y aller. Elle veut être accompagnée. Ce que Sipa dit à Hulot, mais Hulot lui dit : “Non, non, elle vient toute seule.” Et Sipa conclut : “Elle est partie une semaine chez lui.” »
La prise de parole de Nicolas Hulot aux Assises du journalisme interrompue par un groupe de militant·es féministes. Crédit Photo: NnoMan.
Contrairement à ce que Nicolas Hulot a affirmé sur la scène des Assises mercredi soir, l’affaire n’a pas été « jugée » par la justice. La plainte, déposée en 2008, soit onze ans après les faits, a été classée sans suite. Les faits étaient alors prescrits, ce qui ne serait pas le cas aujourd’hui puisque le délai de prescription des crimes sexuels a été allongé à trente ans en 2018.

Une fois informées que Nicolas Hulot interviendrait dans le cadre de ces Assises, il nous fallait faire un choix. Maintenir notre participation et lire un texte au début de notre table ronde pour protester contre sa présence ? Refuser catégoriquement d’y mettre les pieds pour marquer notre désaccord profond ? Nous avons opté pour cette deuxième option en espérant qu’elle permettrait d’ouvrir un débat sur la question, et écrit à Jérôme Bouvier, président des Assises pour l’en informer.

Pour nous – et comme nous l’avons expliqué sur Twitter, la présence de Nicolas Hulot à un tel événement pose deux problèmes de taille.

Nicolas Hulot était invité aux Assises pour évoquer la « responsabilité journalistique » face à l’urgence climatique et sanitaire. Pourtant, l’affaire Hulot est elle-même révélatrice d’un fiasco journalistique qu’il aurait été fort intéressant d’interroger au sein même de cette manifestation. Il y a d’abord cette enquête mal ficelée publiée dans feu le magazine Ebdo et placée depuis au rang des ratés journalistiques ; puis ce que Jean-Michel Aphatie nomme « une absence de curiosité [des médias] rare, exceptionnelle ». En réalité, plusieurs rédactions ont depuis entrepris d’enquêter sur cette affaire sans parvenir à sortir d’article. Tout ceci montre bien à quel point l’investigation est complexe lorsqu’elle concerne les violences sexuelles. Ces enquêtes coûtent cher, prennent du temps et font fuir les potentiels investisseurs. Ebdo en a d’ailleurs fait les frais…

LA PRÉSENCE DE NICOLAS HULOT DISCRÉDITE LA PAROLE DES VICTIMES

Second problème : la présence de Nicolas Hulot dans ces Assises contribue selon nous à discréditer la parole des victimes de violences sexuelles. Imaginons un instant que l’ancien ministre ait été suspecté d’un autre crime – meurtre ou torture par exemple – le fait qu’il ait bénéficié d’un non-lieu pour prescription suffirait-il à maintenir son invitation dans une manifestation prestigieuse comme les Assises du journalisme ? Certainement pas. Et cela démontre le peu de cas qui est fait des crimes sexuels en France.

Mercredi soir, des militantes féministes ont interrompu la conférence à laquelle participait Nicolas Hulot aux cris de « Ras-le-viol » et « climat de révolte ». « Je demande à ceux qui ont juste pour objet d’empêcher le débat de ce soir d’avoir un peu de respect pour le sujet dont on parle qui, je crois, mérite qu’on dépasse les combats que chacun peut mener, à juste titre ou pas », leur a répondu le président des Assises Jérôme Bouvier. Nous pensons au contraire que la lutte contre les violences sexuelles est une urgence absolue au même titre que l’est la protection du climat.

Chaque jour, selon le rapport « Insécurité et délinquance en 2020 » du ministère de l’Intérieur, plus de 60 femmes sont violées en France. Dans un pays où la police et la justice sont régulièrement accusées de défaillances dans la prise en charge des victimes de crimes sexuels, où seuls 1% des violeurs sont condamnés en cour d’assises, il nous paraît important d’interroger le fonctionnement de ces institutions. C’est ce que nous tentons de faire dans les pages de La Déferlante.
En Espagne : les violences de genre devant la justice

Pour La Déferlante, la journaliste Sophie Boutboul s’est rendue à Malaga, en Espagne, afin de réaliser un reportage dans un tribunal spécialisé dans les violences de genre. Sur les 3500 tribunaux que compte le pays, 106 sont entièrement consacrés au traitement des affaires pénales et civiles de violences subies par les femmes dans le couple. Les magistrat·es qui y travaillent ont reçu préalablement une formation spécifique. Avec une législation parmi les plus protectrices d’Europe, l’Espagne fait figure de modèle dans la lutte contre les violences sexistes : depuis 2004, le nombre de féminicides y a chuté de 25 %. Mais les juges espagnol·es réclament des moyens supplémentaires et les associations et femmes concernées souhaitent que la loi aille plus loin.

0,0015%

Alors qu'en France, le nécessaire respect de la présomption d'innocence a souvent pour corollaire une déconsidération de la parole des victimes, les chiffres issus des parquets généraux espagnols sont éloquents : sur un total de presque 129292 plaintes pour violences de genre au sein du couple, moins de deux d'entre elles - soit 0,0015 % - relèvent de fausses dénonciations.

⟶ Ce reportage et ces chiffres sont à retrouver dans le numéro 3 de La Déferlante, en vente sur notre site. https://revueladeferlante.fr/boutique/