La force intranquille
Quand j'étais au collège, il y avait un grand qui terrorisait tout le monde. Il était belliqueux, froid, violent, il faisait régner la terreur. Tout le monde avait peur de lui.
Un matin, le silence fut déchiré par un long cri strident provenant du couloir. Nous nous sommes précipités et nous l'avons vu, lui, le grand, juché sur un banc, terrorisé par une petite araignée qui courait sur le sol. Tout le monde s'esclaffa. Plus jamais nous n'avons eu peur de lui.
Depuis de nombreux siècles, les dominants imposent leurs lois, réduisent en esclavage, pillent, tuent, mutilent, ou condamnent à la précarité des milliers d'individus. Ils sont agressifs, intraitables, mécaniques.
Mais il arrive que, parfois, on les entende crier. Notamment lorsqu'ils tombent nez à nez avec leur phobie. Montrez-leur un point médian, un voile, une taxation des dividendes, une PMA, une retraite à 60 ans, une gauche à plus de 20%, et voyez à quel point ils sont fragiles, à quel point ils paniquent, à quel point ils ne font plus peur du tout. Regardez les unes du Figaro, de Valeurs Actuelles, les émissions de LCI, et contemplez leurs angoisses, leurs névroses, leurs failles.
Regardez-les s'équiper en Flash-Ball et en grenades, se planquer derrière de plus en plus de CRS, de portes blindées, de bunkers, restreindre la liberté de la presse, chouiner à chaque fois qu'on revendique l'égalité, montrer les dents dès qu'on touche à leurs privilèges. Regardez-les, riez d'eux, ne vous laissez plus impressionner.
La violence est l'arme des faibles.
L'agressivité celle des peureux.
Avant qu'il ne soit trop tard, n'oubliez pas que nous sommes toutes et tous des petites araignées et qu'il ne tient qu'à nous de tisser, si ce n'est des toiles, au moins des liens.
Vu la tronche des médias actuels, ils font dans leurs frocs, ce serait dommage de ne pas en profiter.
La NUPES ne réglera pas tout, mais c'est toujours mieux qu'un #Macron tout puissant.